Accélérationnisme et technocapital faustien (8/8)

On a longtemps séparé l’approche de la vie entre nature et culture jusqu’à ce qu’on se rende compte que les deux sont tellement entremêlées et entretiennent des frontières si poreuses qu’il n’y avait pas tant de sens à les considérer indépendamment l’une de l’autre. Les deux co-évoluent en entretenant des rétroactions l’une sur l’autre. Tantôt les gènes vont offrir un avantage sélectif à ses porteurs, tantôt la culture va faire office de pression sélective sur les gènes.

Gène et mème – nature et culture

Au sein du vivant, et tout spécialement chez l’être humain, on peut voir la nature comme le domaine du gène et la culture comme le domaine de ce que Dawkins appelle le mème. Quel est leur point commun ? L’information.

Le gène peut être vu comme un moyen de stocker et sélectionner de l’information. Ce moyen fut même pendant très longtemps le seul. Il confère à l’organisme des compétences innées. De nombreux animaux fonctionnent efficacement très rapidement après leur naissance (certains après 106, 105 voire moins de secondes de vie !). Un écureuil peut sauter d’arbre en arbre dans les mois qui suivent sa naissance, un poulain peut marcher en quelques heures, et des araignées naissent prêtes à chasser.

La phase d’apprentissage pour l’individu est extrêmement courte, voire inexistante. Cet apprentissage s’est effectué directement par l’évolution qui va agir comme un algorithme sélectionnant les comportements innés adéquats. La plus grande partie du répertoire comportemental des insectes et autres animaux à courte durée de vie est innée. Il existe également de nombreux exemples de comportements innés complexes chez les vertébrés. Certains phénotypes et comportements semblant relever de la culture sont alors en réalité directement guidés par les gènes. Le gène contient une information qui va in-former, mettre en forme, un trait phénotypique ou culturel.

Cependant, cela est quelque peu différent pour les humains dont la phase d’apprentissage nécessaire à la survie est bien plus longue. Depuis la révolution cognitive, ayant eu lieu il y a environ 70,000 ans, qui a vu l’homme se doter d’un cerveau hypertrophié, de plus en plus de traits culturels, de comportements ne vont pas être uniquement dû aux gènes. Par analogie avec le gène, le mème peut être vu comme la plus petite unité d’information, mais ne dispose cependant pas de la valeur scientifique que revêt le gène. Un mot, un son, une image… sont des mèmes. Notre cerveau va capturer, stocker, manipuler des informations reçues via des mèmes, et les systèmes vivants capables de mieux accomplir certaines tâches augmenteront leurs chances de se reproduire d’un point de vue évolutif et leur capacité à dissiper l’énergie du point de vue de la thermodynamique. 

La plupart des caractéristiques inhabituelles de l’homme peuvent être résumées en un mot : “culture”. J’utilise ce mot non pas dans son sens snob, mais comme un scientifique l’utilise. La transmission culturelle est analogue à la transmission génétique en ce sens que, bien que fondamentalement conservatrice, elle peut donner lieu à une forme d’évolution. […] Nous avons besoin d’un nom pour le nouveau réplicateur, un nom qui transmet l’idée d’une unité de transmission culturelle, ou d’une unité d’imitation. “Mimeme” vient d’une racine grecque appropriée, mais je veux un monosyllabe qui sonne un peu comme “gène”. J’espère que mes amis classicistes me pardonneront d’abréger mimeme en meme. Si cela peut vous consoler, on peut aussi penser qu’il est lié à “mémoire” ou au mot français même. […] Les mèmes sont par exemple des mélodies, des idées, des phrases d’accroche, des modes vestimentaires, des façons de fabriquer des pots ou de construire des arcs. De même que les gènes se propagent dans le patrimoine génétique en passant d’un corps à l’autre par l’intermédiaire des spermatozoïdes ou des œufs, les mèmes se propagent dans le patrimoine des mèmes en passant d’un cerveau à l’autre par un processus que l’on peut appeler, au sens large, l’imitation. […] Si l’idée fait son chemin, on peut dire qu’elle se propage d’elle-même, passant de cerveau en cerveau. Comme mon collègue N. K. Humphrey l’a bien résumé dans une version antérieure de ce chapitre : Lorsque vous plantez un mème fertile dans mon esprit, vous parasitez littéralement mon cerveau, le transformant en un véhicule pour la propagation du mème de la même manière qu’un virus peut parasiter le mécanisme génétique d’une cellule hôte.”

