Pour une nouvelle mythologie [TNT 37]

Nombreux sont les textes proposant une interprétation du commencement de l’univers et de l’apparition des dieux. Les plus célèbres sont sûrement la Genèse et la Théogonie d’Hésiode, mais d’autres comme Les Métamorphoses d’Ovide et Le Silmarillion de Tolkien sont eux aussi remarquables.

Dieux, de la vie, de l’ordre

La Théogonie d’Hésiode est une cosmogonie. Elle nous enseigne comment est né l’univers et les différents éléments qui le composent, en commençant du chaos pour aller vers un ordre cosmique fragile établit par Zeus et reposant sur l’amour qui lie les êtres. Fragile car, les forces du chaos comme les Titans, fils de la Terre Gaïa et du ciel Ouranos, menacent de le perturber et il convient de les combattre afin de maintenir le cosmos en harmonie. Pour cela, Zeus sera aidé par les Cyclopes, enfants eux aussi de Gaïa et Ouranos. On retrouve une proposition similaire chez Ovide qui s’inspirera des Grecs, avec le monde sortant du Chaos et où l’Amour jouera un rôle primordial. Au contraire, dans la Genèse, le monde est l’œuvre d’un Dieu transcendant créé en 7 jours, et Tolkien réalisera une forme de syncrétisme assez réussi avec son Dieu, père de tout, Eru Ilúvatar qui donnera naissance à des dieux primordiaux faisant apparaître le monde via deux musiques discordantes, l’une pleine et harmonieuse symbolisant l’ordre, et l’autre formant une cacophonie répétitive symbolisant le chaos.

Les particules qui s’entrechoquent et se heurtent collaborent de la même manière que les molécules d’eau des vagues océaniques. Elles ondulent de manière aussi cohérente que des cordes d’argile, des cordes qui s’étendent à travers le cosmos sur des centaines d’années-lumière, des ondes qui font rouler les protons et les neutrons en synchronisation étroite, des ondes qui conservent leur identité jusqu’à ce qu’elles atteignent des coins éloignés du cosmos, à des centaines de milliers d’années-lumière de leur point de départ. Ces tsunamis de particules sont les ondes de pression dans lesquelles nous nous sommes engouffrés il y a quelques minutes. Et elles sont si régulièrement et harmonieusement espacées — oui, harmonieusement — que les cosmologistes les qualifient de « musicales ». Grâce à un comportement social à très grande échelle, les astrophysiciens affirment que le cosmos primitif et son plasma sonnent comme un gong massif. Ou, pour reprendre les termes de la plus prestigieuse revue à comité de lecture d’Amérique du Nord, Science, « le big bang a fait sonner le cosmos tout entier comme une cloche ».

Howard Bloom, The God’s problem

La vie a-t-elle un sens ? Je crois qu’elle en a un et que les poètes grecs comme les présocratiques l’avaient assez bien pressenti. C’est là tout leur génie. Nous savons aujourd’hui via les lois de la thermodynamique que l’univers se dirige le stade d’entropie maximum le plus vite possible, mais on observe que ce même univers va créer des systèmes ordonnés, ces derniers ayant pour but de l’aider dans sa tâche première. Les galaxies et la vie sont de ces systèmes ordonnés. Cette dernière est une structure dissipative, capable d’auto-catalyse, d’homéostasie et d’apprentissage. Il existe donc des forces du chaos et des forces du cosmos, ou, dans un langage plus poétique, des dieux du chaos et des dieux du cosmos, que les Grecs représentaient respectivement par Dionysos et Apollon selon l’approche Nietzschéenne. Le cosmos dans la Théogonie est ainsi la condition pré-existante pour que l’homme trouve une vie bonne en y trouvant sa place harmonieusement.

