Tripartition 2.0

Tripartition 2.0

Quelle déception ne fut pas la physique quantique pour bon nombre de scientifiques. Alors que les positivistes pensaient qu’on allait découvrir les secrets de l’Univers, son fonctionnement mécanique, la théorie de la relativité générale porta un coup de canif à cette vision que la physique quantique achèvera. Le pauvre Bohr sombra même dans un pessimisme absolu. Nos connaissances dépendent de notre observation. Nous ne sommes pas extérieurs à l’Univers, et toute tentative d’observation est vaine car nous sommes tout aussi acteurs qu’observateurs des phénomènes que nous observons.

Niels Bohr confiera à son fils sur son lit de mort que la recherche de la théorie ultime de la physique pourrait ne jamais aboutir à une conclusion satisfaisante car, à mesure qu’ils cherchent à pénétrer plus avant dans la nature, les physiciens seraient confrontés à des questions d’une complexité croissante qui finiraient par les submerger. Au contraire, John Archibald Wheeler adoptera un point de vue tout autre et résolument optimiste. Il restera convaincu qu’un jour nous parviendrons à comprendre le fin mot de l’existence.

Pouvons-nous un jour espérer comprendre l’existence ? Nous avons des indices et du travail à faire, pour avancer sur cette question. Il est certain qu’un jour nous saisirons l’idée centrale de tout cela comme étant si simple, si belle, si convaincante que nous nous dirons tous, les uns aux autres : Oh ! comment cela aurait-il pu être autrement ! Comment avons-nous pu être aveugles pendant si longtemps !”

John Archibald Wheeler

Cette révolution épistémologique qu’entraîna la physique quantique fut pour lui une bénédiction nous permettant de repenser entièrement notre rapport à la réalité et au rôle que nous y jouons. Pour lui, tout est fait d’information. L’existence de chaque chose observable dériverait de la construction d’information résultant de réponse à des questions binaires. C’est pourquoi il appellera son hypothèse It from Bit. Chaque “it”, ou chose, est crée par des “bits”, ou unité de l’information. Chaque particule, chaque champ de force, voire le continuum espace-temps lui-même, tire sa fonction, sa signification, son existence même, des réponses fournies par l’entité observante à des questions pouvant être répondues par oui ou non, à des choix binaires, à des bits.

“La physique donne naissance à l’observateur-participant ; l’observateur-participant donne naissance à l’information ; et l’information donne naissance à la physique.”

John Archibald Wheeler

Peut-être que Wheeler a tort. Il me semblerait d’ailleurs plus logique que le principe repose sur des qubits plutôt que de simples bits. Mais ce qui est intéressant de comprendre, c’est l’importance de l’information qui est, quoi qu’il arrive, avérée. Si la formulation de Wheeler est correcte et que tout “it” vient de “bits”, alors ce qui est valable pour une particule ou un champ de force l’est aussi pour une société humaine.

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La physique donne naissance à l’observateur-participant

Si vous lisez mes articles régulièrement, cela doit vous rappeler quelque chose. J’ai évoqué par le passé comment on pouvait appréhender la vie d’un point de vue de la thermodynamique et selon les termes d’Ilya Prigogine, comme une structure dissipative. C’est à dire un système thermodynamique ouvert qui va s’auto-organiser afin de maximiser la dissipation d’énergie. On dit qu’il est autocatalytique car les éléments permettant sa catalyse font eux-mêmes partis de la réaction. C’est bien la physique qui, au départ, va faire émerger un “observateur-participant” compris ici comme une structure dissipative collectivement autocatalytique.

On pourra qualifier sa capacité de dissipation d’énergie de puissance ; et ce que Nietzsche nomme “volonté de puissance” pourrait être perçue de la même manière. Ludwig Boltzmann dira d’ailleurs que “la lutte pour la vie est une lutte pour dissiper l’énergie”. En d’autres termes, la volonté de puissance est le désir d’augmenter son potentiel de production d’entropie.

Nous savons empiriquement depuis 2012 que l’entropie informationnelle est directement liée à l’entropie thermodynamique (Lutz, 2012). Un système disposant d’une entropie faible, donc ordonné, est un système où l’information est organisée. Un système qui maintient cet ordre sur le long terme est une structure dissipative qui capture et traite de l’information. L’organisation, l’ordre d’un organisme ou d’une société, va donc être intimement lié à l’information. Plus un organisme sera complexe, plus il sera intelligent. L’intelligence devant être comprise ici comme ce qui va guider le comportement afin d’offrir plus de puissance à l’organisme.

