Le marketing de la mort, retour sur la crise des opioïdes aux États-Unis

“We have lost more lives in the last two years” due to opioids “than all of the lives lost during the Vietnam War.”


https://www.politifact.com/west-virginia/statements/2018/nov/15/richard-ojeda/have-more-died-opioids-two-years-vietnam-war/

Août 2017. Trump déclarait l’état d’urgence suite à une crise sanitaire qui touche les États-Unis depuis deux décennies

Cette crise, c’est celle des “opioïdes”. Ces médicaments antidouleurs de type morphiniques disponibles uniquement sur prescription médicale.

Ils incluent :

  • La morphine
  • La buprénorphine (30 fois plus puissant que la morphine)
  • Le fentanyl (100 fois plus puissant)
  • L’hydromorphone
  • L’oxycodone (OxyContin)

Ils entraînent une telle dépendance psychologique et physique chez les patients que cela a des conséquences désastreuses sur la société. Les plus visibles étant les morts par overdoses et la criminalité liée au trafic sanglant mené par les gangs de rue.

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La crise trouve son origine en 1995 lorsque l’État autorise l’OxyContin pour le traitement des douleurs chroniques

Suite à cette autorisation, les laboratoires Purdue de la famille Sackler, fabricant de l’OxyContin, lancèrent une armée de commerciaux à destination des médecins. Un bonus financier étant donné à ces derniers pour les motiver à refourguer en masse l’OxyContin. Et ce fut un succès.

La responsabilité majeure de l’État dans la crise et la propagande des laboratoires

Avant 1995, les opioïdes étaient uniquement destinés aux patients souffrant de douleurs cancéreuses. Le problème de l’addiction ne se pose pas chez un patient à l’article de la mort. Cependant, au cours des années 90, les groupes pharmaceutiques veulent étendre l’utilisation des opioïdes.

“Si les opioïdes soulagent les douleurs insoutenables des cancéreux, leur permettant en quelque sorte de revivre, pourquoi ne devrait-on pas étendre cela aux personnes qui souffrent de maux peut-être aussi difficilement supportables ? N’y aurait-il pas là une sorte d’opiophobie délirante de la part des médecins ? Le risque d’addiction est-il réellement si élevé ?”

L’idée n’est pas dénuée de sens car les antidouleurs à base d’opioïdes sont réellement efficaces et ils sont les seuls à pouvoir soulager certaines douleurs.

Une fondation présentée comme indépendante, mais en réalité contrôlée par Purdue, appelée la “American Pain Society” développa la stratégie gagnante : faire croire à l’État et aux médecins que ces derniers sous-estiment beaucoup trop souvent la douleur exprimée par les patients. La douleur doit être considérée comme un “vital sign” au même titre que les quatre officiellement admis par la médecine :

  1. Température du corps
  2. Pression sanguine
  3. Rythme cardiaque
  4. Fréquence respiratoire

Le slogan magique : “Pain as 5th Vital Sign”

Les laboratoires utilisèrent une étude qui date de 1980 qui s’intitule : “Addiction rare in patients treated with narcotics”. Une autre étude de 1986 en vient à la même conclusion que la précédente à savoir que les patients traités par opioïdes ne développent que très rarement des addictions au produit.

L’État accepta donc en 1995 d’étendre l’utilisation des opioïdes pour le traitement des douleurs chroniques avec les conséquences tragiques que l’on connaît aujourd’hui.

“No doubt it was a mistake. It was certainly one of the worst medical mistakes, a major mistake.”

ttps://eu.clarionledger.com/story/news/2018/01/26/opioid-epidemic-how-fda-helped-pave-way/950561001/
Dr. David Kessler, FDA commissioner when OxyContin got the agency’s green light, acknowledged,

En 20 ans, les opioïdes ont supplanté largement toutes les autres drogues en termes de mortalité.

National Institute on Drug Abuse

Spectaculairement et rapidement sont apparues des lignes de junkies en manque, végétant en bas des blocks tenus par les dealers qui, historiquement, vendaient du crack. Cette nouvelle clientèle de drogués est composée principalement de patients devenus accros le temps de leur traitement à un opioïde. N’ayant donc plus de prescriptions médicales pour s’en procurer, certains sont allés dans la rue chercher ces substances, boostant ainsi le trafic d’héroïne.

Les années 2000 sont aux opioïdes, ce que les années 80 étaient au crack.

Le rappeur, ancien dealer, Jelly Roll revient sur l’arrivée de ces “painkillers” notamment le Lortab, dans la rue.

“Heroin is the the new crack”

Plus anecdotique, le célèbre rappeur Lil Wyte et son hymne tragicomique à l’oxycodone.

Oxycontin in my system, man I’m feeling kinda strange
‘Bout now it’s 1:30 am, 11 Percocets just entered me
15 minutes from this second, I’ll be crawling on my knees
Take another Lortab to call me down and let me see
Body be relaxed, muscles be loose, and you have stopped the pain

Oxycontin, Xanax Bars, Percocet and Lortab
Valiums, Morphine, patches, Exctacy, and it’s all up for grab
What’cha want, what’cha need, hit me up I got you mane
What’cha want, what’cha need, hit me up I got you mane

Lil Wyte – Oxy Cotton

El famoso Dirty Sprite.
La codéine contenue dans du sirop contre la toux est mélangé à du soda. Cette pratique est largement répandue chez beaucoup d’artistes, principalement des rappeurs.