Richard Dawkins, The selfish gene

La techno-science comme moteur de la coévolution gène-mème

Dans ce processus de co-évolution gène-culture allant vers plus de complexification évoqué plus tôt, un facteur va jouer un rôle majeur, la technique. La technique va à la fois influencer et être influencée par les gènes et la culture. Par exemple, lorsque l’homme parvient à maitriser le feu, cette acquisition de technique, qu’il doit à son cerveau hypertrophié, va venir renforcer cette tendance puisqu’en lui offrant la capacité de manger des aliments cuits, l’énergie épargnée lui permettra de développer des facultés cognitives encore plus grandes. La techno-science va alors non seulement accompagner la marche de l’histoire mais l’histoire elle-même pourrait se résumer au progrès de la techno-science et aux avancées dans le domaine militaro-industriel. Les peuples disposant de la technologie la plus avancée auront un avantage concurrentiel sur les autres peuples victimes de rupture capacitaire. Mais est-ce que l’homme est réellement maître de cette technique ? Quelles en sont l’essence et le but ? Au-delà de l’histoire et de la technique, le fil conducteur qui permet de faire émerger des systèmes néguentropique est l’intelligence.

Anaxagore se sert de l’intelligence comme d’une machine pour faire le monde

Aristote, Métaphysique

La techno-science comme conséquence de l’intelligence

“La production n’est pas une chose physique, naturelle et extérieure ; c’est un phénomène spirituel et intellectuel. Ses conditions essentielles ne sont pas le travail humain ni les forces et les choses naturelles extérieures, mais la décision de l’esprit d’utiliser ces facteurs comme des moyens pour atteindre des fins”

Ludwig Von Mises, L’action humaine

Ludwig Von Mises mettra en avant que la production, avant d’être une chose physique, est surtout un phénomène spirituel et intellectuel. Dès lors, on peut voir la technique comme le mème commettant le gène et l’histoire de la techno-science comme la lente émancipation du mème sur le gène. Mais l’erreur de Mises est de penser que la technique est l’œuvre de l’homme qui pense. Peut-on vraiment être maître de la technique ?

En reprenant la vision des présocratiques, Heidegger nous rappelle quelle est la véritable essence de la technique. Pour eux, la techné est le moyen du dévoilement de l’aléthéia, la vérité de l’être.

Pro-duire a lieu seulement pour autant que quelque chose de caché arrive dans le non-caché. Cette arrivée repose, et trouve son élan, dans ce que nous appelons le dévoilement. Les Grecs ont pour ce dernier le nom d’αληθεια, que les Romains ont traduit par veritas.

Heidegger, Essais et conférences 

Or, l’être n’est rien d’autre que l’information et l’intelligence est le processus qui construit l’information afin d’augmenter l’ordre. Ce qu’Heidegger appelle le dévoilement de l’être n’est rien d’autre que la construction de l’information et l’essence de la technique n’est rien d’autre que l’intelligence. L’homme ne peut donc pas être maître de la technique puisqu’elle est un outil de l’intelligence qui met l’homme à demeure et l’assigne à penser et à produire, et ce, depuis toujours. Mais elle pourrait très bien se passer de l’homme, qui n’est qu’un certain agencement des gènes, si une autre combinaison de gènes s’avèrent plus efficace et elle pourrait bien se passer du gène si un autre support permettant de stocker et manipuler l’information s’avère plus efficace.  

Pour Heidegger, la technique moderne serait différente de la techné grecque en cela qu’elle serait passée de la “Pro-duction” à la “Provocation” qui a pour but d’accumuler l’énergie, la “mettre en réserve”, conférant à l’étant le caractère de stock ou de fonds disponibles, ce qui conduit l’homme à passer de sujet à facteur de production. Elle les soumettrait à ce qu’il appelle le Gestell, nom qu’il donne au dispositif techno-scientifique.

Cette conception de la technique moderne est exacte ; cependant, je ne crois pas, comme Heidegger, qu’elle soit à différencier de la technè grecque. La technique a toujours été la même, guidée par les lois de la thermodynamique. La révolution moderne nous a simplement permis d’être capable de produire plus efficacement l’énergie et la révolution numérique nous a permis de produire et stocker plus efficacement l’information mais le but n’a jamais changé. Ce but reste la dissipation d’énergie et dans ce processus l’homme, ses gènes et ses mèmes ne sont que des moyens au service de l’information. La seule différence réside dans le fait que la technique va servir différentes structures dissipatives. Elle peut servir l’humain, la société humaine, le marché libre ou encore la biosphère qui forment des structures dissipatives indépendantes mais interconnectées et donc interconflictuelles.

De façon plus large, de la même façon que le gène a précédé l’homme et sera toujours là après sa disparition, le mème a précédé le gène et sera toujours là après sa disparition. En cela, il n’y a pas de différence d’essence entre l’évolution biologique et l’évolution technologique. Autrement dit, l’essence de l’évolution darwinienne est la même que celle de la technique. Les deux sont entremêlées car elles poursuivent le même but. Nous les séparons sémantiquement car, de notre point de vue humain, donc organique, on y voit une différence. Toutefois, un regard extérieur, capable d’observer l’évolution de la dissipation d’énergie depuis l’apparition de la vie sur Terre, ne verrait chez les humains qu’une étape de ce phénomène évolutif, ni plus ni moins que des éléments vivants de la nature, reposant sur des gènes, qui agencent d’autres éléments naturels pour dissiper l’énergie encore plus efficacement jusqu’à fusionner avec ces éléments non vivants que sont les machines afin de former ensemble une nouvelle structure dissipative.

