Les Nietzschéens de gauche n’existent pas

Il est possible de justifier à peu près n’importe quelle position philosophique en piochant dans l’œuvre de Nietzsche. Il est coutume de dire qu’il se contredit et il serait dès lors possible de se faire sa propre version de la philosophie nietzchéenne que l’on soit de gauche ou de droite. Mais est-ce vraiment le cas ? Qu’est-ce que des nietzschéens se disant de gauche ont en commun avec leurs contreparties de droite ? Qu’est-ce qui les différencie ? Est-ce que les deux peuvent être nietzschéens à leur façon ? Nous parlons ici d’individus diamétralement opposés tels que Michel Foucault et Ernst Jünger, Michel Onfray et Julius Evola, Jacques Derrida et Leo Strauss.

Ce qui rassemble les deux factions en premier lieu est la critique de la modernité aboutissant à son dépassement dans différentes formes de post-modernité. L’élément fondateur de la modernité étant le rationalisme, les nietzschéens de gauche comme de droite s’approprient la critique de la raison nietzschéenne. Quelle est cette critique ? Elle repose sur la conception de Nietzsche de la vérité, du langage et de la logique. L’ouvrage dans lequel Nietzsche la formule le plus clairement est peut-être Vérité et mensonge au sens extra-moral. Son point de vue est le suivant ; la vérité n’est pas objective. Les tenants de la vérité prétendent qu’elle l’est, mais elle est en fait une convention sociale imposée par la société via le langage. Elle est même l’œuvre d’individus faibles cherchant à manipuler les mots pour augmenter leur puissance. De la même façon qu’elle fut accaparée par les chrétiens, la modernité l’a fait sienne à l’aune de la raison et de la logique. Les scientifiques, comme les prêtres, réduisent la vie en tentant de l’enfermer dans un cadre usant de catégories nécessairement inadéquates. Pour Nietzsche, le monde est plus vaste que notre langage. Les mots sont de simples métaphores, des représentations partielles et inadéquates de la réalité et le discours logique ne saurait se confondre avec cette dernière. 

Dès lors, les deux camps auront tendance à rechercher la liberté. Les deux cherchent à s’émanciper de cadres conceptuels hérités visions du passé jugées obsolètes. Mais pourquoi veux-tu être libre demande Nietzsche ?  Les deux valorisent l’émancipation de l’individu de la masse, le rejet de l’esprit de troupeau, c’est-à-dire la façon par laquelle un groupe donné va répéter des conventions sans même les mettre au défi. En cela, les deux sont opposés au conservatisme, compris comme une défense du statu quo, car le conservateur va pour sa part chercher à maintenir en place ces conventions héritées et résister au changement. Il n’est alors pas étonnant de trouver des conservateurs chrétiens, comme des conservateurs modernes qui veulent préserver l’esprit des Lumières. Résister au changement n’est ni bien, ni mal en soi tant il est évident qu’un changement peut être bénéfique ou non. Cependant, si on résiste à tout changement afin de conserver un statu quo, certes on va parvenir à prévenir les dérives, mais on va aussi empêcher la possibilité de l’innovation. Empêcher l’innovation revient naturellement à conserver les choses dans une certaine médiocrité. On s’en tient à ce que l’on connaît, et on évite ainsi que les choses deviennent excessivement minables, mais on se prive aussi de choses exceptionnelles, qui selon une distribution suivant un modèle classique de courbes en cloche, sont toutes deux des cas extrêmement rares, donc minoritaires.