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Le Fentanyl, grand symbole de cette crise sanitaire qui empoisonne aussi la diplomatie

Une partie du Fentanyl qui se retrouve dans la rue est produit en Chine, ce qui cause des tensions diplomatiques entre les deux gouvernements, Trump ayant expressément demandé aux autorités chinoises de mettre un coup d’arrêt à la production et à l’exportation de cette substance.

La valeur de revente d’une pilule d’oxy peut aller jusqu’à 40$ donc autant acheter un gramme d’héro pour le même prix.

Purdue se défend quant aux accusations d’une possible responsabilité dans la crise en rétorquant que son produit, l’Oxycontin, est très minoritaire dans les cas d’overdose par opioïdes.

Néanmoins, en 2007, le laboratoire plaida coupable pour “misbranding” concernant la communication autour de l’oxycontin et s’acquitta d’une amende de 630 million de dollars et distribua 19.5 millions à 26 États américains. 18 d’entre eux sont encore en procès contre Purdue.

Un problème d’ordre culturel à ne surtout pas sous estimer dans cette crise est l’usage “récréatif” des opioïdes qui est souvent vanté dans la musique mainstream. Plusieurs morceaux de rap associent la prise d’opioïdes à la fête, comme si prendre une pilule d’oxycodone allait de pair avec un verre de whisky. Associant ainsi la drogue à un mode de vie “cool et branché”.

Ce que les laboratoires ont bien compris.

1 comment
  1. Il existe d’autre crises médicales en cours, ici en France, tout aussi graves, mais frappées d’un silence absolue, car les morts sont qualifiées d’une autre cause : il s’agit de la crise des anti-coagulants. Un nombre faramineux d’anti-coagulants sont prescrits à des personnes âgées pour des motifs qui sont des plus douteux. Il y en a de 2 classes : les nouveaux anti coagulants (NAC) qui sont chers et rapportent gros aux labos et aux médecins, mais ne nécessitent pas de prises de sang régulières. Ils ont des effets secondaires innombrables et graves et il faut se battre avec les médecins pour les convaincre qu’on va très mal. Peu importe les états de faiblesse, les crachements de sang, les vertiges, les nausées, il faudrait continuer à les prendre.
    Et il y a les AVK (anti vitamines K) qui sont peu chers mais nécessitent des prises de sang régulières (un fabuleux business, géré également par les Labos) et eux aussi sont à l’origine d’une hécatombe qui ne dit pas son nom.
    En effet lorsque les gens en meurent par hémorragie, les causes de la mort sont attribués à une pathologie initiale et non au médicament. A la moindre plaie, les AVK entrainent des infections et suppurations qui n’en finissent pas, je ne connais pas le mécanisme. En fait, il suffit d’arrêter l’AVK pour que l’on guérisse.
    J’ai connu plusieurs personnes âgées ces dernières années mortes des AVK, et quelqu’un qui m’est proche à faillir mourir d’un NAC. Cette personne très mal ensuite sous AVK également, a changé de médecin, et a changé de cardiologue (il faut se révolter) et décidé de son propre chef de prendre de la bonne vieille aspirine qui est un anti coagulant de la nuit des temps. Et désormais, cette personne se porte comme un charme.
    Rapprochez vous de médecins honnêtes, et du monde infirmier, qui n’a pas de pouvoir, mais voit le réel de très près. Cotoyez également des personnes âgées qui sont sous anti-coagulants, ce qui se passe est effarant.
    Et je le répète, officiellement, quasiment personne en France ne meurt d’anti-coagulants. Quand la vérité est caché, c’est bien plus grave qu’aux USA.
    Au coeur de cette catastrophe, il y a la centralisation des ordonnances par les pharmacies qui permet à tous les Labos de savoir quel médecin a prescrit ces médicaments et en quelle quantité. Outre la rémunération des visiteurs médicaux, ces commerciaux des Labo, pour les médecins, cela détermine les offres de voyage (congrès bidon dans des destinations paradisiaques) alléchantes ultérieures.
    Il existe également des études bidons qui rémunèrent les médecins. Ces derniers souscrivent à une étude proposée par un Labo et cochent des questionnaires chaque fois qu’ils prescrivent le médicament, et à chaque prescription un % tombe dans leur escarcelle pour frais d’études. C’est parfaitement légal sauf que 95% de ces études sont totalement bidons, mais permettent juste une rémunération déguisée.
    Quand aux déclarations officielles que doivent faire les médecins sur les avantages qu’ils perçoivent, c’est absurde, puisqu’ils n’ont pas à déclarer les études sur les médicaments, considérées comme un travail, ni les congrès considérés comme de la formation et pour laquelle ils paient un quota variable.
    Scandale médical aux USA, et bien regardez du côté de la France !

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