Au sein d’une société humaine, cette organisation va reposer sur deux éléments, la culture et le politique qui intègrera l’aspect militaire car, au final, comme le dit Carl Schmitt, la politique c’est désigner l’ennemi. Leur rôle est de créer un espace harmonisé normativement. S’ils doivent faire la part-belle à la liberté, laisser le marché aussi libre que possible et limiter les prélèvements au maximum, il m’apparait qu’il sera légitime de favoriser des moeurs s’opposant à des pratiques diminuant notre puissance. Je ne suis pas un grand amateur d’interdiction et j’ai bon espoir que la production d’information suffirait à orienter les gens vers de meilleurs comportements. Cependant, il semble par exemple logique à tout le monde que l’on condamne de conduire en état d’ivresse. Ainsi, si la liberté doit être la règle, je ne vois pas d’un mauvais oeil de taxer les produits et services favorisant des comportements allant à l’encontre de l’augmentation de l’ordre pour l’individu et la société. Par exemple, taxer les cigarettes est sublimer un comportement néfaste pour en tirer une augmentation de puissance générale. Cet argent peut ainsi être mis à profit pour construire des infrastructures favorisant l’échange d’information et de matière, comme des autoroutes ou l’implantation de la fibre et de la 5G sur le territoire. Car, quel est le but du politique au final ? En reprenant la formulation de Wheeler, la physique donne naissance à l’observateur-participant, on peut alors imaginer que son but devra être de favoriser un environnement physique permettant d’engendrer des observateurs-participants de meilleure qualité, plus intelligents.

“On dirait que les souverains de notre temps ne cherchent qu’à faire avec les hommes des choses grandes. Je voudrais qu’ils songeassent un peu plus à faire de grands hommes ; qu’ils attachassent moins de prix à l’œuvre et plus à l’ouvrier, et qu’ils se souvinssent sans cesse qu’une nation ne peut rester longtemps forte quand chaque homme y est individuellement faible, et qu’on n’a point encore trouvé de formes sociales ni de combinaisons politiques qui puissent faire un peuple énergique en le composant de citoyens pusillanimes et mous.”

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

Quel sera le rôle de ces observateurs-participants ? La production de connaissances via l’information.

L’observateur-participant donne naissance à l’information

Qu’est-ce que l’observation ? Ce n’est ni plus ni moins que le processus de capture d’une différence de valeur d’une donnée avant et après une action. C’est la collecte de données. Ces données deviendront une information lorsqu’on sera capable d’en tirer un sens symbolique. Par ce biais, nous créerons de l’intelligence qui va permettre de guider l’action. Ceci n’est pas réservé aux humains. Toute structure dissipative fonctionne ainsi. Une structure dissipative va capturer des données, les traiter et en tirer une information qui va guider son comportement vers la maximisation de la production d’entropie. Au sein d’une société, la création de connaissance va revenir principalement à la Science.

Le monde qui nous entoure dépend alors effectivement de l’observateur-participant et des connaissances que l’on crée. Le but de la production de connaissance est de guider notre comportement au sein de l’environnement ; et il est vain de penser qu’on pourrait se dégager de ce but et simplement observer les phénomènes avec un œil extérieur. Il est alors effectivement vain de penser que, par la Science, nous allons tout connaître. La connaissance pour la connaissance est vaine. Nous sommes au sein d’un processus de construction de l’information. Il ne faut pas désespérer de notre incapacité à comprendre certains problèmes qui nous occupent aujourd’hui, ce qui compte est la dynamique.

Cependant, des gens, plutôt à gauche sur l’échiquier politique, ont complètement dévoyé ce fait en imaginant que nous pourrions créer un paradis sur Terre tant que nous nous assurerons de créer les informations validant cet idéal et en refusant de créer des informations l’invalidant. Cela repose sur un postulat faux. Ils pourraient avoir raison si jamais la vie était dépourvue de téléologie et que nous pouvions faire ce que nous souhaitons. Problème, il semble que la vie soit une structure dissipative et que l’évolution sélectionne les organismes et les sociétés dissipant le mieux l’énergie.

