identite-neguentropie-extropie

L’identité comme produit de la coévolution gène-culture

L’identité est prise entre plusieurs feux, et pas seulement deux comme le voudrait la théorie complotiste de l’extrême centre de la tenaille identitaire. La gauche aura tendance à parler d’identité purement individuelle lorsqu’il s’agit de défendre les droits des LGBT, mais collective lorsqu’il s’agit de défendre les droits des racisés. Le but sera toujours d’utiliser l’identité au service de la défense des minorités. À droite, au contraire, elle sera nécessairement collective afin de servir les intérêts de la nation ou du peuple majoritaire. Enfin, nous aurons les ethno-nationalistes qui font reposer l’identité sur les gènes qu’ils voient comme l’être d’un individu.

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L’identité vue de gauche

À gauche règne une vision de l’identité purement individuelle et dynamique. Chacun pourrait devenir ce qu’il souhaite indépendamment de ses déterminismes biologiques. Cette façon de penser les fait entrer dans un raisonnement circulaire les amenant à ne plus pouvoir définir les choses. Qu’est-ce qu’une femme ? Un individu qui se perçoit femme. Mais pour qu’un individu se perçoive comme une femme il faut au préalable définir ce qu’est une femme. C’est évidemment un non-sens mais cela ne froissera pas les gens de gauche puisque l’identité est une arme idéologique qui doit servir leur aspirations politiques.

De la même façon, s’ils parlent de race plus que de raison, c’est toujours sous le prisme du matérialisme historique marxiste. L’identité étant seulement individuelle pour eux, les “Noirs” n’auraient jamais été noirs si les “Blancs” ne les avaient pas affublés de ce sobriquet pour marquer leur domination. Il n’y avait au début que des individus inconscients d’appartenir à des groupes ethniques, mais les méchants Blancs sont arrivés et ont séparé le monde en races.

C’est un abus de la théorie de l’information. Oui, le monde est information ; oui, nous participons à le créer par nos représentations symboliques, mais il existe indépendamment de nous. On ne crée jamais quelque chose ex-nihilo via le langage. L’information est relationnelle. Il y a des “Blancs” parce qu’il y a des “Noirs”. S’il n’y avait pas de “Noirs”, les “Blancs” ne se penseraient pas en tant que “Blancs” et n’auraient pas attribué le label “Noirs” aux Africains. L’information est nécessairement socialement construite par l’observateur qui génère cette connaissance, mais le fait qu’il soit observateur implique qu’il y ait une chose à observer en premier lieu. Alors, il est logique qu’on puisse se tromper et réviser les choses par la suite, mais ça ne saurait remettre en question l’existence une différence observée sur laquelle poser un terme en premier lieu.

Que nous choisissions de considérer Pluton comme une planète puis de lui retirer ce titre ne change rien à l’existence de Pluton et à ce que Pluton est en soi. Si on choisit de ne plus dire “planètes telluriques” car c’est une construction sociale qui discrimine les planètes gazeuses, ça ne change rien au fait que certaines planètes sont solides et d’autres gazeuses. La seule chose qui change est notre capacité à saisir cette information. Vous pouvez choisir d’enlever entièrement la classification en planètes pour qu’aucun astre ne souffre d’exclusion mais, ce faisant, vous effectuez une perte d’information sur le système, et donc vous augmentez l’entropie dudit système.

Imaginez que vous enleviez les distinctions tellurique et gazeuse pour ne parler que de planètes. Au bout de 50 ans vous observez que les planètes qu’on appelait gazeuses auparavant sont toujours plus grosses que les planètes anciennement appelés telluriques. C’est tout à fait logique puisque qu’elles diffèrent dans leur nature, qui est liée à l’histoire de leur formation particulière. Pas pour la gauche. Selon leur logique, ils y verront une prolongation des inégalités par d’autres moyens.

