L’inégalité : Juste, morale, désirable [TNT 4]

“Que la liberté politique puisse, dans ses excès, compromettre la tranquillité, le patrimoine, la vie des particuliers, on ne rencontre point d’hommes si bornés et si légers qui ne le découvrent. Il n’y a, au contraire, que les gens attentifs et clairvoyants qui aperçoivent les périls dont l’égalité nous menace, et d’ordinaire ils évitent de les signaler.”

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

“Ce que le Communiste veut mettre en commun, ce n’est pas le don gratuit de Dieu, c’est l’effort humain, c’est le service. Il veut que chacun porte à la masse le fruit de son travail, et il charge ensuite l’autorité de faire de cette masse une répartition équitable.

Or, de deux choses l’une : ou cette répartition se fera proportionnellement aux mises, ou elle sera assise sur une autre base. Dans le premier cas, le communisme aspire à réaliser, quant au résultat, l’ordre actuel, se bornant à substituer l’arbitraire d’un seul à la liberté de tous.


Dans le second cas, quelle sera la base de la répartition ? Le Communisme répond : L’égalité. – Quoi ! l’égalité sans avoir égard à la différence des peines ! On aura part égale, qu’on ait travaillé six heures ou douze, machinalement ou avec intelligence ! – Mais c’est de toutes les inégalités la plus choquante”

Frédéric Bastiat, Harmonies économiques

“Contrairement aux croyances « libérales » (c.-à-d. social-démocrates) largement répandues, il n’y a rien d’éthiquement mauvais à l’inégalité”

Hans Hermann Hoppe, Démocratie : Le Dieu qui a échoué

Observez, je vous prie, que c’est entre des êtres de condition inégale que parait toujours se constituer la société primitive. Rousseau croyait que cette inégalité résultait des civilisations.

C’est tout le contraire ! La société. la civilisation est née de l’inégalité.

Charles Maurras, Mes idées politiques

On a rejeté l’idée holistique du tout et de l’unité au nom de l’individu libéral. Nietzsche n’est pas réellement individualiste au sens des libéraux. Il ne croit pas que chaque individu doit être libre de s’épanouir. Mais il croit néanmoins que le but d’une foule est de faire émerger un individu hors normes. Cet individu est alors légitime à user de la masse à son gré. Cependant il va refuser de voir l’unité collective que forme cet individu avec la masse. Au contraire, des libéraux comme Bastiat se montreront entièrement capables de cerner la différence de degré mais non de nature entre un homme et la communauté qu’il forme avec les autres hommes, démontrant ainsi que le libéralisme peut s’arranger avec un certain holisme.

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“L’échange produit à cet égard une illusion dont ne savent pas se préserver les esprits de la meilleure trempe, et j’affirme que l’économie politique aura atteint son but et rempli sa mission quand elle aura définitivement démontré ceci : Ce qui est vrai de l’homme est vrai de la société. L’homme isolé est à la fois producteur et consommateur, inventeur et entrepreneur, capitaliste et ouvrier ; tous les phénomènes économiques s’accomplissent en lui, et il est comme un résumé de la société. De même l’humanité, vue dans son ensemble, est un homme immense, collectif, multiple, auquel s’appliquent exactement les vérités observées sur l’individualité même.”

Frédéric Bastiat, Harmonies économiques

Mais alors pourquoi diable ce même Bastiat, que j’estime brillant par bien des aspects, se montrera incapable de rejeter l’idée même d’égalité et se contentera-t-il de relever que Rousseau la place de façon erronée au début quand elle devrait au contraire constituer une fin désirable ? L’égalité finale, c’est l’entropie, la mort.

“Mais à supposer que cet état antisocial dit état de nature ait jamais existé, je me demande par quelle série d’idées Rousseau et ses adeptes sont arrivés à y placer l’égalité ? Nous verrons plus tard qu’elle est, comme la richesse, comme la liberté, comme la fraternité, comme l’unité, une fin et non un point de départ. Elle surgit du développement naturel et régulier des sociétés. L’humanité ne s’en éloigne pas, elle y tend. C’est plus consolant et plus vrai.”