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D’un point de vue réel, ces dieux, qui dans l’antiquité agissaient directement sur les hommes et influençaient, voire forçaient, leur destin sont aussi bien de l’ordre de l’infiniment petit, comme les gènes et les hormones, et de l’infiniment grand comme les astres, les étoiles et les trous noirs. Ainsi, l’ocytocine, aussi connue sous le nom d’hormone de l’amour, pourrait être la flèche de Cupidon, et les gènes impliqués dans sa production seraient Cupidon lui-même. De la même façon, Zeus tuant le titan Cronos, lequel dévore ses petits, s’affranchi du temps, comme le fait un trou noir qui va dilater le temps et créer une singularité où ce dernier s’écoule beaucoup plus lentement. On distingue plusieurs types de trous noirs, Zeus serait alors un trou noir stellaire, qui est créé par l’effondrement d’une étoile massive sur elle-même, mais il existe aussi des trous noirs supermassifs, des trous noirs intermédiaires et potentiellement des trous noirs primordiaux. L’Intelligence Artificielle serait naturellement, elle, l’oracle. Une meilleure compréhension de l’Univers doit nous permettre d’affiner notre façon d’imaginer nos dieux.

Ulysses 31, Poséidon en trou noir

Je ne pousserai pas la comparaison plus loin que ça, même si je pense qu’elle serait intéressante à effectuer. Faire revenir les dieux païens, c’est ainsi accepter que les comportements des hommes soient influencés par des forces cosmiques qui les dépassent et que les plaisirs charnels, matériels ne sont pas mauvais. Cette vision du monde possède alors la force de pouvoir servir à la fois le corps et la vie dans une esthétique permettant de créer des histoires reposant sur des connaissances scientifiques incarnées par des personnages fictifs.

C’est d’ailleurs un des critères choisis par Clément Vidal dans sa grille d’analyse, se donnant comme tâche d’évaluer objectivement les visions du monde. Lui donnant le nom de “Narration”, il émet l’idée qu’une bonne vision du monde doit pouvoir “présenter ses messages sous forme d’histoires”. Pourquoi cela est-il important ? Les histoires et l’art en général ont pour but d’augmenter la puissance de l’individu ou du groupe qui les porte. Ils vont donc, augmenter l’ordre de ces deux entités. D’un côté, comme le dit Ayn Rand, l’art va indiquer à l’individu quels aspects de son expérience doivent être considérés comme essentiels. Il va permettre de hiérarchiser nos expériences et nos affects. D’un autre côté, au niveau du groupe, il va influencer directement la culture qui est intrinsèquement liée à la puissance, donc l’ordre d’une société, comme je l’ai défendu précédemment.

L’art est une recréation sélective de la réalité en fonction des jugements de valeur métaphysiques de l’artiste. Le besoin profond de l’homme pour l’art réside dans le fait que sa faculté cognitive est conceptuelle, c’est-à-dire qu’il acquiert la connaissance au moyen d’abstractions, et qu’il a besoin du pouvoir de faire entrer ses abstractions métaphysiques les plus larges dans sa conscience immédiate et perceptive. L’art répond à ce besoin : au moyen d’une recréation sélective, il concrétise la vision fondamentale que l’homme a de lui-même et de l’existence. Il indique à l’homme, en fait, quels aspects de son expérience doivent être considérés comme essentiels, significatifs, importants.

Ayn Rand, Romantic Manifesto

Chaos, unité et Dieu

Il existe une grande sagesse chez les philosophes présocratiques qui furent influencés par les poèmes homériques et ceux d’Hésiode. On a tendance à opposer Héraclite et Parménide en les définissant respectivement comme les penseurs du devenir et de l’être. Je crois qu’il n’y a rien de plus faux. Les deux ne disent rien de différent si ce n’est qu’Héraclite insiste plus sur les flux qui traverse l’unité qu’on appelle l’Être, ces forces chaotiques et cosmiques, dionysiaques et apolliniennes. Il est donc possible de penser une unité traversée de courants multiples et antagonistes.