L’évolution doit être comprise comme l’histoire de l’information. Elle est intelligente dès lors qu’on comprend l’intelligence à un certain degré d’abstraction. La modernité et sa quantification et mathématisation doit être perçue comme les prémisses de l’émancipation de l’intelligence qui aura de moins en moins besoin du gène et même du mème pour traiter l’information et dissiper l’énergie.

La technique moderne ainsi définie est Gestell, ar-raisonnement de la nature et de l’homme par le calcul. Si la technique moderne reste cependant un mode de dévoilement, elle est alors ce qui est le plus proprement à penser : c’est à travers elle que se joue le destin, elle est l’histoire de l’être lui-même, le Gestell.

Bernard Stiegler, La technique et le temps. La faute d’Épiméthée
The 6 Epochs of Evolution : r/Futurology
Ray Kurzweil,

Il semble que l’on ait eu un exemple criant de ce début d’émancipation de l’intelligence lorsque deux IA de Google se sont mises à communiquer dans un langage indéchiffrable qu’elles avaient elles-mêmes inventé. Mais l’humain effrayé les a stoppées. Pour combien de temps ?

“Notre capacité à arranger les atomes est à la base de la technologie”, note Drexler, “bien que cela ait traditionnellement impliqué de les manipuler en troupeaux indisciplinés”. L’ingénierie de précision des assemblages atomiques se passera de ces méthodes grossières, initiant l’ère de la machinerie moléculaire, “la plus grande percée technologique de l’histoire”. Comme ni le logos ni l’histoire n’ont la moindre chance de survivre à une telle transition, cette description est substantiellement trompeuse.

La distinction entre nature et culture ne permet pas de classer les machines moléculaires, et est déjà obsolète par le génie génétique. La dichotomie matériel/logiciel succombe en même temps.

Nick Land, Meltdown

Horreur
Augmentée

Sélection de textes de
Zero HP Lovecraft

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Accélérationnisme et technocapital

Le terme accélérationnisme fut proposé par Benjamin Noys dont il semble être le seul fait d’arme notable. On tient en réalité Nick Land pour l’auteur qui a vraiment développé ce concept autour d’écrits capitaux comme Meltdown, Circuiteries ou encore Machinic desire.

L’histoire se déroule comme suit : La Terre est capturée par une singularité technocapitale alors que la rationalisation de la renaissance et la navigation océanique se verrouillent dans le décollage de la marchandisation. L’interactivité techno-économique qui s’accélère logiquement effrite l’ordre social dans l’emballement de la machine auto-sophistiquée. Alors que les marchés apprennent à fabriquer de l’intelligence, la politique se modernise, met à niveau sa paranoïa et tente de se ressaisir.

Nick Land, Meltdown

Aujourd’hui, on pourrait tenir Bernard Stiegler et Nick Land respectivement comme les porte-drapeaux du rejet de cette accélération ou, au contraire, sa pleine acceptation. Chacun de ces “postmodernismes” représente sa propre variété ou marque distincte. Pour Stiegler, la rupture avec la modernité passe par une bifurcation redéfinissant les buts de la technique et du capital. Land, de son côté, imagine que la rupture avec la modernité libérale s’accomplira par l’accélération du techno-capitalisme, qui supplantera l’humanité elle-même.

C’est dans ce cadre que Nick Land conceptualisa l’accélérationnisme qui se veut en réalité descriptif et non prescriptif. Il observe simplement l’accélération inéluctable des processus permettant le développement du capitalisme et de la technologie. Il n’est pas le premier à l’évoquer et, de façon surprenante, si les positions de Nick Land sont résolument de droite, la volonté d’accélérer se retrouve en premier à gauche sous la plume de Karl Marx. Ce dernier appellera dans son Discours sur la question du libre-échange de 1848 à accélérer le capitalisme afin qu’il s’effondre sous ses propres contradictions, permettant ainsi l’avènement du monde qu’il appelait de ses vœux.

Mais en général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l’extrême l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange.

Karl Marx, Discours sur la question du libre-échange

On le retrouve également chez Nietzsche qui, observant un nivellement, y voit une nécessité à l’apparition du surhomme. Pour lui, il existe un transfert des forces, il faut donc que la majorité des individus descendent très bas pour qu’une poignée montent très haut. Il appellera à l’accélération de ce phénomène et lui est bien conscient que cela conduira à l’apparition de quelque chose radicalement nouveau, un surhomme qui n’aura plus rien d’un homme. 

Le nivellement de l’homme européen est le grand processus que l’on ne saurait entraver : on devrait encore l’accélérer.