C’est de cette façon que la race est revenue sur le devant de la scène par la gauche. Le libéralisme color-blind (c-à-d qui ne tient pas compte de la couleur de peau sur ses jugement d’une personne) est la meilleure option pour instituer une société méritocratique dans laquelle chacun peut obtenir la place qu’il mérite selon ses résultats. Mais “selon ses résultats” ne veut pas dire “selon ses efforts”. Les inégalités biologiques existant, certains auront besoin de faire moins d’efforts pour obtenir plus que d’autres. Les années passant, on a dû se rendre à l’évidence, les “Noirs” réussissent toujours moins bien socialement que les autres, les asiatiques réussissent mieux que les autres.

Comme pour mon exemple des planètes, on a eu beau enlever les étiquettes, les anciens “Noirs” pouvaient toujours se reconnaitre au faciès, ils devinrent des perçus comme Noirs et ils se sont rendu compte que leur réussite sociale était toujours en dessous des autres. La gauche accusera alors le libéralisme color-blind d’être un moyen de perpétuer le racisme systémique en invisibilisant la situation particulière des racisés. S’il n’y a plus de Noirs ou de Blancs, on ne peut pas observer que les anciens Noirs sont toujours en bas de l’échelle sociale. Il est donc nécessaire de ramener le concept de race pour mettre au jour ce phénomène dont les racines ne peuvent venir que des Blancs qui persistent dans leur racisme par des moyens détournés. Les Blancs auraient construit les races à leur profit, mais ils les auraient également déconstruites dans le même but. Il serait alors capital de réaffirmer cette classification, qu’ils jugent pourtant fausse, pour combattre le racisme des libéraux color-blind. Cela met aussi en avant que les asiatiques réussissent mieux mais peu importe, ils laisseront cela de côté.

La gauche, en créant l’information fausse que la race est uniquement une construction héritée des Lumières et de la période coloniale visant à instaurer une domination européenne, nous fait perdre de l’information sur le système et nous conduit donc vers plus d’entropie. Il y a un jeu de va-et-vient entre le monde et les connaissances que l’on produit à son égard. elles sont parfois en parties fausses et appellent à être révisée mais la classification en races, telle que nous l’avons construite, est en partie en corrélation avec les différences d’ascendance réelles. En cela elle est à la fois biologique et culturel.

La génétique des variations humaines est compliquée et subtile, me dit-il. Et sa propre position sur la race est tout aussi subtile. Bien que ses recherches révèlent l’étendue de l’interconnexion entre les humains, le grand treillis unificateur des anciennes migrations, Reich soupçonne toujours qu’il y a quelque chose qui mérite d’être étudié au sujet de la différence entre les groupes. Et il laisse ouverte la possibilité que cette différence soit en corrélation avec les catégories raciales existantes – des catégories dont de nombreux universitaires diraient qu’elles ont été construites par la société et qu’elles ne sont pas du tout fondées sur la biologie, si ce n’est de manière très peu fiable, par exemple en fonction de la couleur de la peau. “Il existe de réelles différences d’ascendance au sein des populations qui sont en corrélation avec les constructions sociales que nous avons”, me dit-il fermement. “Nous devons nous en accommoder”.

Angela Saini, Superior

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L’identité vue de droite

La droite parlera elle aussi d’identité mais deux factions vont s’opposer qui ne doivent être confondues. Je les nommerais la droite nationale et la droite identitaire.

La droite nationale aura tendance à parler de l’identité uniquement lorsqu’il s’agit d’unir la nation comme lorsque Sarkozy fera campagne sur l’identité nationale. Une identité collective et figée appartenant à une entité globale et externe. L’identité n’a rien à voir avec la race, elle serait l’identité d’un pays, cela même parfois sans que les individus qui le composent ne soient important. Elle aurait une existence en soi qu’il convient de perpétuer d’où qu’on vienne. Ils diront des choses comme “La France est chrétienne” sans comprendre que si la France était chrétienne c’est parce que les individus qui la composaient étaient chrétiens. La France pourrait rester la France si on remplaçait chaque Français par un Africain tant qu’on prend soin de les assimiler avant de laisser la place. Elle partage avec la gauche l’idée que l’identité serait entièrement flexible mais les individus sont sommés d’en adopter une en particulier, celle du pays qui les héberge.