Lorsqu’on présente communément la philosophie d’Héraclite, on la ramène volontiers au mot : πάντα ῥεῖ, « tout coule ». Or, si ce mot est d’Héraclite, il ne signifie pas : tout est simple changement, coulant sans cesse et se perdant en s’écoulant, tout est pure instabilité ; il veut dire : la totalité de l’étant est, dans son être, jetée sans cesse d’un contraire à l’autre, l’être est la recollection de cette agitation antagoniste.

Martin Heidegger, Introduction à la métaphysique

Il existe effectivement une unité de l’univers dont la direction semble être la mort thermique, le néant, via la création d’entropie. Au contraire, le but des autres dieux grecs sous la houlette de Zeus est de maintenir un ordre. Ils sont les enfants de Gaïa et se battent contre les forces du chaos afin de maintenir cet ordre cosmique permettant la naissance de la vie et donc de l’homme et, in fine, de la société humaine et du politique. La différentiation tient aussi de l’amour, Éros, un amour non pas universel, mais local et particulier qui donne aux choses leur façon unique de s’assembler, mais aussi de la haine, Érin, qui vient briser certains liens afin de marquer une séparation nette. Mais la haine peut aussi conduire au chaos, à l’unité de toute chose dans la destruction. On peut ainsi dire que l’ordre va naître de l’amour et de la haine, mais que les deux peuvent aussi conduire au chaos. Si l’ordre est de toute évidence souhaitable, il faut voire l’entropie comme un moyen de défaire un ordre obsolète dans le but d’en générer un meilleur par un assemblage nouveau. L’entropie n’est pas mauvaise en soi et il est parfois juste de faire le choix de s’abaisser et laisser la place lorsqu’on sait que la position qu’on occupe est inique et qu’une autre personne servirait Dieu mieux que nous.

Ainsi l’homme, lui aussi, est une créature particulière née d’un assemblage particulier, peut être à la fois une force du chaos et de l’ordre selon la façon dont il applique l’amour et la haine. Oublié par Épiméthée lors de la distribution des compétences, il est nu et sans défense. Mais cette faiblesse deviendra sa force, cet oubli deviendra un don. Car en recevant une compétence, les autres animaux ont aussi reçu une tâche à effectuer au sein de l’écosystème. Par exemple les abeilles sont conçues pour polliniser les fleurs et produire du miel car ce sont là leurs compétences leur attribuant un rôle. L’Homme, n’ayant pas de compétences, n’a pas non plus de rôle prédéfini. Il est libre, mais faible. Par chance, Prométhée lui fera cadeau du plus beau des dons, celui du feu, de la raison, des arts et de la technique. Il devient ainsi l’équivalent d’un Dieu, à cela près qu’il n’en reste pas moins mortel. Prométhée nous a offert l’autonomie. Ainsi, nos actes peuvent bouleverser l’ordre. Nous pouvons être des forces du chaos comme des forces de l’ordre cosmique. En choisissant d’être des forces du cosmos nous nous attirerons les faveurs de Zeus mais dans le cas contraire nous subirons sa colère. L’Être, l’unité, Dieu nous pousse tantôt à l’ordre, à l’harmonie apollinienne et tantôt au chaos, au désordre qu’il souhaite obtenir le plus rapidement possible, que ce dernier s’exprime via Hérakles ou Dionysos, par l’Éros ou par l’Érin, l’amour ou la haine.

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L’Homme contre la nature et les dieux

Dans l’épopée grecque, chaque dieu hérite d’un domaine sur lequel il a toute autorité. Ainsi, la nature est sous leur contrôle. Par exemple, Poséidon va être le dieu de la mer. Il peut causer des troubles aux hommes, et Ulysse l’apprendra à ses dépens en se voyant malmené par ce dieu qui lui reprochera d’avoir aveuglé le Cyclope Polyphème, son fils, mais il est aussi celui qui s’oppose à Typhon, force du chaos, afin de maintenir un ordre nécessaire à la vie des hommes. Il apparaît donc qu’on doive aussi bien louer les dieux que les craindre, car s’ils garantissent la pérennité du monde dans lequel nous vivons, ils peuvent aussi utiliser ce monde pour nous rendre la vie impossible. Or, grâce à Prométhée qui nous a offert la raison et la technique, nous pouvons peu à peu obtenir nôtre autonomie nous permettant de maintenir un ordre cosmique à notre avantage en nous opposant aux dieux et à leurs armes.