Frédéric Bastiat, Harmonies économiques

C’est pourtant dans l’existence de ce cette unité que l’inégalité se trouve justifiée. J’aimerais alors apporter ma touche personnelle pour compléter l’article de Dr. Manhattan mettant en avant pourquoi l’égalité est immorale, injuste et indésirable. Je vais même aller encore plus loin et démontrer que l’égalité se confond avec le chaos et la mort et n’est donc clairement pas une chose souhaitable.

J’aimerais rendre hommage, et ce n’est pas banal, à un rédacteur de blog sur Mediapart répondant au nom de Maxime Nechtschein qui est un ex chercheur en physique au CNRS. L’article suivant s’inspirera de quelques uns de ses billets que je vous invite à consulter. Je suis en complète adéquation avec sa façon de présenter ce qui est relatif à la thermodynamique. Notre point de divergence, et c’est pourquoi il publie sur Mediapart, est qu’il souhaite s’opposer à ces tendances naturelles quand moi j’estime logiquement qu’il faut les accepter. Pourquoi fait-il cela ? Car il pense que, selon la fameuse antienne décroissante, “Il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini”. Et alors quoi ? On arrête le progrès et on survie jusqu’à ce que la Terre soit percutée par un astéroïde ? Je crois pour ma part que la première limite est notre connaissance. Pour quelqu’un qui ne sait pas faire un moteur à explosion, du pétrole est un simple fluide visqueux. Il n’a pas atteint la limite physique, ce sont ses connaissances qui le limitent. Il en est de même pour nous. Je crois que notre salut passe par l’augmentation de l’intelligence et donc l’accélération plutôt que la décélération. Le risque de ne pas obtenir les connaissances nécessaires est réel et auquel cas on s’effondrera mais pourquoi ne pas même vouloir essayer ? Bref, entrons dans le vif du sujet.

Dans son article Réflexions sur les sociétés humaines, une approche thermodynamique, Maxime Netchtschein met en avant pourquoi les sociétés humaines ont été et sont inégalitaires. Elles sont stratifiées, hiérarchisées, avec des riches et des pauvres, des dominants et des dominés, des maitres et des esclaves…Pourquoi ces différentiations ? Je ne vais pas aborder la question d’un point de vue économique ou génétique et vous expliquer comment des individus possèdent de meilleurs compétences. Je vais aller au fondement et expliquer pourquoi ces différences doivent nécessairement exister selon les lois de la physique.

Le second principe de la thermodynamique nous dit qu’un système isolé évolue vers l’état le plus probable, l’état d’entropie maximum. Un état d’homogénéité maximale ou chaque chose en vaut une autre. Imaginez que vous mettiez deux gaz différents dans une boite, séparés par une plaque en bois et que vous retiriez la plaque. Les deux gaz se mélangent, ils ne font plus qu’un et il est maintenant impossible de les séparer. L’entropie maximale est atteinte, tout est égale partout.

Mais alors, pourquoi les sociétés humaines ne convergent pas naturellement vers cet état d’égalité et de mélange maximal ? Parce que les sociétés ne sont pas des systèmes isolés. Bien au contraire, elles sont des systèmes thermodynamiques ouverts qu’on appelle, d’après les travaux de Prigogine, des structures dissipatives. Cela signifie qu’elles vont maximiser le flux d’énergie qui les traverse afin de maintenir leur homéostasie et s’éloigner de ce point d’entropie maximum. Alors que les probabilités voudraient que tout système tendent vers cet état d’égalité maximale, elles constituent au contraire une improbabilité qui se maintient dans le temps, à l’image de la vie. Tout système nécessite une différentiation, une individuation de ses composantes pour fonctionner. Il faut une différence de température pour qu’un cycle de Carnot fonctionne et fournisse du travail. Il faut une différence de potentiel pour qu’un courant circule. Il faut une différence de hauteur pour qu’une cascade fasse tourner une turbine. De la même façon, pour se maintenir dans le temps, les sociétés humaines ont besoin d’individuation, de différentiation et donc de hiérarchie.

Elles répondent ainsi à un principe observable dans l’Univers qui est également à l’origine des constructions des galaxies comme le souligne Brian Greene dans Jusqu’à la fin des temps.