L’idée de minorité est autant un point commun qu’un point de divergence pour nos nietzschéens de gauche et de droite. Les deux, à leur manière, vont défendre une minorité. D’un côté ce sera la minorité d’une élite et de l’autre la minorité des marginaux. Alors peut-on réellement parler de “nietzschéens de gauche” ? Est-ce que chercher à se réapproprier le langage afin d’émanciper les marginaux d’une culture qui leur est oppressante est en accord avec ce que prône Nietzsche ? Absolument pas ! Nietzsche est extrêmement clair. Il est élitiste. Son souhait est de détruire toutes les catégories par lesquelles nous avons jugé la vie jusqu’à présent pour en offrir de nouvelles servant la vie la plus élevée possible. Il exhorte les individus d’exception à remettre en question ce qui est tenu pour des vérités dans la société, la façon selon laquelle nous jugeons la qualité d’une vie, afin d’imaginer de nouvelles catégories plus adéquates. Il n’est aucunement question d’émancipation pour l’émancipation ou de déconstruction. Le “nietzschéen de gauche” est un déconstructeur interne à la société, en cela qu’il va mettre au défi l’objectivité des mots sur lesquels elle repose afin d’y augmenter sa puissance. Il est une sangsue qui se nourrit du désordre. Il n’est pas du tout nietzschéen, car il fait précisément ce que Nietzsche dénonce ; il transforme les mots pour leur conférer un sens n’entretenant aucune cohérence avec la réalité mais lui permettant d’augmenter sa puissance. 

Le nietzschéen de droite, au contraire, va fuir les conventions qu’une société tient pour vraies afin de construire quelque chose de nouveau en exprimant sa puissance à l’extérieur. Il cherche l’exit. Il ne veut pas imposer sa vérité aux autres, il veut se donner à lui-même une conception du monde qui résonne avec la réalité et s’impose d’elle-même aux autres. Alors que le nietzschéen de gauche cherche à déconstruire les normes existantes afin de normaliser la marge, le nietzschéen de droite cherche à créer le nouveau qui rendra obsolètes les normes existantes. Il était tenu pour vrai qu’une fusée ne peut pas atterrir jusqu’à ce que Musk prouve l’inverse, comme il était tenu pour vrai qu’un homme produisait des petits gamètes jusqu’à ce que… l’on nous impose l’inverse à coup de procès et d’intimidation en faisant appel à la morale. Il suffit d’un individu d’exception pour changer objectivement ce qui est tenu pour vrai, il faut des millions de ratés pour imposer une pseudo-vérité visant à normaliser la marge en dépit du bon sens.

Normaliser la marge passe alors naturellement par le relativisme et l’égalitarisme. Pour un nietzschéen de gauche, comme il n’y a pas de vérité objective, chaque point de vue se vaut et se veut donc être parfaitement égal. Pourquoi votre conception du monde où vous décidez de séparer les individus entre les hommes et les femmes selon leurs attributs sexuels serait plus pertinent que celui d’un activiste trans alors que la vérité est subjective et non hiérarchisable ?  Inutile de tenter de les convaincre par un discours logique puisqu’un nietzschéen de gauche rejette cela en premier lieu. Si les mots sont un moyen d’exercer sa puissance, alors toute interaction est un rapport de force et votre usage des mots n’est qu’une façon de chercher à dominer parmi d’autres. C’est par ce biais que le nietzschéen de gauche rejoint le marxiste car si tout est affaire de puissance, qu’il y a des faibles et des forts et qu’il convient de libérer les marginaux de l’oppression de la norme, alors on en arrive à prendre le parti du faible contre le fort. Cependant, il ne doit pas y avoir de faibles et de forts en soi. Ils ne le sont que de façon contingente à la faveur d’un système reposant sur une vision du monde attribuant cette hiérarchie inique. Chaque point de vue se vaut et la démocratie se voit justifiée comme étant le seul système valable permettant à chacun d’exprimer son point de vue de façon égalitaire. Et ils se disent nietzschéens ? S’il y a bien une chose que défend Nietzsche, c’est la hiérarchie et, de facto, le rejet de la démocratie égalitariste.