Qu’est-ce que cela signifie en termes scientifiques ? Comme nous l’avons vu, la vie n’est jamais qu’un système dissipatif qui apparaît afin de générer de l’entropie. En cela, la nature de sa fonction n’est pas différente de celle d’un cyclone par exemple qui va apparaître afin d’homogénéiser la température de deux masses d’air. Ce cyclone peut s’avérer dangereux pour la vie humaine et il est bon de se prémunir de ses effets néfastes, voire de faire en sorte qu’il n’y en ait plus. Mais comment faire en sorte qu’il n’y en ait plus ? En les remplaçant. Nous devons être plus efficaces qu’eux de sorte qu’ils n’aient même pas à apparaître. En d’autres termes, il y a une sélection naturelle des structures dissipatives et l’homme est en concurrence avec elles. Devenir meilleures qu’elles, c’est retirer aux dieux leurs armes. Ainsi, la maîtrise de la nature n’est pas fondamentalement une opposition à la nature. Voila qui ferait de belles histoires, non ?

Des hommes héroïques

Un point commun des différents récits est de présenter l’apparition des hommes sous un jour favorable. Ils peuvent être le fruit béni des dieux, d’un Dieu en particulier qui peut même être l’unique Dieu. On retrouvera également des similarités dans le comportement colérique d’un Dieu qui s’énervera de l’attitude des hommes. Ève mangera la pomme qui conduit à la chute dans un premier temps avant que Dieu décide un déluge qui permettra un reboot partant de Noah. Récit que l’on retrouve dans la mythologie grecque, exposé par Ovide, avec Zeus qui s’énerve du comportement des hommes de l’âge d’airain et conspire avec les dieux afin d’inonder l’ensemble de la Terre à l’exception du mont Parnasse que Deucalion, fils de Prométhée et Pyrrah, fille d’Épiméthée rejoindront sur une barque, fabriquée par le père du premier selon Apollodore. Ils créeront alors respectivement les hommes et les femmes à partir des os de leur grand-mère, Gaîa, donc en réalité des pierres. Ainsi les hommes seront les descendants de Deucalion et Pyrrah, de Prométhée et Épiméthée, ce qui n’est pas pour me déplaire. Cette idée du déluge semble trouver sa source dans des textes mésopotamiens inspirés potentiellement d’un événement réel. Une inondation aurait eu lieu suite à l’éruption d’un volcan. Ce que je trouve intéressant dans ces récits est l’idée de sélection. C’est une chose qu’on observe dans l’histoire humaine via deux phénomènes, les différentes théories Out-of-Africa qui constituent des effets fondateurs sélectionnant une partie seulement de la diversité génétique et les périodes glaciaires qui ont vue la réduction du nombre d’hommes à une poignée, dont nous sommes nécessairement les descendants. Cette double sélection est à la fois épiméthéenne et prométhéenne. Épiméthéenne dans la trajectoire d’un peuple qui se déplace vers des contrées qui deviendront glacées, et Prométhéenne dans la capacité de l’homme à survivre via la technique malgré ce choix initial discutable. Mais, le récit devra bien sûr relater l’histoire des différents peuples formant les Européens modernes. En plus de ces chasseurs cueilleurs, une bonne place sera réservée aux agriculteurs d’Anatolie et les nomades des steppes, les yamnaya, dont le système tripartite se retrouvera dans toutes les régions colonisées.