« Il y a quelques 13,8 milliards d’années, au sein d’une région en expansion violente, le champ appelé inflation qui baignait l’espace se désintégra pour remplir ce même espace d’une soupe de particules. C’est alors que commença la synthèse des premiers noyaux atomiques. Là où l’incertitude quantique avait rendu la densité de cette soupe légèrement plus élevée, l’attraction gravitationnelle était légèrement plus intense, ce qui incita les particules à s’agglomérer pour former des grumeaux toujours plus gros : des étoiles, des planètes et toutes sortes de corps célestes. Grâce à la fusion au sein des étoiles, ainsi qu’à de rares mais puissantes collisions stellaires, les noyaux atomiques légers s’amalgamèrent en noyaux plus lourds, et ensemencèrent l’univers de nouveaux éléments. Des espèces chimiques constituées de ces nouveaux éléments, sur au moins une planète en cours de formation, furent ensuite cornaquées par le darwinisme moléculaire, et formèrent des arrangements capables de s’autorépliquer. Les variations aléatoires qui amélioraient la compétitivité de ces molécules se répandirent. Parmi ces variations se trouvaient des processus moléculaires capables d’extraire, de stocker et de répartir l’information et l’énergie – des fonctions essentielles de la vie. Avec le temps ces processus, sous la houlette de l’évolution, devinrent de plus en plus complexes. Enfin apparurent les êtres vivants autonomes

Brian Greene, Jusqu’à la fin des temps

L’attraction gravitationnelle a été le moteur de réductions locales de l’entropie dans l’univers. La raison pour laquelle les sociétés humaines ne tendent pas vers l’égalité est la même qui voit l’apparition des galaxies, des étoiles, les planètes et elle réside dans la réduction d’entropie locale. »

Maxime Netchtschein

De façon plus granulaire, Maxime Netchtschein mettra en avant dans son article Inégalités, développement économique et décroissance le processus qui voit l’accumulation des richesses se répartir entre quelques têtes de pipes. Alors que dans les sociétés primitives de chasseurs-cueilleurs, on avait tendance à travailler juste assez pour survivre, l’apparition de l’agriculture au néolithique marque le début des stocks, de la division du travail et donc de la civilisation. Ne croyez pas que les chasseurs-cueilleurs étaient de doux égalitaristes. La hiérarchie existait déjà. Mais qui dit division du travail dit nécessairement diversification des rôles dans la société et organisation de ces rôles via des corps de métiers. tout cela repose sur le génie humain. Il a fallu qu’un ou des individus d’intelligence supérieure aient conceptualisé ces organisations dans un premier temps avant de les mettre en place. On retrouve ici ce que j’ai mis en avant dans ma série d’articles : à un degré d’abstraction suffisant, on peut définir l’intelligence comme la construction d’information, donc l’augmentation de l’ordre et la réduction d’entropie.

Phénomène marrant que Maxime Nechtschein pointe du doigt qui est un trait typique des structures dissipatives, les humains, par l’agriculture, vont augmenter l’ordre, donc la néguentropie, en cultivant des champs bien ordonnés avant d’augmenter l’entropie par la consommation. Et les structures dissipatives ne sont rien d’autre que cela, elles réduisent leur entropie locale afin d’augmenter l’entropie générale.

De la capacité de stocker, né le capitalisme et voit l’accroissement des inégalités par divers processus. Le premier est l’innovation qui permet d’avoir une longueur d’avance sur l’accaparement des richesses. L’héritage va jouer un rôle clef aussi en concentrant les richesses de génération en génération mais plus important encore, il est possible que plus il y a d’inégalité et plus le flux économique généré soit conséquent. Autrement dit, si les inégalités augmentent, le niveau de vie de chacun n’en augmente pas moins pour autant.

En analysant l’histoire des inégalités « de l’âge de pierre au XXI ème siècle » Walter Scheidel n’a pu observer de réduction des inégalités que lors de quatre types d’épisodes cataclysmiques, qu’il nomme « les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse » : Guerre de masse, Révolution violente, Effondrement de l’Etat, Pandémie majeure.

Mais est-ce que ces catastrophes constituent une régulation naturelle des inégalités qui ne sont pas souhaitables ? Pour ce qui est des révolutions, dans l’histoire récente, on note que les régimes ayant forcé la réduction des patrimoines et l’égalisation des revenus ont tous conduits à la pénurie. Que ce soit l’épisode bolchévique ou la période révolutionnaire chinoise, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. La Révolution Française est différente, et les marxistes aiment à le rappeler, elle est une révolution bourgeoise qui au contraire a libéré les forces de production industrielles et les inégalités. L’égalité en droit ne visait aucunement une égale répartition des bien et revenus mais simplement à retirer les privilèges des nobles pour libérer les forces productrices bourgeoises.

