“Mais nous avons désappris depuis lors de parler de santé et de maladie comme de contraires: il s’agit de degrés. Dans le cas présent j’affirme que ce que l’on appelle aujourd’hui ” santé ” représente un niveau inférieur de ce que serait la santé sous des conditions plus favorables… que nous sommes relativement malades…”
Nietzsche, La volonté de puissance
Il est une chose qu’on entend souvent, et je l’ai déjà dit moi-même, “une idée fausse qui sert la vie vaut mieux qu’une idée vraie qui la dessert”. Le postulat est simple, non seulement il existerait des connaissances fausses qui vous empêcheront d’adopter un comportement adéquat, mais il existerait aussi des idées qui, bien qu’elles soient vraies, vous pousseraient à adopter un comportement allant à l’encontre de la vie. Et inversement, il y aurait des idées fausses vous permettant de mieux vivre. Peut-être que d’autres l’ont formulé avant lui mais il semblerait que le premier à l’évoquer à ma connaissance est Nietzsche.
“La fausseté d’un jugement n’est pas pour nous une objection contre ce jugement. C’est là ce que notre nouveau langage a peut-être de plus étrange. Il s’agit de savoir dans quelle mesure ce jugement accélère et conserve la vie, maintient et même développe l’espèce. Et, par principe, nous inclinons à prétendre que les jugements les plus faux (dont les jugements synthétiques a priori font partie) sont, pour nous, les plus indispensables”
Nietzsche, Par delà le bien et le mal
Cependant je ne crois pas que cela soit vrai. La première chose à comprendre est que les idées partagent des similarités avec les gènes comme l’avait proposé Dawkins. Il leur donna alors le nom de mèmes, constituant la plus petite unité informationnelle d’une idée. Je vous recommande le podcast d’Anthony Cobalt sur le sujet. Il met bien en avant par quel moyen on peut envisager une sélection naturelle des idées. Mais alors, comment une idée fausse pourrait-elle bien être sélectionnée alors que la sélection naturelle devrait logiquement favoriser la sélection des idées vraies ?
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
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La réponse est assez simple et la comparaison avec les gènes va nous aider ici. La première chose à comprendre est que les gènes et les mèmes sont des supports pour l’information. Ce qui compte réellement est l’information et cela dépasse même les gènes et les mèmes. Elle était là avant les gènes via d’autres supports et elle sera là après le mème via de nouveaux supports.
Il est alors évident que l’information va partager des schémas similaires indépendamment du support utilisé. De la même façon que les gènes vont donner corps à un organisme, les mèmes vont donner des corpus d’idées, des idéologies, que les organismes pensants vont adopter. Souvent ces idées présenteront un avantage immédiat.
Ce qui semble plus une fable que l’on se transmet mais qui repose en partie sur une étude dit que des singes auraient développé un système de croyance en fonction de l’information reçue. Les chercheurs ont placé cinq singes dans une cage et ont accroché des bananes au plafond, avec une échelle pour les atteindre. Mais à chaque fois qu’un singe y montait, les chercheurs envoyaient de l’eau sur les autres restés en bas. Rapidement les singes empêchèrent les imprudents de monter l’échelle. Non seulement cela continua quand les chercheurs arrêtèrent d’envoyer de l’eau mais aussi quand ils commencèrent à remplacer les anciens singes par de nouveaux, un par un, jusqu’à ce que la cage soit remplie de singes n’ayant jamais reçu d’eau et ne sachant donc pas pourquoi ils le faisaient. Une idée est dépendante du contexte, elle a parfois du sens dans un certain contexte et devient handicapante dans un autre. Si elle constitue un handicap on appelle cela une idée parasite.