La droite identitaire aura alors un autre point de vue. L’assimilation est une violence. Lorsque Benzema a indiqué qu’il se sentait Algérien, une grande partie des Français lui sont tombés dessus. Mais pourquoi en vouloir à un Algérien de se sentir Algérien ? C’est tout à fait normal et il faut simplement en tirer des conclusions et en envisager les conséquences.

Les ethno-nationalistes ou racialistes

La gauche aura tendance à s’émanciper de ce qui fait de nous des êtres biologiques et à tendre vers des concepts plus abstraits que l’on peut formuler par la raison, quand la droite aura, elle, tendance à privilégier ce que nous avons de biologique, nos gènes et notre corps comme sources d’information principales à prendre en compte. Beaucoup de gens à gauche vont nier l’importance des gènes dans nos comportements et nos traits de caractères favorisant toujours une explication sociale, ce qui est un travers progressiste. Mais certaines personnes à droite, même si certains refusent l’appartenance à la droite, que l’on peut qualifier d’ethnonationalistes ou racialistes, pousseront le trait inverse à son paroxysme en voyant la culture seulement comme “l’expression des gènes”. L’identité serait ainsi purement et simplement génétique, collective et dynamique tant que seule la culture change. La culture ne compterait pour rien, seule la “race” compte.

Cela me semble fallacieux. Par exemple, rien dans vos gènes ne vous prédestinent à parler Français, or le langage est une composante fondamentale de la culture et de l’identité. Ironie du sort, par leur communication visant à véhiculer une information au plus grand nombre, ils cherchent à influencer la culture de la société par le mème, trahissant ainsi le socle même de leur rhétorique. Car si tout était génétique alors ils n’auraient pas besoin de chercher à convaincre, ce serait même peine perdue puisque seule l’information contenue dans les gènes importerait.

Les gènes humains influent sur la façon dont l’esprit se forme – quels stimuli sont perçus et lesquels ne le sont pas, comment les informations sont traitées, quels types de souvenirs sont les plus faciles à rappeler, quelles émotions ils sont le plus susceptibles d’évoquer, etc. Les processus qui créent de tels effets sont appelés les règles épigénétiques. Ces règles sont ancrées dans les particularités de la biologie humaine et influencent la façon dont la culture se forme. Par exemple, les mariages non-consanguins sont beaucoup plus susceptibles de se produire que les mariages entre frères et sœurs, car les individus élevés ensemble pendant les six premières années de leur vie sont rarement intéressés par des rapports sexuels.

Edward. O Wilson, The promethean fire

Qu’est réellement l’identité ?

Dès lors que l’on comprend que la vie est une structure dissipative qui va chercher à mémoriser de l’information sur son environnement et que l’évolution va favoriser les systèmes les plus adaptés à leur environnement – car naturellement ils sont plus capables de mémoriser les informations sur ledit environnement afin de dissiper l’énergie – alors il nous est possible de comprendre ce qu’est l’identité. Toute structure dissipative va chercher un compromis entre la croissance et la stabilité. Afin de maintenir une structure dans le temps, elle doit définir ce qui relève de son entité et ce qui lui est extérieur. Mais cette structure nait elle-même d’un échange avec l’extérieur, il lui faut donc une certaine malléabilité. L’identité va donc être ce qui lui permet de se percevoir et d’être perçu dans le temps comme une entité distincte malgré les changements nécessaires.

L’identité est une conséquence et un moyen, pas une fin en soi. La mémorisation d’information sur l’environnement passe par différents mécanismes dont les gènes, le système nerveux et le cerveau. Ce dernier va permettre l’émergence d’une culture qui va reposer sur le mème qui va permettre l’optimisation des interactions entre les individus. L’évolution favorisant l’optimisation de la dissipation d’énergie va donc sélectionner les individus disposant de la meilleure capacité à mémoriser individuellement et collectivement des informations sur leur environnement sur une base génétique et culturelle. L’environnement changeant sous l’action des individus, leur identité devra changer afin de rester adaptés.