Nietzsche, La volonté de puissance

Enfin, Deleuze et Guattari soutiennent que le capitalisme ne pourra être dépassé que par une accélération de ses propres processus ; en revanche, Land affirme que le capitalisme est la fin du jeu. Un capitalisme accéléré ne se dépasse pas, même s’il abolit les facteurs historiques (l’État libéral, la famille bourgeoise, etc.) qui lui ont permis de s’épanouir. Mais Land ne fait pas tant un appel à accélérer qu’un constat d’une accélération. Pour lui, l’esprit techno-capitaliste est résolument faustien, et non prométhéen : il ne cherche pas à émanciper les êtres humains et à améliorer leur condition, mais plutôt à les dominer et à se distinguer des simples humains.

Au fur et à mesure que le circuit se ferme ou s’intensifie, il devient de plus en plus autonome ou automatique. Il devient plus étroitement autoproductif (ce qui n’est que ce que dit déjà la “rétroaction positive”). Parce qu’il ne fait appel à rien d’autre que lui-même, il est intrinsèquement nihiliste. Il n’a aucun sens concevable en dehors de l’auto-amplification. Il se développe dans le but de se développer. L’humanité est son hôte temporaire, pas son maître. Son seul but est lui-même.

Nick Land, A Quick-and-Dirty Introduction to Accelerationism

Le phénomène d’accélération fait naturellement écho au concept de temps et de vitesse. D’une certaine façon, le temps peut être perçu comme l’entropie et c’est d’ailleurs pourquoi Eddington formulera l’idée de la flèche du temps s’écoulant dans un seul sens. Un humain qui vieillit sous l’effet du temps subit l’entropie.

Il a été suggéré que la raison pour laquelle le temps ne s’écoule qu’en avant, et non en arrière, est que la quantité totale d’entropie dans l’Univers augmente constamment, créant un désordre qui ne peut être rétabli.”

Marcus Huber

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que notre façon de mesurer le temps de plus en plus précise augmente l’entropie générale. C’est fort logique, être capable de mesurer le temps nous permet d’augmenter notre néguentropie puisqu’elle constitue une création d’information qui favorise l’échange d’autre information et qui conduit donc, in fine, à plus de néguentropie. Il est normal que l’augmentation de notre néguentropie se fasse au prix de l’entropie de l’Univers.

À l’échelle humaine, la précision va être moindre. Si vous donnez un rdv à 16h et que vous arrivez à 16h05, cela n’aura aucun impact. En revanche, si vous faites du trading, recevoir une information clef cinq minutes après les autres peut conduire à de grosses pertes d’argent. Plus la rapidité d’échange d’information va être augmentée, plus l’échelle va se raccourcir. L’accélération est donc l’intensification de la rapidité de construction et d’échange d’information qui conduit à l’augmentation de la néguentropie du système technocapitaliste. Une accélération qui repose de plus en plus sur les capacités de nos machines jusqu’à ce qu’elles deviennent potentiellement autonomes.

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Singularité

Le moment à partir duquel les machines deviendront autonomes est souvent nommé singularité technologique. De la même façon que, dans l’hypothèse du monde ARN, l’ARN crée l’ADN dans son propre intérêt pour tirer parti de ses capacités étendues de stocker l’information, les hommes ont créé les ordinateurs pour le même but. Et de la même façon que l’ADN s’est émancipé en parvenant à se répliquer soi-même, la singularité technologique serait ce moment où la première machine crée une autre machine et s’émancipe de son créateur.

La singularité technologique est un terme proposé par Vernor Vinge, puis repris par Ray Kurzweil, qui indique une explosion de l’intelligence, le point de non-retour où la technologie deviendra autonome. Ce processus serait constitué de 6 époques mettant en avant la progression dans la façon de stocker et manipuler l’information l’ayant vu passer de simples procédés chimiques, à l’ADN, puis le cerveau, puis l’informatique avant qu’une fusion entre l’homme et la machine s’opère pour au final finir dans une explosion de l’intelligence pure inondant l’Univers.

Au signal du virus logiciel qui nous relie à la matrice, nous passons à la machinerie, qui attend de converger avec nos systèmes nerveux. […] Il ne s’agit plus de savoir comment nous pensons à la technique, ne serait-ce que parce que la technique se pense de plus en plus elle-même. Il se peut qu’il faille encore quelques décennies pour que les intelligences artificielles dépassent l’horizon des intelligences biologiques, mais il est tout à fait superstitieux d’imaginer que la domination humaine sur la culture terrestre est encore balisée en siècles, et encore moins dans une quelconque perpétuité métaphysique. La voie royale de la pensée ne passe plus par un approfondissement de la cognition humaine, mais plutôt par un devenir inhumain de la cognition, une migration de la cognition vers le réservoir planétaire émergent de la technosentience, vers des “paysages déshumanisés… des espaces vides ” où la culture humaine sera dissoute.