Mais un mauvais trait peut s’avérer être un avantage contre un risque plus grand. Par exemple la drépanocytose représente une maladie qui est mauvaise en soi pour l’organisme, mais moins mauvaise que le paludisme contre lequel elle protège. De la même façon que la drépanocytose est un trait défectueux pour l’organisme, qui présente un avantage contre un risque plus grand de l’environnement, certaines idéologies recèlent d’idées fausses qui peuvent toutefois leur conférer un avantage dans un certain environnement. Il serait cependant faux de penser qu’il est souhaitable de conserver des idées fausses. Si vous vous rendez dans des pays où il y a le paludisme, je doute que vous vous direz “Si seulement j’avais la drépanocytose, je n’aurais pas besoin de vaccin anti-paludisme”. De la même façon pour les idées, certaines idées sont fausses mais moins mauvaises que d’autres. Cela doit naturellement questionner notre rapport à la vérité. Les idées ont une certain vie autonomes mais elles naissent d’entités et sont portées par elles. La découverte de la “vérité” ne se fait pas indépendamment du contexte environnemental, et il semblerait que nous passions notre temps à tenir pour vrai des idées qui sont seulement moins fausses ou moins mauvaises.
“Le progrès lui-même, qui devrait être un gain, se contente le plus souvent de substituer une vérité partielle et incomplète à une autre. L’amélioration consiste surtout en ceci que le nouveau fragment de vérité est plus nécessaire, mieux adapté au besoin du moment que celui qu’il supplante.”
John Stuart Mill, De la liberté
Plus encore, il se pourrait que la vérité nous soit tout bonnement inaccessible comme le laisse penser le théorème de Gödel. Le théorème de Gödel est une découverte importante en mathématiques qui montre que, dans tout système formel suffisamment riche pour contenir l’arithmétique, il existe des propositions qui sont vraies mais qui ne peuvent pas être prouvées à l’aide des règles de ce système. En d’autres termes, il y a des vérités mathématiques que nous ne pouvons pas démontrer en utilisant les règles du système dans lequel nous travaillons, même si nous pouvons clairement voir qu’elles sont vraies.
Le théorème de Gödel nous rappelle que la vérité est plus complexe que ce que nous pouvons déduire à l’aide de règles formelles. Cela remet en question l’idée selon laquelle la connaissance peut être obtenue de manière purement rationnelle et formelle, car il montre que certaines vérités sont au-delà de la portée de la raison pure. Ce théorème a des implications importantes pour la théorie de la connaissance et la philosophie de la vérité. Il suggère que la vérité est plus nuancée et que la connaissance doit être abordée de manière plus créative et plus intuitive. Le théorème de Gödel nous invite à sortir des sentiers battus et à chercher des approches différentes et innovantes pour comprendre et découvrir la vérité.
À l’échelle la plus petite, une idée, un mème, est sûrement vrai ou faux, mais les conséquences des idées fausses et de leurs associations sont sûrement graduellement bonnes ou mauvaises pour son hôte. Croire qu’il existe un Dieu omniscient jugeant mon âme, qui pourra être sauvée selon mes actes à la fin de ma vie, est une idée assez pénible ; mais elle est moins mauvaise que celle impliquant une fin du monde imminente où mon âme sera sauvée si je participe à un suicide collectif. Nous avons ici deux corpus d’idées que nous pouvons séparer en différents mèmes. Le corpus 1 est constitué de Dieu, son omniscience, l’âme, le salut des âmes, le jugement des âmes et la manière de juger les actes selon les actes. Le corpus 2 est constitué de la fin du monde, l’âme, le salut des âmes, le suicide comme moyen de sauver son âme. Deux corpus qui ont donc des similarités. Mais le deuxième revêt une connexion entre deux idées vraiment pathogènes : la fin du monde est proche et le seul moyen de s’en sortir est le suicide.
Malheureusement, on a tendance à adopter des corpus d’idées plutôt que d’évaluer avec soin chacune d’entre elles indépendamment. Nous serons par exemple chrétien ou humaniste, et à l’intérieur de ces catégories on pourra trouver d’autre catégories, comme les catholiques et les protestants au sein du christianisme, ou les libéraux et les socialistes au sein des humanistes. Pourquoi faisons-nous cela ? Car la vie est un phénomène collectivement autocatalytique. Une idéologie ne sert pas seulement notre action mais nos interactions avec les autres. Les stéréotypes nous sont utiles car ils permettent de fournir beaucoup d’informations sans effort. Les étiquettes et les symboles sont l’équivalent du phénotype pour les gènes. On a besoin de reconnaître rapidement les individus appartenant à notre groupe car cela va influencer notre interaction avec eux en la facilitant ou en nous poussant à la méfiance. Nous saurons en un coup d’œil que quelqu’un qui porte une croix est chrétien et, si nous sommes nous aussi chrétien, nous reconnaîtrons un des nôtres.