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Zero HP Lovecraft

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Car, la hiérarchie est-elle vraiment inique ? Évidemment que non. S’il est difficile d’évaluer de façon subjective ce qui est supérieur et ce qui est inférieur, il existe une façon objective de l’énoncer. Ce qui est supérieur est ce qui réduit l’entropie, ce qui est inférieur est ce qui l’augmente. Comment obtenir un consensus sur les types d’innovations qui réduisent l’entropie et celles qui l’augmentent ? Si la perception du monde est subjective et qu’on rejette le rationalisme, alors il n’y a aucune façon de s’entendre sur ce point. Tout ce qu’on sait, c’est que nous sommes en désaccord et nous pensons que notre point de vue vaut plus que celui de l’autre car ils sont hierarchisables. Comment trancher ?

À quelle échelle la valeur de deux points de vue sera-t-elle jugée ? Si les idées sont formulées par des individus, c’est à l’échelle du groupe qu’elles seront jugées car quel est le rôle d’une idée ? Une idée est un mème, soit le plus petit composant d’une culture qui va s’auto-organiser via le langage. Les nouveaux concepts créés par un individu, dès lors qu’ils sont communiqués, vont être adoptés par d’autres individus de façon virale. Ce phénomène a pour conséquence de donner lieu à la création d’une culture, reposant sur une nouvelle conception du monde. C’est en cela que la religion est inséparable de la culture. Elle en est même son essence. Toute évaluation rationnelle pour comparer deux cultures est vouée à l’échec, car elle doit nécessairement relever d’axiomes sur lesquels il est possible de diverger. Des axiomes qui sont rarement explicités, car le propre d’une vision du monde dominante est qu’elle parait être la seule viable. Pourquoi les rationalistes vont défendre la supériorité du monde moderne selon des mesures de performances telles que la mortalité infantile ou l’espérance de vie ? Car leur vision du monde repose sur l’humanisme dont un des axiomes est la sacralité de la vie humaine. Ce qui évite la mort et prolonge la vie d’un humain est bon. Notre culture évite la mort et prolonge la vie des humains donc elle est meilleure. Se demander quelle culture est supérieure car elle prolonge le plus la vie pour un Occidental moderne, c’est comme se demander quelle culture est supérieure car elle reconnaît l’existence de la trinité pour un chrétien ? Les plus idiots me demanderont “mais ne préfères-tu pas que ta Grand-mère vive plus longtemps que moins longtemps ?” Bien sûr que si, mais je n’ai pas la prétention d’imaginer que l’Univers conspire en la faveur de mes préférences, et je crois qu’il est le seul juge de la valeur d’une culture en dernière instance.

Il est vrai que Jésus est Dieu dans un cadre conceptuel chrétien, mais cette même information devient fausse dans un cadre conceptuel humaniste. La bataille des idées porte alors autant sur ce qui est vrai au sein d’un cadre conceptuel, que sur la valeur des différents cadres conceptuels eux-mêmes. Les Guerres Mondiales furent sanglantes car elles furent le théâtre de l’opposition entre des cadres conceptuels radicalement différents qui débouchèrent sur le triomphe de l’humanisme. La Guerre Froide fut moins sanglante, car elle opposait deux factions se disputant afin de savoir qui détenait la vérité au sein d’un même cadre épistémologique humaniste. Deux chrétiens peuvent discuter de leur conception de la grâce, deux humanistes peuvent discuter de leur conception de l’économie, mais un chrétien aura bien du mal à trouver un terrain d’entente avec un Shintoïste. Les deux sont tout simplement trop étrangers l’un à l’autre. Ceci n’est ni plus ni moins que des guerres de religion. Le moyen le plus simple de maintenir son hégémonie pour la religion dominante en place est de criminaliser l’expression de l’autre religion. C’est ainsi qu’on entend les suppôts de la religion actuelle sermonner que “le racisme n’est pas une opinion mais un délit”. C’est en fait évidemment une opinion rendue délictueuse par leur caste de prêtres et l’acception qu’ils lui donnent est suffisamment large pour condamner les tenants d’une vision du monde concurrente. La meilleure arme pour une religion concurrente est alors la vérité au sein d’une vision du monde plus adéquate. L’expression homophobe islamique sera mieux tolérée car la conception du monde islamique est perçue comme inférieure aux tenants de la religion actuelle, donc sans risque. Ils tolèrent l’Islam car il est lui-même opposé à l’essor d’une nouvelle religion plus performante que la leur. Ils condamnent ses expressions violentes bien-sûr, mais en signalant que ce n’est pas l’Islam. Le risque de violence aujourd’hui ne va pourtant qu’augmenter car la vision du monde de la nouvelle droite qui se dessine est radicalement différente de celle de gauche et de ses sbires, et les points de discussions potentiels sont extrêmement limités.