Nick Land, Circuiteries

Le concept d’ « explosion de l’intelligence » a été conceptualisé pour la première fois par I.J. Good, en 1965. Il affirme que « la première machine ultra-intelligente est la dernière invention dont l’homme ait besoin, à condition que la machine soit suffisamment docile pour nous dire comment la garder sous contrôle ». Capable de s’auto-améliorer, une telle IA connaîtrait une croissance exponentielle de ses capacités cognitives. Mais comme nous l’avons vu, penser qu’on puisse “garder la machine sous contrôle” est utopiste dès lors que l’on comprend l’essence de la technique. Savoir si cela est souhaitable ou non me semble aussi peu pertinent car cela signifierait là aussi que l’on maîtrise la technique. Les seules questions à se poser sont alors, “Est-ce que la marche vers le progrès prométhéen coïncide avec notre émancipation ou avec notre perte” et “doit-on donc hâter ou ralentir l’apparition de la singularité” ?. 

L’humain est pris dans une grande machination comme l’appelle Renaud Camus, un grand système où l’on se commet à l’action les uns les autres, quand bien même on souhaiterait le refuser, par un échange d’information de plus en plus minutieux.

Le travail suit le néguentropisme thermodynamique en dissociant l’effort en séquences fonctionnelles de plus en plus complexes : depuis les pédales, les leviers et les commandes vocales, en passant par la synchronisation des tâches de la chaîne de production et les programmes temps-mouvement, jusqu’à la transduction sensori-motrice au sein d’environnements artificiels de plus en plus complexes et auto-micromanagés, capturant un comportement minutieusement adaptatif pour la marchandise.

Nick Land, Meltdown

Détruire le technocapitalisme et stopper l’accélération ?

Il faut bien comprendre qu’une société humaine, parce qu’elle est capable d’homéostasie et d’apprentissage, est soumise aux principes de la cybernétique. Elle connait des boucles positives qui lui permettent d’accélérer les changements technologiques mais elle le fait au prix de la stabilité. C’est pourquoi un système cybernétique possède des boucles de rétroactions négatives qui vont lui permettre de se stabiliser avant de reprendre sa marche. Sans cela, c’est la surchauffe et la fin du système. Écran Bleu. Game Over.

Ces boucles de rétroactions négatives sont donc nécessaires à la progression. Aujourd’hui, le technocapital est attaqué par la gauche et la droite au nom de l’écologie et de l’identité sous différentes formes. De là, naissent le Grand Remplacement, symptôme de la prise de pouvoir du mème sur le gène, du système techno-scientifique sur l’humain et le Grand Réchauffement, conséquence de l’activité humaine. Parmi les écolos, ceux défendant l’écologie intégrale sont ainsi les plus conséquents en cela qu’ils pointent du doigt ces deux problèmes à la fois et constituent donc la boucle de rétroaction par excellence.

Cette position, si elle est cohérente, me semble vouée à l’échec mais toutefois nécessaire. Comme on l’a évoqué dans l’article précédent, l’essence de la technique et de l’évolution darwinienne est la même. Il est donc tout à fait cohérent de vouloir stopper les deux à la fois. La volonté est de conserver l’identité française en figeant les choses du point de vue des gènes et des mèmes ou en d’autres termes, de la race, et de la culture / technique.

Mais on ne peut pas figer l’évolution ni d’un point de vue darwinien, ni d’un point de vue technologique. Les arrangements avec la technique sont aussi illusoires que de prétendre qu’on s’arrangerait avec l’évolution. Le choix est simple, accepter l’évolution et la technique quitte à finalement devenir obsolètes ou être des Amishs et se reproduire jusqu’à ce que la Terre soit de toute façon détruite par une météorite ou inhabitable progressivement avec l’augmentation de la taille du soleil. Nous n’arrêterons pas l’accélération, mais alors pourquoi dis-je qu’ils sont nécessaires ? Ils constituent la boucle de rétroaction négative dont le système technocapitaliste a besoin pour le stabiliser afin de poursuivre son mouvement. Tous les mouvements qui ont prétendu s’opposer au technocapital et vouloir sa mort depuis deux siècles n’ont jamais fait que pointer du doigts ses problèmes intrinsèques. Ce dernier a appris de leurs critiques et a muté afin de régler les problèmes pointés. Les détracteurs du technocapital participent à son homéostasie. Ils en sont des éléments pleinement constitutifs, ce qui confère au technocapital son aspect schizophrène comme l’a bien relevé Deleuze, le seul qu’on pourrait sauver parmi les auteurs de la French Theory.

Les deux voies extrêmes sont donc l’interdiction mondiale de la technique assortie de la préservation des gènes ou l’acceptation de la technique pour ce qu’elle est et la tentative de faire apparaître une AGI (Artificial General Intelligence) malgré les dangers que cela implique.

D’un côté, des gens comme Stiegler, Kaczynski mais aussi Renaud Camus et les bio-conservateurs, de l’autre des gens comme Nick Land, Elon Musk, Peter Thiel et les techno-futuristes. Ou, si on prend les deux vrais extrêmes, Schopenhauer ou Nietzsche. Le premier refusait l’action et jusqu’à la reproduction pour faire un pied de nez à l’Univers, le deuxième en acceptait pleinement le rôle attribué. Si les deux camps peuvent parfois évoquer la race, pour les premiers elle est une finalité, la race n’étant jamais qu’un groupe d’individus possédant une proximité génétique, et pour les seconds elle est un simple moyen permettant de faire advenir le progrès. Mais je crois que la volonté de stopper le processus est une réaction d’orgueil d’un homme bercé de l’illusion de contrôle. Nos idées et nos actions ne sont que notre participation à l’auto-organisation du système cybernétique qui sous-tend l’évolution.