Si la modernité n’est pas exempte de tout reproche, elle fut globalement une amélioration vis-à-vis de l’ancien régime. Son corpus d’idées est plus “vrai” que celui de l’ancien régime et c’est pourquoi non seulement elle l’a supplanté mais elle s’est imposée sur l’ensemble de la planète. Et c’est pourquoi les anti-modernes sont souvent des modernes qui regardent dans le rétroviseur, mais ils accompagnent le changement car il faut bien se rendre à l’évidence que la modernité est ce qui s’est fait de mieux jusqu’à présent. Cependant, il faut bien constater que partout où elle s’est implantée la natalité des pays s’est effondrée. Si la modernité est un corpus d’idées qui se veut plus séduisant, car globalement plus vrai, se pourrait-il qu’elle comporte en elle des idées parasites ?
Horreur
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Sélection de textes de
Zero HP Lovecraft
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Les deux virus mentaux de la modernité
La modernité est, elle aussi, venue avec son corpus d’idées. Les idéologies étant en confrontation les unes avec les autres, elles auront tendance à servir d’armes pour s’opposer aux autres corpus qu’elles affrontent. La modernité s’étant construite en opposition au monde ancien, elle aura eu tendance à prendre le contre-pied sur de nombreuses idées clefs et défendre le progrès, la liberté, la démocratie, la croissance, le rationalisme, l’individualisme, l’homme comme mesure de toute chose, la mathématisation du monde ou encore, bien malheureusement, l’égalité.
La chose principale à conserver de la modernité est la mathématisation du monde. C’est ce qui lui offre sa supériorité permettant le confort matériel. Nous avons cependant, par le passé, déjà critiqué l’idée de démocratie. Nous avons revisité l’idée de progrès pour en proposer une version plus adéquate dans l’archéoprogressisme. Nous avons développé une façon d’être au monde laissant de la place à l’individu mais en opposition à l’individualisme que nous avons nommé assetisme. Nous n’avons même pas reculé devant la question de Dieu mais je ne crois pas que la perte de Dieu soit un problème fondamental. Les deux vrais virus mentaux de la modernité sont l’égalité et l’absurdité de la vie. C’est Isengard et le Mordor, au service de Morgoth.
Commençons par l’égalité. C’est parce que l’ancien régime reposait sur une hiérarchie formelle avec une élite qui empêchait de libérer les forces productrices que les bourgeois révolutionnaires demandèrent l’égalité. L’égalité en droit, afin que les meilleurs puissent devenir les égaux d’une caste obsolète. Si cela trouvait pleinement son sens dans ce contexte, ils ont semé la graine qui, couplée à l’universalisme qu’ils ont malheureusement conservé, a constitué le cancer qui rongera la modernité. L’égalité n’est pas bonne en soi. Elle avait simplement du sens dans le contexte où elle fut formulée et présentait un intérêt de la même façon que la drépanocytose présente un intérêt face au paludisme sans pour autant être bonne en soi. Elle fut utilisée pour précipiter la chute d’une élite obsolète. La nécessité d’inégalité précipitera la chute de notre propre élite obsolète.
Mais je crois que la modernité a accouché d’une seconde idée parasite majeure, dont elle était pourtant dépourvue à la naissance, bien plus pernicieuse que celle de l’égalité. C’est l’absurdité de la vie qui repose sur deux piliers. Le premier est une conséquence du darwinisme qui veut que la vie n’a pas d’autre sens que la survie et la reproduction, et le deuxième découle de la physique quantique et de sa branche anti-réaliste qui voudrait qu’on ne pourra jamais réellement connaître ce qu’on tient pour la réalité et donc son sens potentiel. Les deux forment un corpus d’idées qui veut que la vie soit alors absurde. Et dans ces cas-là, il est certain que je tenterais toutefois de survivre, étant câblé pour cela, et même chercher à prendre du plaisir et aimer la vie. Mais pourquoi pousserais-je le vice jusqu’à me reproduire ? N’y a-t-il pas plus de valeur à apprécier chaque moment de cette vie absurde sans les corvées de l’enfantement ?