Alors, il n’y a que deux options pour juger d’une information, soit elle est vraie, soit elle est fausse. Si vous décidez de vous priver de la création d’information réelle, au titre que cette dernière enfreint un code moral, et que vous favorisez la création d’information fausse car elle est en adéquation avec ce même code, vous n’allez pas créer votre paradis sur Terre. Vous allez simplement nourrir le système, la société, avec de la désinformation et vous allez donc augmenter votre entropie au lieu de la réduire. Pourtant, le but demeure de créer de l’information, de la connaissance, la plus juste possible. Le rôle de la Science est de permettre la construction d’information qui va guider notre comportement.

Il va également être crucial pour une société de transmettre ces informations. Les transmettre avant tout à leurs contemporains via les médias, puis d’une génération à l’autre via l’éducation. Une société saine voudra bien évidemment faire en sorte de transmettre les informations vraies et importantes et éviter la propagation des fausses informations. Cette transmission est importante car le sujet de la connaissance est la société elle-même que l’on forme collectivement via le “cerveau global”. On retrouvera la même nécessité de transfert d’information au cours du temps au sein des entreprises, qui sont elles aussi des structures dissipatives. Lorsqu’un employé s’en va, on lui demandera de former son remplaçant ou, lorsque de nouvelles connaissances sont nécessaires, on enverra un employé en formation.

Les connaissances dépendent alors de la science qui repose elle-même sur l’éducation et les médias. La production de cette connaissance dépend de nos capacités cognitives et de nos outils. C’est pourquoi elle sera souvent devancée par la philosophie, qui va spéculer des connaissances seulement via nos capacités cognitives, lorsque nous n’aurons pas encore les outils adéquats. Ces outils lui seront alors fournis par l’industrie qui va s’appuyer sur les informations existantes pour les créer.

Quel sera le rôle de l’information ? Offrir les connaissances nécessaires à la technique qui va ordonner les ressources matérielles.

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L’information donne naissance à la physique

L’information qui donne naissance à la physique ? Cela ne vous semble pas familier ?

Comme je l’ai expliqué dans plusieurs articles maintenant, l’essence de la technè, telle que les Grecs la comprenaient, et telle qu’Heidegger l’a pensée en s’appuyant sur leur philosophie, est le “dévoilement de l’être”. Or, l’être peut tout simplement être perçu comme l’information. Donc la technè va faire “venir dans l’apparence” un élément matériel qui existait au préalable en tant qu’information. La technè chez les Grecs recouvre aussi bien ce qu’on nomme aujourd’hui l’artisanat que l’art. Tout savoir faire pour eux est un art qui relève de la technè.

On comprend ainsi que cela dépasse l’homme agissant. Par exemple, l’organogenèse relève de la même essence. Elle part d’information génétique pour constituer un organisme cohérent.

Du point de vue de la société humaine, la technique est donc la transformation d’information en des produits et services. De Vinci peut imaginer un objet volant, mais il ne peut ni imaginer, ni créer un hélicoptère car il lui manque les informations adéquates. Elle reposera donc en premier lieu sur la Science, pour lui fournir des informations, et naturellement sur l’industrie et l’économie, pour transformer ces informations en produits et services physiques.

Quel sera alors le rôle de ces produits et services physiques ? L’augmentation de la puissance, donc de l’intelligence.

Considérations inactuelles sur la tripartition

Le but est alors de générer un cercle vertueux. Le politico-culturel doit assurer les conditions environnementales favorisant la création et la transmission de connaissances, via la science et l’éducation, qui sont au service du technocapital et de l’art qui doivent, en retour, permettre d’augmenter la puissance du politico-culturel. Si on y parvient, la civilisation connait une phase ascendante. Si on échoue, elle décline. Un changement positif dans cette chaine peut favoriser une dynamique de changements positifs sur le reste de la chaîne et, au contraire, un changement négatif peut entraîner une réaction en chaîne de changements négatifs sur le reste de la chaîne.

Chaque séquence est constituée de couples formant des boucles positives et négatives. Le politique cherchant la puissance est une boucle positive tempérée par les moeurs, la philosophie une boucle positive qui verra ses idées validées ou infirmées par la science et exploitées par l’éducation et la technique servira aussi bien l’art qui est non utilitariste que l’industrie qui transformera ces pulsions artistiques en “design” afin d’en faire une production tournée vers un but utile. Chaque individu est un maillon de cette chaîne, un asset qui a la responsabilité d’assumer son rôle le mieux possible. Si chacun comprend l’importance de son rôle et le joue pleinement, une dynamique positive s’enclenche.