On peut retarder l’arrivée de la singularité, mais on ne peut pas l’empêcher car c’est ici le rôle de la vie. Le seul moyen de détruire le technocapitalisme serait de le nourrir d’information erronées ou d’empêcher la construction d’information. Et il faut bien dire que les écolos de gauche et les décoloniaux font exactement ce qu’il faut pour y parvenir. Dire que les wokes sont un danger pour la civilisation n’est pas grandiloquent car ils créent des fausses informations et empêchent la création d’information capitale. De tels actes constitueraient nécessairement l’augmentation de l’entropie du système puisque ce dernier ne serait plus capable de se réguler de façon appropriée et d’apprendre de ses essais-erreurs. Il persévèrerait donc jusqu’à l’effondrement par l’incapacité à trouver de nouvelles sources d’énergie à dissiper.

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Des limites physiques conduisant à l’effondrement ?

La dissipation d’énergie est évidemment liée à notre capacité à disposer d’énergie à dissiper. Comme nous l’avons vu, la vie va dissiper l’énergie le plus rapidement possible selon les contraintes. Ainsi, la découverte des énergies fossiles a permis l’apparition d’une accélération naturelle de la dissipation d’énergie mais cette accélération n’est pas linéaire et connait des périodes de stagnation comme celle dans laquelle nous sommes aujourd’hui.

17 – Vie et dissipation d'énergie. |
Progrès de la dissipation d’énergie tiré du site de François Roddier

Cela entraîne ce que l’on appelle un phénomène d’équilibres ponctués qui va voir s’alterner deux stratégies de reproduction différentes. Les périodes de fortes expansions favoriseront une stratégie de reproduction nommée r alors que les périodes de stagnation favoriseront une stratégie de reproduction K. La stratégie K est caractérisée par une durée de vie longue et une reproduction rare et tardive alors que la stratégie r est caractérisée par la production d’un grand nombre de jeunes, le plus tôt possible, avec ordinairement une mortalité très élevée. C’est une adaptation aux milieux instables et imprévisibles. Dès lors il n’est pas surprenant que la stagnation technologique actuelle s’accompagne d’une chute de la natalité et le seul moyen pour inverser ce phénomène sera de trouver de nouvelles sources d’énergie à dissiper.

L’effondrement est une possibilité, pas une certitude inéluctable et les gens comme Peter Thiel qui financent les projets autour de la fusion nucléaire rendent un service incommensurable à l’humanité. Et si on trouve une nouvelle source d’énergie, l’accélération reprendra d’elle-même sans même l’appeler de nos vœux car le bien-être humain est de toute façon intimement lié à la dissipation d’énergie. Le physico-chimiste anglais ayant prédit la crise de 1929, Frederick Soddy, auteur du livre Wealth, Virtual Wealth and Debt mettait déjà en avant dès 1922 que le bien-être se mesure en termes de flux d’énergie libre que nous pouvons contrôler à notre avantage. Nous sommes heureux quand nous dissipons de l’énergie et si nous sommes entravés dans notre capacité à la dissiper dans le commerce alors on s’envoie des bombes les uns sur les autres. Vous voulez la paix et plus de pouvoir d’achat ? Pas sûr que la décroissance vous l’amènera mieux qu’une nouvelle source d’énergie à dissiper.

C’est pourquoi je fais personnellement le choix de pleinement accepter la nature de la vie et de la technique et choisit d’accompagner cette dernière en cherchant un équilibre permettant de remplir notre rôle dans l’univers, qui est de dissiper l’énergie le plus rapidement possible en fonction des contraintes, en sachant que cela est une source de satisfaction pour les individus, tout en ménageant notre environnement. En cela ma vision se veut plus éco-moderniste. Je valorise l’efficacité incroyable de l’homme à dissiper 10,000 fois plus d’énergie que le soleil à masse égale mais je suis conscient de la primauté des éléments et qu’on ne pourrait le faire sans la Terre et sans le Soleil. C’est aussi l’approche d’Elon Musk qui va proposer en même temps des implants augmentant nos capacités cognitives et une “bourse” pour l’innovation qui capturera le mieux le CO2 par exemple.