Associez ces deux idées et vous obtenez une vision du monde proclamant que la vie est absurde et que tout se vaut, tout est égal, et si ça ne l’est pas encore, ça devrait l’être. La sournoiserie des “idées vraies qui nous tuent” est qu’on ne fait que les tenir pour plus vraies que les autres alors qu’elles le sont nécessairement moins. Ce sont ces idées qu’on tient pour vraies et dont on est sûr qu’elles le sont, au point où on ne peut pas même les remettre en doute. Quand je dis que la sens de la vie est la production maximale d’entropie, c’est déjà un corpus d’idées, car il y en a deux ici : le fait que la vie ait un sens, et la définition de ce sens comme la production maximale d’entropie. Peut-être bien qu’on découvrira pourquoi la vie tend à maximiser l’entropie et qu’on révisera cette idée. Ce corpus d’idée aura alors été faux ; mais l’idée que la vie a un sens n’en serait pas moins vraie pour autant. Il est possible que ce qui nous tue, ce n’est pas une idée vraie, comme le darwinisme qui postule que la vie n’ait pas de sens, mais au contraire que cette idée est tout simplement fausse et pourtant fondamentale. Alors, bien que le darwinisme comprendra mieux le fonctionnement de la vie dans ses parties que des religions, l’idée que cette dernière n’ait pas de sens pourrait être au final beaucoup plus néfaste pour son porteur ; car elle serait tout simplement fausse.
Imaginez une hiérarchie sous forme d’embranchements où chaque embranchement a une valeur pondérée, et plus il arrive tôt dans la séquence plus sa séquence a d’importance.
Il se pourrait que la modernité dévore ses enfants. Elle est une mère étouffante. Étant plus vraie, elle les attire à elle, mais au final leur glisse à l’oreille : “Ta vie n’a aucun sens, tu pourras toujours tenter d’en inventer un, mais au fond de toi tu ne pourras pas l’oublier”, et elle les plonge ainsi dans un profond tourment. Elle est la drépanocytose qui t’as protégé contre un mal plus grand dans le passé, te maintient en vie, mais provoque des crises de plus en plus intenses qui peuvent s’avérer mortelles. C’est pourquoi elle aura sans cesse besoin d’aller chercher plus d’enfants aux quatres coins du monde avant de les briser de la même façon. Les chrétiens peuvent bien faire plus d’enfants en moyenne, la majorité de ces derniers ne resteront pas chrétiens, ils deviendront modernes. Comme les singes évoqués plus haut, plus personne n’envoie d’eau depuis des décennies, mais on s’accroche à la modernité comme à une tradition faisant rempart contre un danger qui n’existe plus en refusant de voir qu’elle a muté pour devenir elle même le danger qui nous ronge. Toute critique à son encontre se soldera, chiffres à l’appui, qu’elle a grandement amélioré le niveau de vie partout. Mais je ne doute pas que la drépanocytose améliore le niveau de vie des individus évoluant dans un milieu avec le paludisme.
En rejetant tout intérêt pour la chose en soi et en décidant de se concentrer sur les sciences positives pour comprendre le monde, les positivistes finiront balayés par l’histoire et par l’absurdité apparente de la vie.
“Nous voyons, par ce qui précède, que le caractère fondamental de la philosophie positive est de regarder tous les phénomènes comme assujétis à des lois naturelles invariables, dont la découverte précise et la réduction au moindre nombre possible sont le but de tous nos efforts, en considérant comme absolument inaccessible et vide de sens pour nous la recherche de ce qu’on appelle les causes, soit premières, soit finales.”