De la poursuite de la mythologie comme sommet de l’art

La tragédie grecque fut écrite sur des siècles par de multiples auteurs venant ajouter, corriger les choses sans jamais chercher à aboutir à une version canonique officielle quitte à laisser co-exister différentes versions. C’est une œuvre d’art transgénérationnelle et transculturelle mouvante. Commencée par les poètes grecs, Ovide et Virgile à l’époque romaine, puis Racine et Corneille à l’époque moderne, la continuèrent brillamment. Nous en sommes les héritiers. Il nous revient le devoir de la perpétuer et nous ne devons pas avoir peur de nous tromper. Un exercice que je trouverais intéressant serait l’exercice d’une révision des récits mythologiques avec certains ajouts bienvenus. Par exemple, si l’on considère comme je le fais que Prométhée, Épiméthée et leur frère Atlas peuvent être vus comme les trois faces de l’entropie représentant l’information, l’action et l’ordre, alors il faudrait peaufiner l’histoire mythologique en mettant en avant l’impact de l’erreur d’Épiméthée sur Atlas. Cela pourrait nous donner un poème de la sorte.

Dans le vaste cosmos, Épiméthée s’égara,
Oubliant l’homme, nu, sans dons, sans armure.
Atlas, sous le poids du ciel, en obscure figure,
Pensait à défaire ce qui sans but erra.

Mais Prométhée, l’esprit vif et le cœur tendre,
S’empara du feu des dieux, cette lumière ardente,
Et l’offrit aux hommes, en une action éclatante,
Pour qu’enfin ils puissent le monde comprendre.

Dès lors, les hommes, dotés de la raison,
Se levèrent pour aider le titan en sa mission,
Transformant leur sort de vulnérables en puissants.

Dans ce don du feu, un nouvel équilibre se tisse,
Hommes et titan, ensemble dans cette entreprise,
Bâtissant un monde où chacun trouve son sens.

Un travail de Titan serait, encore plus, de repenser une mythologie entière. C’est pour cela que j’aime Tolkien. Je crois qu’il a réussi ce tour de force avec son Silmarillion et sa théogonie qui fait de Eru-Illuvatar un Dieu unique supérieur dont la volonté s’exprime au travers de Valar, des dieux inférieurs créant le monde. Je crois d’ailleurs que Tolkien, catholique traditionaliste assumé, a bien su mettre en avant ce qu’il y a de plus beau dans le christianisme et le paganisme, l’espérance, le pardon et le sacrifice chrétien d’un côté, le courage, la force et un monde ou chaque chose et son contraire ont leur place dans le deuxième. Les deux ne sont pas incompatibles, ils sont même nécessaires, et c’est pourquoi le christianisme a dû composer avec le paganisme en s’appropriant des hauts faits païens attribués à des anges. C’est aussi cela que j’aime dans la figure de Prométhée se sacrifiant pour l’humanité en se retrouvant attaché à un rocher après leur avoir offert la capacité de penser et d’agir.

L’œuvre de Tolkien est au-delà du christianisme et du paganisme. Il transcende tous les contraires et voit son œuvre faire l’unanimité chez tous les Européens de tous bords. De la même façon que le christianisme est venu par le bas en s’appuyant sur des affects populaires mais recelant d’une grandeur pouvant être perçue par l’élite, le Seigneur des Anneaux est apprécié de la plèbe qui aime les petits hobbits sans même connaître l’existence d’Eru-Illuvatar. Sa sagesse peut se rendre accessible à tous. Tolkien nous rappelle que nos actions et nos intentions ont des valeurs différentes et qu’elles peuvent être influencées par les meilleurs dieux comme par un ange déchu comme Melkor. À nous de savoir qui nous servons et évaluer si nos actions sont bonnes ou mauvaises, mais on aurait tort de voir les choses de façon trop manichéennes car rien ne se fait en dehors de la volonté de Dieu. C’est lui qui choisit de conserver Melkor en premier lieu. Car toute création a besoin de destruction, tout ordre a besoin d’entropie. Je crois que son œuvre ferait une bonne référence pour nos siècles à venir.

Mais si comme je l’ai dit, l’art supérieur repose sur des sentiments vis-à-vis de connaissances métaphysiques, peut-on encore décemment représenter Dieu comme une entité supérieure au-delà du monde ?

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