L’effet Flynn, observé jusqu’à la fin des années 90 en Occident, était un signal positif d’une dynamique fonctionnelle. En revanche, la chute récente de 4 points de QI, en 10 ans, en France, devrait nous inquiéter au plus haut point, car il semble que nous soyons entrés à l’heure actuelle dans un cercle vicieux. Si on observe un déclin, on peut alors questionner où sont les problèmes et tenter de les corriger. Ce que Yarvin a bien identifié, en la nommant la cathédrale, est cette coalition entre les universités et les médias, chargés de la production et de la transmission de l’information. Il semble cependant dire que tout fout le camp depuis la déclaration d’indépendance des États-Unis, et je ne crois pas que ce soit le cas. Mais il est vrai qu’aujourd’hui les gauchistes, en s’immisçant au sein des universités et des médias, ont peu à peu généré des informations qui ont infusées dans la société en gangrénant la boucle. L’industrie du cinéma est rapidement devenue une courroie de transmission de cette information et l’a délivrée à l’échelle mondiale, pourrissant ainsi la culture occidentale.

Laissez tourner cette boucle quelques décennies et vous obtiendrez des pays de plus en plus dysfonctionnels. L’échec de tous les hommes politiques de droite, ces dernières décennies, Trump y compris, est d’avoir négligé l’importance de la création d’information, une fois au pouvoir, en se concentrant sur les domaines de l’économie et de l’industrie. Qu’a fait Sarkozy sur ce point ? Seul Bolsonaro, qui a bien d’autres tares, a dit d’emblée qu’il réorienterait les fonds alloués à la sociologie et la philosophie à d’autres domaines.

Reprendre les rênes du politique doit avoir pour but d’enclencher une dynamique ascendante. Cela commence par générer de meilleurs “observateurs-participants”. C’est pourquoi la question de l’immigration est la plus cruciale de toute car rien n’indique que le changement démographique que l’on observe à l’heure actuelle conduise vers une amélioration qualitative de ces “observateurs-participants”. Ensuite, le politique devra favoriser la création et la transmission d’une meilleure information. Donner le bac à 95% des élèves et les pousser à faire des bac+5 dans des filières farfelues est contre-productif. Empêcher la production d’information dans les universités est une hérésie. Subventionner des médias que personne ne lirait autrement, aussi. On arrête tout ça. Sans subvention, seuls les domaines favorisant notre puissance et les individus qualifiés subsisteront. De cette excellence naîtront les talents de demain qui serviront le technocapital. Ce dernier aura pour but d’augmenter notre puissance et fera place à une culture de l’excellence qui favorisera l’essor d’une élite qui n’existe peut-être même pas aujourd’hui mais qui naîtra de ce processus.

En attribuant une figure tutélaire à chaque séquence on retrouvera notre trinité. Dionysos est le désir ou l’information qui donne naissance à la physique, Apollon est l’être ou la physique qui donne naissance à l’observateur-participant et Prométhée est l’intelligence ou l’observateur participant qui construit l’information. En dernière analyse, ces trois séquences représentent différentes fonctions : Gouverner, Élever, Produire ou les domaines guerrier, religieux et économique. J’ai choisi d’appeler cela le système tripartite. Oh ! wait…

Je ne dis rien d’autre ici que ce que Saint-Augustin aura lui même remarqué en attribuant ces trois aspects de l’âme d’un individu à l’être, le connaître et le vouloir. Mais si un être humain ne diffère pas dans son fonctionnement cybernétique aux autres structures dissipatives alors ces trois choses forment un tout valable pour toute structure ordonnée et donc fort logiquement une bonne organisation pour une société.