Auguste Comte, Cours de philosophie positive
Nietzsche lui-même s’y cassera les dents en ne pouvant que prôner un nihilisme actif réévaluant les valeurs sans toutefois parvenir à les faire reposer sur un socle scientifique qu’on peut croire. En quoi seraient-elles fondamentalement meilleures si la vie est absurde ? Ne pouvant accepter cette idée, à raison, certains choisissent de se tourner de nouveau vers la religion et fantasment le passé. Ils rejettent jusqu’à l’idée de mathématisation et de progrès et vantent les méritent de la stagnation ou du déclin. Ne pouvant trouver un vaccin, ils préfèrent encore retrouver le paludisme à la drépanocytose qui devient de plus en plus virulente. Laissez-moi vous offrir l’antidote contre la drépanocytose dont vous êtes atteint, qui est aussi un vaccin contre le paludisme. Je ne prétends pas que ce soit “la vérité”, il est lui aussi un virus mental, mais j’ai plaisir à croire que ma vision du monde n’est pas plus fausse et que c’est un virus mental qui soigne.
Il était plein de sagesse cet allemand – qui se vantait de son sang polonais – et les valeurs de son nihilisme actif s’opposant à l’égalitarisme furent aussi brillantes que nécessaires. Il nous avait mis en garde contre ces scientifiques qui nous conduisent dans un désert.
La science est à la sagesse ce que la vertu est à la sainteté ; elle est froide et sèche, elle est sans amour et ne sait rien d’un sentiment profond d’imperfection et d’une aspiration plus haute. Elle est tout aussi utile à elle-même qu’elle est nuisible à ses serviteurs, en ce sens qu’elle transporte sur ses serviteurs son propre caractère et que par-là elle dessèche ce qu’ils peuvent avoir d’humain en eux.
Nietzsche, Considérations inactuelles, deuxième série
Homme faux et raffiné, ta séduction conduit à des désirs et à des déserts inconnus. Et malheur à nous si des gens comme toi parlent de la vérité et lui donnent de l’importance !
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
Malheureusement il n’aura pas réussi à nous en sortir. Aujourd’hui nous lui offrons le corpus d’idées qui sous-tend sa morale, qui par bien des côtés fut la bonne. La vie n’est tout simplement pas absurde et l’inégalité est une des conditions nécessaires à son développement. Elle apparait lorsqu’il y a de l’énergie à dissiper dans un environnement et cherche à maximiser la production d’entropie. La dissipation d’énergie est intimement liée à la construction d’information, et la puissance d’un être est sa capacité à construire l’information dans le but de maximiser l’énergie qu’il dissipe. La dissipation d’énergie nécessite un travail mécanique qui ne peut s’effectuer dans un système homogénéisé qui a atteint son entropie maximum, où tout est égal.
Mais pourquoi la vie maximise-t-elle la production d’entropie ? Quel en est le sens profond ? Je l’ignore pour l’instant ; mais ce n’est pas important de ne pas le savoir à l’heure actuelle. Je sais que la connaissance est un processus, que nous construisons l’information au fur et à mesure et que nos descendants le découvriront un jour.
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de Nick Land, offert à nos tipeurs
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Peut-être bien qu’une autre similitude que les idéologies partagent avec les organismes est d’être, elles aussi, mortelles. Peut-être que la modernité est devenue bien trop vieille pour qu’on en attende quoi que ce soit à présent. Elle est sénile. Mais contrairement aux autres post-modernes, qui tirent dessus à boulet rouge, remercions la pour ce qu’elle nous a apporté et, plutôt que de se battre pour l’héritage, construisons notre propre voie en conservant ce qu’elle nous a appris d’important, en retirant ce qui semble obsolète et sans s’interdire de réintégrer certaines idées contre lesquelles elle aurait pu se battre à tort.
“O vous, pauvres hommes qui sentez cela, qui, comme moi, n’aimez pas parler de finalité humaine, qui, comme moi, êtes si complètement saisis par le rien qui règne sur nous et reconnaissez si bien que nous sommes nés pour rien, que nous aimons un rien, que nous travaillons pour rien, afin de passer progressivement dans le rien – Que puis-je y faire si vos genoux se brisent quand vous y réfléchissez sérieusement ? Moi aussi, j’ai parfois sombré dans ces pensées et je me suis écrié : Pourquoi mets-tu la hache dans ma racine, esprit cruel ? et je suis encore là”.
Friedrich Holderlin, Hyperion
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