“Il arrive pourtant parfois que cette même vie qui a besoin de l’oubli exige la destruction momentanée de cet oubli. Il s’agit alors de se rendre compte combien injuste est l’existence d’une chose, par exemple d’un privilège, d’une caste, d’une dynastie, de se rendre compte à quel point cette chose mérite de disparaître”

Nietzsche, Seconde considération inactuelle (1874)

Walter Scheidel nous renseigne que « des milliers d’années d’Histoire se réduisent à cette simple vérité : depuis l’aube de la civilisation, les progrès constants en matière de capacités économiques et d’édification des Etats ont favorisé la croissance des inégalités mais n’ont rien fait, ou presque, pour les contrôler. …Il est très difficile d’identifier des baisses d’inégalités qui n’aient pas été associées, d’une manière ou d’une autre, à des chocs violents. ». Il y a plus à parier alors, mais ce n’est que mon avis, que les guerres de masses et les effondrements sont arrivés lorsque, faute de connaissances, nous ne sommes plus parvenus à trouver des sources d’énergie à dissiper ou sous la violence d’agitateurs égalitaristes au détriment de tous.

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Il faut voir une société humaine régit par un système cybernétique fait de boucles positives accélératrices et de boucles négatives de rétroaction. Les égalitaristes sont une boucle négative. Toutes les boucles négatives ne sont pas mauvaises. Elles sont même essentielles au système car elles vont venir le stabiliser. Il y a une différence fondamentale entre un écologiste qui dit “Attention, il faut trouver une solution car notre manière de faire les choses à l’heure actuelle émet trop de CO2” et un égalitariste qui va chercher à enrayer le système et le conduire vers l’entropie. Car de façon générale, l’inégalité concentre les richesses dans les mains des gens les plus intelligents, les plus capables d’augmenter la néguentropie du système.

Imaginez que vous ayez une super idée pour capter le CO2 pour laquelle vous avez besoin de 50,000 euros et vous vivez dans une société de 100 personnes où le plus riche a 150 de QI et 100,000 euros en banque (je prends volontairement un petit chiffre pour rendre cela facile à manipuler. Les autres suivent un gradient de manière à ce que la dernière strate formée des 50 moins riches ont en moyenne 90 de QI et environ 2000 euros, donc 100,000 euros à eux tous. Vous allez voir le mec qui a 100,000 euros, vous lui proposez 50% des parts dans votre compagnie innovante contre 50% de sa fortune et vous créez de l’emploi pour quelques-uns des 50 autres.

Mais imaginez maintenant que vous viviez dans une société égalitariste où les 100 personnes ont chacune 1000 euros indépendamment de leurs compétences et de leur travail. De plus, le fruit de leur travail doit toujours être partagé de façon équitable entre tous. Vous allez devoir convaincre 100 personnes dont beaucoup ont un QI d’huitre de vous cédez la moitié de leur fortune alors même qu’ils n’en verront pas l’intérêt et personne ne voudra travailler alors qu’ils n’en retireront pas plus de bénéfice que si un autre le fait à leur place.

C’est évidemment schématique mais vous comprenez l’idée. Les inégalités sont bonnes dans un système juste car elles récompensent les gens compétents et cela va permettre de produire du travail et d’augmenter notre néguentropie. Au contraire, dans un système entièrement égal, il sera difficile de produire un travail réclamant des investissements et de la main d’oeuvre. Elles suivent une loi physique en cela qu’elles permettent de maximiser l’énergie qui traverse la société, dont c’est le but en tant que structure dissipative. Elles sont en accord avec ce qui serait une troisième loi de la thermodynamique, proposée par Dewar et 2003, selon laquelle les structures dissipatives s’organisent de manière à maximiser la production d’entropie.