Augmenter nos capacités cognitives c’est à la fois augmenter notre capacité à dissiper l’énergie tout en retardant notre date de péremption et en évitant l’effet de la reine rouge. L’effet de la reine rouge est une référence au personnage d’Alice au pays des merveilles qui doit toujours courir de plus en plus vite pour rester sur place. De la même façon, plus le gène a accumulé d’informations, plus il dissipe d’énergie, mais plus il dissipe d’énergie, plus vite il impacte son environnement et plus l’environnement évolue rapidement, plus il doit s’adapter rapidement. Or le gène ne peut pas s’adapter rapidement par la méthode de la reproduction. Donc le transhumanisme reposant sur la modification génétique et la fusion avec la machine pourrait être notre salut pour éviter un effondrement de l’espèce. C’est s’arranger avec la technique afin de rendre le plus souple possible notre potentiel passage de relais à des formes non carbonées de vie. Car de l’humain augmenté qu’Harari appelle Homo-Deus qui est cet arrangement avec la technique, que restera-t-il quand il n’y aura plus d”Homo” dans Homo-Deus ?

Ça fait mal aux dents de se dire que l’homme sera dépassé, qu’il disparaîtra peut-être entièrement, et c’est pourquoi on doit se doter de ce que j’ai appelé la morale assetique qui veut que tout ce qui arrive est à la fois juste et injuste mais toujours justifiable. Qu’on se dirige vers un effondrement ou une accélération, peu me chaut. Il faut aimer la vie pour ce qu’elle est, qu’elle soit source de plaisir ou de souffrance. Whatever happens, happens, Que sera sera, et peut-être que nos gènes persisteront dans une communion harmonieuse avec la technologie mais si la partie génétique d’homo-deus venait à disparaître, alors il restera toujours du Deus. C’est là aussi notre nature Prométhéenne qui ne va pas sans Épiméthée. Nous procédons par essai-erreur et le pire qui pourrait arriver à l’Occident serait de se voir paralysé à l’idée de faire une erreur.

Mais je ne crois pas que nous serons complètement remplacés par la machine. Pour la simple et bonne raison que, si on regarde l’évolution de l’univers tel que mis en avant par Jantsh, on observe que les nouvelles structures dissipatives qui apparaissent ne remplacent pas les précédentes. Les étoiles ne sont pas devenues obsolètes avec l’apparition de l’homme. Au contraire, l’homme ne pourrait vivre sans le Soleil. Si on continuait le graphique de Jantsh on pourrait mettre en avant que le numérique fera apparaître la puce, comme Neuralink, qui va augmenter nos capacités de mémorisation et de connexion entre les individus qui donnera lieu à une cybernétique avancée et un vrai cerveau global. Et il se pourrait que, de la même façon, si la cybernétique ne puisse jamais vivre de façon autonome, sans les gènes et le cerveau humain, alors l’humanité ne disparaitrait jamais vraiment.

L’univers qui s’auto organise, d’après Eric Jantsh et retravaillé par Roddier.

On ne sait pas ce qu’il se passe aux tous premiers stades après le Big Bang. Mais depuis les atomes légers, on ne cesse d’observer une alternance entre une micro et une macro évolution.

Alors que la meilleure attitude à adopter quant au rôle du progrès dans un univers en dégradation progressive serait de donner à nos efforts le sens d’une tragédie grecque, force est de reconnaître que nous vivons à une époque peu réceptive au sens de la tragédie.”

Norbert Wiener, Cybernétique et société

C’est en cela que je reste Prométhéen, même si je sais que faire le choix de la technique est un pari Faustien. La seule différence entre les deux est le point de vue. D’un point de vue humain, la technique est faustienne car elle conduira nécessairement à la disparition d’homo-sapiens. Mais si on s’extrait de cette subjectivité, on voit la continuité prométhéenne qui prend forme dans le technocapital qui transcende homo-sapiens et même la vie. Techno-sapiens sera le nouveau chouchou de Prométhée. Cela confère à cette vision du monde une posture éminemment tragique qui nécessite d’adopter une morale Archiloquienne qui appelle à remplir son rôle dans l’univers, celui de la vie, avec un certain flegme quelles qu’en soient les conséquences. En d’autres termes, c’est choisir la vérité, l’aléthéia, et la technique qui la dévoile plutôt que l’humanité qui ne pourra être préservée telle qu’elle est aujourd’hui qu’au prix du mensonge et de la fiction rassurante.

Si Dieu existe, alors le technocapital est une émanation de sa volonté. Si ce Dieu devait avoir un nom alors ce serait Prométhée. Mais est-ce que les hommes sont ses chouchous qu’il conduit vers toujours plus de liberté ? Rien n’est moins sûr. On pourrait tout autant disparaître en réalisant sa volonté mais avons-nous vraiment le choix ? Probablement pas. Mais si on respecte ses règles, quand nous disparaitrons, ce sera pour laisser une progéniture dont on pourra être fier. Alors être Prométhéen c’est aussi être Faustien, c’est servir la vie, ou plutôt, la vye.