“Où est l’homme qui comprend la toute-puissante Trinité ? où est l’homme qui n’en parle ? et peut-on dire
qu’il en parle ? Bien rare est l’intelligence qui en parle avec la science de sa parole. Et l’on conteste, et l’on
dispute ; et c’est un mystère qui demeure voilé aux âmes où la paix n’est pas. Je voudrais que les hommes observassent en eux-mêmes un triple phénomène ; simplitude infiniment différente de la Trinité sainte, mais que j’offre à leur méditation, pour leur faire sentir et reconnaître l’infini de la distance. Ce triple phénomène, le voici : être, connaître, vouloir : car je suis, je connais, je veux : je suis celui qui connaît et qui veut. Je connaît que je suis et que je veux, et je veux être et connaître. Combien dans ces trois choses la vie forme un tout indivisible, l’unité de la vie, l’unité de l’intelligence, l’unité de l’essence, l’impossibilité de distinguer des éléments inséparables et pourtant distincts, comprenne cela qui peut. Homme, te voilà en présence de toi-même ; regarde en toi ; vois, et réponds moi ! Et si tu trouves quelque lueur dans ces mystères de ton être, ne crois pas en avoir pénétré plus avant dans les mystères de l’Etre immuable au-dessus de tout, immuable dans son être, immuable dans sa connaissance, immuable dans sa volonté : car, est-ce à cause de cette triplicité, que Dieu est Trinité ; ou cette triplicité réside-t-elle en chaque personne divine, chacune étant
unité-trinaire ; ou bien, dans le cercle incompréhensible, infini, d’une simplicité multiple, est-il unité féconde, principe, connaissance et fin de soi-même, qui se suffit immuablement ? Quel esprit aurait la force de dégager cette terrible inconnue ? Quelle parole, quel sentiment seraient exempts de témérité ?

Saint-Augustin, Les Confessions

Alors doit-on revenir à une monarchie de droit divin adossée au pouvoir de l’Église ? Oui bien sûr, dès demain en claquant des doigts. Ce n’est évidemment pas ce que je dis ici et je ne crois pas que cela soit possible de toute manière. Je ne suis allergique ni à la monarchie, ni à la démocratie car je ne crois pas que l’aspect formel soit le plus important. Les démocraties libérales ont elles-mêmes ces 3 ordres sous une forme différente dans leurs seins avec le gouvernement et les universités. Ce qu’il faut c’est trouver une nouvelle forme qui permette d’aligner les 3 ordres afin qu’ils servent de nouveaux la puissance de nos sociétés occidentales. Le plus important est alors de trouver, comme le dit Hobbes, la concorde et l’obéissance des individus. Et il ne peut y avoir de concorde et d’obéissance qu’entre des individus le désirant.

“En effet, la prospérité d’un peuple gouverné par une assemblée aristocratique ou démocratique
ne vient ni de l’aristocratie ni de la démocratie, mais de l’obéissance et de la concorde des sujets ; et le peuple n’est pas non plus florissant en monarchie parce qu’un seul a le droit de le gouverner, mais parce qu’il lui obéit.”

Thomas Hobbes, Léviathan

C’est en cela que la sécession me semble inévitable et que je crois plus en l’avenir d’une nation qui émerge en se séparant des éléments avec qui elle ne souhaite pas faire société. Cette nation se donnera alors le mode de gouvernance qu’elle souhaite et qui lui semble le plus approprié. Elle n’aura pas besoin de lois superflues car ses membres partageront une vision du monde globalement similaire et donc des moeurs communes visant à augmenter leur puissance commune.

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1 comment
  1. Comme d’habitude, lecture agréable, même si je n’ai sûrement pas tout assimilé du fait de mon ignorance de la théorie thermodynamique (ce en quoi vos articles sont d’autant plus bienvenus).

    J’avais déjà fait ailleurs cette remarque, selon quoi si la “Tradition Primordiale” est à la fois protéiforme et ses principes intransgressibles, alors les trois “castes” traditionnelles doivent nécessairement se retrouver dans notre monde d’aujourd’hui, peu importe qu’on lui donne on non son assentiment. Ainsi, dans la mesure ou la Science remplace la Religion en tant que paradigme civilisateur (c’est-à-dire en tant qu’un champ d’expérience, de spéculation et en retour de connaissance), la fonction “sacerdotale” –oratores– semble être occupée par les scientifiques en blouse blanche (cette dernière étant le symbole de l’autorité scientifique, dixit Thomas D.). De même, c’est ouvert à discussion mais je considère que la fonction guerrière –bellatores– est peu ou prou occupée, bien sûr par les militaires, mais aussi et avant tout les politiques … notamment le Président qui est le “Chef des Armées.”

    Quant à la fonction des travailleurs ou artisans, laboratores … je joue certes le jeu de la provocation, mais ne pourrait-on pas considérer que les programmeurs au sens large supplantent les paysans dans la place qu’ils occupent au sein de la société ? En deux mots : tout le monde a besoin d’eux, du moins une immense part de la structure sociale repose sur leurs compétences, et pourtant ils sont relativement peu considérés (peu de reconnaissance sociale du métier, cliché désobligeant du programmeur qui “pisse du code” assis derrière un écran à longueur de journée).

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