Alors ce ne sont pas les inégalités en elles-mêmes qui sont à blâmer mais les injustices. Les privilèges des nobles étaient justifiés dans l’ancien régime qui reposait sur la féodalité. La Révolution Industrielle peut être vue comme une transition de phase qui a fait basculer le monde dans la modernité et la maximisation de la production d’entropie. Les privilèges des nobles, ces inégalités, sont alors devenues des entraves injustes à la dissipation d’énergie et c’est pourquoi ces inégalités étaient mauvaises car devenues injustes. Il nous faut accepter les inégalités dès lors qu’elles sont justes. Les privilégiés aujourd’hui sont les chômeurs et les allocataires qui bénéficient de revenus sans participer à la dissipation d’énergie. Ce n’est pas un mal en soi car cela permet de faire face à des situations délicates, donc de maintenir l’homéostasie du système et de fait sa néguentropie. Mais on a bien tort d’appeler cela un droit, c’est un privilège. L’appeler un droit génère des chômeurs professionnels qui travaillent juste assez pour alterner dès lors qu’ils ont acquis de nouveaux droits. C’est parfaitement immoral et beaucoup plus que les inégalités dès lors qu’elles sont justes.

Il est alors question d’équité. Et je ne saurais attirer votre attention sur le danger de voir des égalitaristes se parer de ce mot et le détourner pour signifier “égalité de résultat”. L’égalité de résultat est la chose la plus injuste au monde donc ne saurait être de l’équité. Elle pousse à l’égalisation effective de toute chose et conduit donc vers plus d’entropie.

L’égalité de résultat est la chose la plus injuste au monde donc ne saurait être de l’équité.

On aurait cependant tort de ne jamais se soucier de l’accroissement d’inégalités. Un accroissement infini conduit naturellement à l’instabilité de la même façon qu’une bombe atomique explose via une réaction en chaîne sans frein, sans boucle de rétroaction négative. Il faut trouver un optimum mais pour cela il faut en premier lieu définir les contours du système et reconnaître que nous le composons ensemble. Cela ne fait pas pour autant de l’égalité quelque chose de moral et souhaitable, l’inégalité doit être la norme et être acceptée et seul le devenir de la société maximisant la production doit nous intéresser. Il faut soit laisser libre court à l’inégalité, soit la réduire mais jamais défendre la volonté d’égalité et encore moins d’imaginer que l’équité doit être une égalité de résultat.

Plus encore, il faut savoir ce qu’on nomme inégalités que l’on doit tenter de réduire parfois. Tout est information. La monnaie est de l’information certes mais vos gènes et vos idées sont aussi de l’information. Comme j’ai pu l’évoquer, il existe un lien direct entre l’information et la dissipation d’énergie ou la production d’entropie qui est le rôle de la vie et des sociétés humaines. Pour le dire simplement, les connaissances résultent d’une construction de l’information qui favorise notre capacité à dissiper l’énergie. Elles sont le fruit de notre éducation, donc de notre culture, mais aussi de notre capacité personnelle à capturer, mémoriser et traiter de l’information. Elles entretiennent donc un lien de causalité avec nos capacités cognitives. Enfin, nos capacités cognitives sont en grande partie influencées par nos gènes. L’argent est un moyen de récompenser les individus selon leur capacité à générer et exploiter des connaissances donc de construire l’information et dissiper l’énergie. Il doit donc naturellement aller vers ces individus plus capables et il aura tendance à se concentrer dans leurs mains. Si cela est inégalitaire, ce n’en est pas moins juste.

Vouloir réduire l’inégalité de la répartition de la monnaie sans se préoccuper des connaissances et de savoir si le fossé génétique et culturel se creuse est immoral car cela revient à créer de la désinformation en faisant circuler la monnaie là où elle ne devrait pas aller et récompenser la non production d’information ou pire, la production de désinformation. Ces gens ne méritent pas cet argent. Si nous voulons réduire les inégalités financières, nous devons faire en sorte que cette réduction soit justifiée afin qu’elle profite à la société en ayant pour but de réellement élever la qualité de l’information sur l’échelle des générations. Cela ne passe pas par offrir le bac sur un plateau et des postes à des gens incompétents mais demande au contraire d’avoir des outils de mesures efficaces.