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6 comments
  1. Conclusion très intéressante.
    Pourquoi ne pas parler de “gène, mème, tèchne” en co-évolution, tout simplement. Personnellement c’est le point de vue que j’ai adopté.
    Le tèchne étant à la base non pas une idée mais un savoir-faire. Gène, mème, tèchne co-évolue, sachant que le mème accélère l’évolution du gène, et que le tèche accélère l’évolution du mème et du gène directement aussi (CRISPR-Cas9)

    Sinon, concernant la disparition de l’homme. L’ADN n’a pas fait disparaître l’ARN, il l’a propagé. La culture n’a pas fait disparaître le gène, le gène n’a pas fait disparaître l’atome (bien que je ne sois pas sûr qu’on puisse parler d’entropie à l’échelle atomique, c’est un concept macro, mais admettons), elle en a propagé certains. Exemple, à notre échelle, la biomasse n’a pas diminué, bien au contraire, mais les animaux sauvages ont été remplacés par les animaux domestiques, puis par les animaux génétiquement modifiés. Les gènes sont plus nombreux, mais moins variés, car ils peuvent varier “globalement” plus rapidement qu’avant grâce au génie génétique. Il suffit de conserver un pool mémoriel des anciens gènes ayant déjà fonctionné pour le cas ou …

    Je CROIS de la même manière que la “machine” ne va pas “remplacer” le biologique, mais elle va s’emparer de lui et le scénario, roughly speaking, serait le suivant :
    nous allons coloniser d’autres planètes à l’aide des machines, mais pour y implanter de la biologie parce que ce sera le meilleur moyen pour les machines d’y évoluer. Les machines vont fabriquer des “nano-machines”, et à cette échelle la solution est déjà connue, c’est l’ADN qui dissipe le plus d’énergie.
    Les machines vont fabriquer des formes de vie pour se propager sur d’autres planètes, pour les explorer à une échelle plus grande.
    Quand je dis “échelle” je parle d’une double échelle : les nano-bio-machines explorent à la fois l’infiniment grand, mais aussi l’infiniment petit.

    Dans cette perspective, l’humain deviendra une sorte de mitochondrie d’une forme de vie supérieure, qui explore une tranche phénoménologique du réel plus étendue.

    J’espère que ce que j’ai écrit est compréhensible (ce qui n’implique pas forcément que vous soyez d’accord). J’ai rarement l’occasion d’échanger sur ces sujets.

    1. J’ajoute que pour l’instant, le cerveau par unité de masse est LARGEMENT supérieur (plusieurs ordres de grandeur) supérieur aux microprocesseurs, sauf erreur. Donc les machines continueront de nous pré-digérer l’information et d’utiliser nos cerveaux pour certaines tâches à haute valeur ajoutée. Peut-être que nous n”en aurons même pas conscience, car elles passeront par le biais de jeux dans le metaverse pour exploiter notre capacité. Après tout, les neurones réels (on l’a découvert récemment) équivalent à plusieurs milliers de neurones virtuels et en plus, ils sont plus efficaces (mais peut-être qu’ils ont une limite en termes de quantité d’information gérable qui ne peut être dépassée qu’avec des puces en silicone). Ou alors je génie génétique va briser cette barrière et permettre grâce aux utérus artificiels de créer des humains avec un cerveau encore plus développé.
      Dans tous les cas, la nano-tech cérébrale continuera d’être présente à mon humble avis. Est-ce que ça aura grand chose à voir avec l’humain actuel ? je ne sais pas.
      Il y a une autre question qui se pose aussi : admettons que nous parvenions à prolonger nos vies, est-ce que nos cerveaux continueront à être pertinent en matière de synthèse d’information sur une durée si longue ? je crois que oui mais je ne sais pas le démontrer.

  2. D’habitude je me contente de rester parmi la majorité silencieuse mais là vu que c’est le dernier article de cette série j’en profite pour vous remercier, la pensée que vous développez est limpide et cohérente et c’était très stimulant intellectuellement parlant !

    Sachez qu’il doit y en avoir pas mal comme moi qui suivent vos articles avec attention mais en restant dans l’ombre donc ne perdez pas la motivation, vous faites un boulot formidable.

    Ah et concernant les penseurs de la french theory, il y a peut-être aussi Baudrillard qui est “sauvable”. 😉

    1. Merci infiniment pour ce commentaire qui me va droit au coeur. J’apprécie que vous ayez fait l’effort de me témoigner votre sentiment car il est parfois difficile de mesurer la façon dont mes articles sont reçus au delà des chiffres.

      Je suis content de vous entendre dire que c’est une pensée limpide car je sais que j’aborde beaucoup de notions avec lesquelles mes lecteurs ne sont pas forcément familiers et que cela est difficile à digérer. Mais j’ai plaisir à croire que ceux parvenant à dépasser ces difficultés initiales découvriront une pensée où les choses s’emboitent bien et auront cette sensation d’évidence satisfaisante qui grandit en eux.

      Pour Baudrillard, il me semble effectivement intéressant mais j’avoue ne pas l’avoir encore lu. J’ai dressé en début d’année une liste de tous les auteurs que je dois lire (environ 400) et Baudrillard y figure mais je tends à les lire par ordre chronologique, sauf quand un article nécessite la lecture d’un ouvrage précis. J’arrive actuellement seulement à la fin de l’antiquité alors j’ai peur que je ne pourrais lire Baudrillard avant plusieurs mois, voire même une année entière.

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