Il est impossible de comparer de façon absolue la valeur de deux cultures sur des bases rationalistes, car cela revient nécessairement à le faire selon un cadre épistémologique humaniste, ce qui présuppose que l’on tient ce cadre comme supérieur quoi qu’il arrive. Comparer deux cultures reviendra alors simplement à affirmer laquelle est la plus proche de l’humanisme. De la même façon, des chrétiens pourraient faire usage de la raison pour comparer deux cultures, mais l’exercice aboutira seulement à identifier laquelle est la plus proche du christianisme. Alors comment évaluer efficacement la valeur de deux cultures ? Seule la réalité est un bon juge et elle sélectionne les cultures selon ses propres critères qui nous sont inconnus. 

On pourrait dire de manière générique que la réalité sélectionne les cultures les plus puissantes. Comment définir la puissance ? C’est tout simplement la capacité à réduire l’entropie, mais une fois que nous avons dit cela, nous n’avons rien dit, car il n’y a pas de recette pour savoir comment effectuer une telle chose. On sait seulement qu’une bonne innovation culturelle réduit l’entropie, car elle offre une meilleure façon d’appréhender la réalité. Et comment sait-on que nous avons une meilleure façon d’appréhender la réalité ? Car elle augmente la puissance, donc réduit l’entropie. C’est donc un raisonnement circulaire, dont le seul enseignement que nous puissions en tirer est qu’il est impossible de savoir ce qui constitue un progrès par le débat, par l’échange d’idées, mais seulement par leur mise en pratique. Seule la réalité, la nature ou le Dieu de la nature peuvent évaluer leur valeur. 

Or, c’est Dieu seul qui donne la loi et qui peut juger; lui seul peut à la fois sauver et faire périr. Pour qui te prends-tu donc, toi qui juges ton prochain?

Jacques 4:12

Le vrai nietzschéen est le créateur de cultures supérieures. Il invente des concepts offrant une nouvelle lentille épistémologique sur le monde donnant des cultures plus puissantes sélectionnées par la nature. Comment être définitivement certain que la culture des nietzschéens de gauche est inférieure ? Un schisme laissant les deux exister et la réalité juger. Alors le danger de la démocratie est double. Elle est un problème car elle tente de se substituer à la réalité pour décider des innovations culturelles devant être acceptées au sein d’une culture. Ces innovations ne pouvant venir que de la marge minoritaire, un système reposant sur la majorité est inadéquat. Pire encore, une mauvaise innovation culturelle peut plus facilement être acceptée car le combat de la démocratie s’en tient à ramener le plus de soldats indépendamment de leur qualité. Mais si une mauvaise innovation parvient à être acceptée, elle sera imposée à l’ensemble du groupe, l’entraînant vers l’entropie. Un nietzschéen de droite ne peut pas être démocrate. Il ne peut pas accepter que son point de vue vaille autant que celui d’un autre et qu’il soit entravé par l’inertie de la masse et les désirs de puissance d’individus aux passions tristes. Les seules solutions à sa portée sont la violence ou l’exit. Dominer une culture existante, ou en créer une nouvelle à côté. “On ne discute pas avec les fachos” disent les gauchistes, et ils n’ont pas tort tant toute discussion est impossible, donc inutile. Tout ce qui ressort de la démocratie est alors un rapport de domination entre personnes ne pouvant pas se comprendre, augmentent ainsi les risques de conflits, mais nous pourrions tout de même convenir du fait que la violence n’est pas souhaitable. Alors comment l’éviter ? L’exit me semble préférable. En réalité, idéalement, chaque dissension devrait donner lieu à un schisme permettant un test A/B que la réalité jugera. Mais c’est mon esprit rationnel qui parle, et il apparaît de moins en moins évident que nous éviterons une violence, qui est encore contenue par les illusions d’une victoire démocratique à portée de vote à gauche comme à droite. 