Si, comme je le crois à présent, le rôle principal du politique, et donc de l’état, est d’assurer la production de nouveaux citoyens plus intelligents afin qu’ils produisent une information de meilleure qualité alors ce qu’il faut inciter est la naissance d’enfants plus intelligents que la génération précédente et mieux éduqués. L’argent doit être un moyen de récompenser la production d’information et de la mesurer efficacement. En incitant les individus les moins bien lotis cognitivement à faire plus d’enfants et en resdistribuant de plus en plus la monnaie à ce profil de personne, nous créons les conditions environnementales qui conduiront notre nation à pérécliter sous le poids de la désinformation engendrée. Je ne suis pas contre offrir les conditions de la survie de base à chacun. Au contraire, je crois que c’est un but noble pour une civilisation d’avoir de l’empathie pour les plus faibles. Ma façon d’exposer les choses reposant volontairement sur une abstraction maximum des choses pourrait laisser penser que je ne vois même plus qu’on parle ici d’humains avec des émotions. Ce n’est pas le cas, je ne suis pas un sociopathe et j’ai de l’empathie pour mes contemporains.

Cependant si vous offrez 3600 euros par mois à un couple parce qu’il a fait 10 enfants, vous encouragez la création de désinformation en faisant circuler l’argent vers des mains qui n’auraient pas du l’avoir. En aucun cas on ne doit leur offrir une capacité de subsistance via la procréation. En faisant cela nous creusons notre tombe. Je le répète, cela ne doit pas entamer l’empathie que l’on peut avoir envers ces personnes. Pire encore, imaginez un pays qui récompenserez de cette façon la procréation de nouveaux citoyens fraîchement immigrés dont les capacité cognitives sont en dessous de la moyenne nationale, ne se sentant pas appartenir à la nation et lui étant même hostile. Ce serait complètement fou n’est-ce pas ? Je ne sais même pas pourquoi je donne cet exemple car personne ne pourrait décemment faire cela.

“La Spoliation légale a deux racines : l’une, nous venons de le voir, est dans l’Égoïsme humain ;
l’autre est dans la fausse Philanthropie.

Avant d’aller plus loin, je crois devoir m’expliquer sur le mot Spoliation.
Je ne le prends pas, ainsi qu’on le fait trop souvent, dans une acception vague, indéterminée,
approximative, métaphorique : je m’en sers au sens tout à fait scientifique, et comme exprimant l’idée opposée à celle de la Propriété. Quand une portion de richesses passe de celui qui l’a acquise, sans son consentement et sans compensation, à celui qui ne l’a pas créée, que ce soit par force ou par ruse, je dis qu’il y a atteinte à la Propriété, qu’il y a Spoliation. Je dis que c’est là justement ce que la Loi devrait réprimer partout et toujours.

Que si la Loi accomplit elle-même l’acte qu’elle devrait réprimer, je dis qu’il n’y a pas moins Spoliation, et même, socialement parlant, avec circonstance aggravante. Seulement, en ce cas, ce n’est pas celui qui profite de la Spoliation qui en est responsable, c’est la Loi, c’est le législateur, c’est la société, et c’est ce qui en fait le danger politique.”

Frédéric Bastiat, La loi

Mais ces privilégiés du bas ne sont pas les seuls à blâmer. Le capitalisme de connivence est lui aussi une plaie. Il crée lui aussi de la désinformation en ne récompensant pas nécessairement les plus compétents. Il peut parfois s’avérer qu’il est utilisé pour effectuer de vraies tâches utiles par des compagnies réellement compétentes, en cela son problème est moindre. Mais il arrive aussi que des tâches semi-fictives soient créées ex nihilo ou des prix gonflés volontairement par copinage dilapidant ainsi l’argent du contribuable et le ramenant dans des mains où il n’aurait jamais du aller. C’est là aussi de la création de désinformation qui nuit à une société et cela doit être sévèrement punit. Dans ce genre de situation, il est légitime de plaider l’égalité des chances car l’argent doit se diriger vers le plus compétent et non le copain incapable. La règle est simple, on ne triche pas avec l’information.