De là va naître l’identité d’un individu et d’un peuple qui est ce mélange génétique et culturel. Elle repose en premier lieu sur une verticalité, une lignée, liée à la naissance et l’éducation des parents, donc aux gènes et à la culture reçus, qui vont sélectionner les individus mémorisant le mieux l’information nécessaire sur leur environnement. Mais elle inclut aussi une notion d’horizontalité liée à la proximité génétique partagée avec les autres individus et une culture commune comme façon d’interagir avec ses pairs et de mémoriser l’information sur notre environnement, dans nos livres et nos ordinateurs afin de dissiper l’énergie collectivement, ce qui est la base de la vie. La vie étant, je le rappelle, un système autopoïétique, collectivement auto-catalytique.

“L’évolution culturelle est différente parce qu’elle est entièrement un produit du cerveau humain, un organe qui a évolué au cours de la période préhumaine et paléolithique par une forme très particulière de sélection naturelle appelée coévolution gène-culture (où l’évolution génétique et l’évolution culturelle affectent chacune la trajectoire de l’autre).”

E.O Wilson, The meaning of life

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Notre identité repose alors en grande partie sur des éléments qu’on ne choisit pas, comme ses parents, son nom, son ethnie, sa culture etc. On va alors chercher à s’individuer, se différencier des autres au sein même de ce groupe afin de s’affirmer en tant qu’individu. L’identité se construit toujours en relation aux autres et l’individuation se construit en relation au groupe auquel on appartient par la naissance. Comment se différencie-t-on ? En premier lieu par nos actes. On va être celui qui est bon en sport, celui qui fait des blagues au fond de la classe, celui qui plait aux filles etc. Là aussi, on ne le choisit pas entièrement. On peut vouloir plaire aux filles sans grande réussite, auquel cas ce ne sera pas une facette de notre identité. L’identité se construit toujours au travers d’un échange avec les autres. Il en va d’un individu comme d’une nation.

L’identité est alors doublement dynamique. L’individu évolue au cours de sa vie, agit, acquiert des connaissances qui vont révéler sa personnalité et construire son identité. De la même manière, il va appartenir à un groupe plus large, une famille, une nation, une ethnie, dont l’identité va évoluer au cours du temps sur l’échelle des générations. Dans un cas comme dans l’autre, une certaine continuité va être conserver au cours du changement, maintenant une stabilité et une unité entre l’identité passée et présente.

Il est temps de sortir de la fable universaliste qui fabrique des névrosés à gauche et à droite, admettre que l’assimilationnisme a échoué et tenter de comprendre pourquoi il a fini en multiculturalisme. Le multiculturalisme n’est pas un choix. Nous n’avons pas choisi d’abandonner l’assimilationnisme, ce dernier n’a tout simplement pas fonctionné.

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Crédits image : Un rhétoricien grec dans un style Vaporwave créé par Engine9

2 comments
  1. Très intéressant cette notion d’optimisme.
    J’ai une question : le problème actuel qui inquiète le plus, c’est bien sûr le réchauffement, car de tous les dangers, il est celui qui peut mettre fin à la civilisation, et même à l’humanité.

    Le plus grand obstacle à ce danger est l’inaction. Le plus grand frein à l’action est … les inégalités (semble-t-il) et les injustices qu’elles génèrent. Ce qu’on peut réduire à une simple phrase : les pays pauvres subissent les conséquences des externalités négatives des pays riches.

    C’est ce que les médias nomment l’injustice climatique, et c’est la base de l’inaction : les pays pauvres disent que c’est au pays riche de faire le plus gros de l’effort. Les pays riches sont bien sûr bien embêté, car leurs populations ne vont pas accepter. Pas tant par égoïsme que par peur de perdre ce qu’ils ont si durement acquis (après toutes les révolutions industrielles ne datent que de 200 ans, et l’Europe n’est en paix que depuis 50 ans).

    Que répondez-vous à cela ? On peut être aussi optimiste qu’on veut, pour le moment, la croissance d PIB = croissance du CO2 = pays riche. Les pays pauvres qui subissent des sécheresses et des famines ne vont pas se contenter de vagues promesses d’optimisme.

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