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Au final, le problème fondamental de la démocratie est de supposer que les citoyens sont des agents rationnels qui voteront selon leur bon sens et qu’il suffit d’organiser des débats et des referendums pour que les bonnes solutions, ou bons candidats, soient identifiés. Or, il ne semble pas que ce soit le cas. Une bonne représentation de cette problématique est le dernier débat de Mishima avec ses opposants d’extrême gauche de Tôdai zenkyôtô. Mishima quitte le débat en affirmant non pas qu’il espère avoir raison, mais que “ses mots aient du pouvoir”. Le débat ne sert pas à définir qui dit la vérité, mais à faire adopter votre vision du monde aux observateurs. C’est cela le pouvoir des mots, mais au final il déclare “Gauche ou droite, je suis pro violence”, affirmant ainsi que la seule façon de laisser trancher la réalité pour désigner le gagnant est le combat. Comme le dit Nick Land, il n’y a pas de différence entre ce qu’il nomme Gnon (Nature or Nature’s God) et la réalité. Gnon tranche sur la valeur relative d’un concept par son opposition aux autres concepts dès lors qu’ils sont mis en pratique et en concurrence. Une concurrence qui peut se transformer en conflit et escalader en dernière instance à la guerre comme dernier tribunal offert par la réalité. War is God.

« La fausseté d’un jugement n’est pas pour nous une objection contre ce jugement. C’est là ce que notre nouveau langage a peut-être de plus étrange. Il s’agit de savoir dans quelle mesure ce jugement accélère et conserve la vie, maintient, et même développe l’espèce. »

Friedrich Nietzsche, Par-delà Bien et Mal

Vous pouvez tenter de valider la démocratie libérale par la logique, mais ce qui l’a réellement validée en dernière instance, est la guerre. Elle a vaincu ses opposants, prouvant ainsi qu’elle avait une plus grande prise sur le monde et cela passe nécessairement par une meilleure conception du monde. Elle fut validée par la réalité. Et tant que nos armées LGBT continueront de mettre des fessées dans le monde entier, cela signifiera que notre vision du monde, tout aussi détestable qu’elle puisse être, reste supérieure à toute alternative existante. Nous pouvons débattre des années sur ses problèmes et ses alternatives potentielles, la seule façon de la dépasser est qu’il existe une alternative concrète qui témoigne de sa supériorité, y compris militaire, afin de se voir validée par la réalité et constituée un point de Schelling désirable pouvant être répliqué. C’est ainsi que certains néoréactionnaires voit en la Chine (ou même la Russie) cette alternative potentielle et vont jusqu’à la soutenir. Je crois que c’est une erreur et que cette alternative doit venir de l’intérieur de notre civilisation.

Dernier point avant de nous quitter. Selon cette conception des choses, où devons-nous placer Deleuze ? Certes il se place lui-même à gauche, mais il y a quelque chose d’étrange chez Deleuze. Pourquoi Nick Land choisit de l’épargner des attaques visant la French Theory ? Pourquoi Douguine le cite au sein d’une liste d’une vingtaine de philosophes à avoir lu ? Pourquoi Justin Murphy consacre un livre à l’aspect réactionnaire de sa philosophie ? La conception de la minorité de Deleuze est nietzschéenne. Contrairement à ce que l’on pense, Deleuze déteste les marginaux, les schizophrènes l’effraient. Pour lui, le rôle du philosophe est de produire des concepts, mais surtout, produire le nouveau, le singulier, le remarquable. C’est-à-dire, des conceptions du monde plus adéquates, ces irrégularités statistiques qui nous éloignent de l’entropie. Qui jugera de la valeur de ces concepts ? Seule la réalité peut le faire.

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