Alors, ce Grand Essoufflement que voit Maxime Nechtschein n’est peut-être pas tant lié à une limite physique qu’à une limite de connaissances liée à une passion pour l’égalitarisme ces dernières décennies qui conduisent à la réduction de la capacité d’un travail mécanique. Car, comme il le fait remarquer, la démocratie réelle est très récente. […] peut-on qualifier de « démocratique » une nation qui maintenait d’autres peuples sous sa domination coloniale ? C’est donc plutôt de la fin de la colonisation que l’on peut vraiment dater le début de la démocratie en France, soit à peine une soixantaine d’années. À quoi aboutie cet égalitarisme démocratique ? La réponse est un condensé des revendications écolos. La décroissance pour les pays les plus capables seulement, la réduction de la liberté académique, la lutte contre le nucléaire… Tout ce qui pourrait nous permettre d’augmenter nos connaissances et notre énergie à dissiper donc notre néguentropie. Alors je pose la question, est-ce que le déclin, qui est la voie vers l’entropie, est un danger en premier lieu physique ou un danger intellectuel nourri par la gauche démagogique dans un contexte démocratique ?

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5 comments
  1. Bonjour,
    par hasard, je suis tombé sur une critique des idées que vous défendez ici : https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/long-termisme-les-milliardaires-remplacent-la-charite-par-le-transhumanisme
    Il me semble que c’est bien de la même chose dont parle l’auteur, à la différence qu’il ne mentionne pas le fondement basé sur la théorie de l’information et l’entropie.
    Il ne fait que juger les “résultats”, l’application pratique, si je puis dire.

    Vous en pensez quoi ? (je me doute que vous n’allez pas trouver ça très pertinent)

    1. Ce ne sont pas les idées que je défends et justement elle repose sur des penseurs comme Nick Bostrom qui ne fait le lien entre entropie et théorie de l’information à ma connaissance. MacAskill je connais moins, je sais que Musk a dit que c’était le closest match pour sa philosophie, j’ai son livre mais je ne l’ai pas lu. Au vu du sommaire, il n’est pas sur ma ligne non plus. De manière générale, je tiens les transhumanistes (Max More et sa femme Natasha More, David Pearce, Nick Bostrom etc) pour des midwits et je publierai un article contre eux bientôt.

      Musk a lui compris l’importance de l’information, c’est la raison de son rachat de Twitter. Je pense qu’il se sert de ces gens un peu naïfs car leurs projets vont quand même dans le bon sens mais ils ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’ils font. Je pense que Musk le sait lui.

      1. Ha !
        Christopher Langan, un des plus hauts QI du monde parle de “danger zone” pour les moyennement haut QIs, du genre entre 120 et 140 en gros : ces personnes sont suffisamment intelligentes pour être 99% du temps la personne la plus intelligente de la pièce. Ils ne croisent presque jamais de personne plus intelligente qu’eux dans leur vie et ça leur donne l’illusion d’être le plus intelligent du monde. Ce qui crée un sentiment de supériorité qui les rend inaptes à la “vraie” intelligence, celle qui innove et qui fait progresser la connaissance humaine.
        Les midwits en somme. Moi j’appelle ça les pseudo-intelligents (qui pullulent en France et notamment sur les plateaux TV).

        Hum du coup, pour moi qui suis novice, je pensais que “vous tous” (vous, Bostrom, Musk, MacAskill) étiez dans la même mouvance idéologique. Information, risque existentiel, longtermisme, vitalisme, et une forme d’élitisme.
        Donc, il y a des divergences importantes.

        Je pense que ça ne sera pas du luxe si vous écrivez un article pour expliciter tout ça.

        1. Je ne crois pas qu’ils ont bien compris ce qu’est une structure dissipative, que le technocapital est une strucutre dissipative et que toute modification apportée par le transhumanisme ne pourra jamais que s’effectuer selon les besoin de ce dernier. En cela leur vision de la liberté est biaisée. Le transhumanisme n’amènera pas plus de liberté mais une plus grande efficacité du technocapital. C’est en cela que je les trouve naïfs pour le dire dans les grandes lignes. Mais je publierai l’article complet prochainement.

  2. “Pire encore, imaginez un pays qui récompenserait de cette façon la procréation de nouveaux citoyens fraîchement immigrés dont les capacité cognitives sont en dessous de la moyenne nationale, ne se sentant pas appartenir à la nation et lui étant même hostile. Ce serait complètement fou n’est-ce pas ? Je ne sais même pas pourquoi je donne cet exemple car personne ne pourrait décemment faire cela. ” => Ce passage est purement délicieux de sarcasme ;’D

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