“C’était mieux avant !” Et si le monde n’allait pas si mal?

Cet article est un extrait du livre Convergence 2045: IA, créativité artificielle et effondrement ? de Boris H.

Malgré la montée en puissance de la convergence des
technologies NBIC, on voit de plus en plus de personnes
parler d’effondrement de la civilisation humaine d’ici 2030 pour certains, 2050 pour d’autres et d’ici la fin du siècle pour les moins hystériques.

Les causes les plus souvent exposées sont variées : le réchauffement / dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, manque de ressources, réfugiés climatiques, guerres… La probabilité qu’un tel événement arrive n’est pas nulle pour autant, mais il n’est pas nécessaire non plus de rentrer dans l’exagération apocalyptique. En fait, peut-être que l’avenir pourrait concilier l’effondrement et évolution technologique. Les deux sont éventuellement possibles en même temps. Lorsqu’un système est sur le point de s’effondrer, on peut prendre les devants et ainsi toujours prendre de l’avance afin d’éviter les pires scénarios.

On peut prévenir les problèmes lorsqu’on discute de la collapsologie et éviter ces problèmes avec l’aide de la technologie, ou avec des solutions collectives. Et c’est justement très intéressant de parler des pires scénarios pour mieux s’y préparer. Mais le débat public est plus centré sur la passion irrationnelle que la raison. Ce discours apocalyptique n’est donc pas raisonnable ni tenable. Surtout pour la jeunesse. Dire à des enfants qu’ils vont mourir dans 15 ans et qu’il n’y a pas de solution n’est pas très joyeux à entendre. Sauf si vous voulez qu’ils finissent tous sous prozac, comme le dirait Laurent Alexandre !

Une disparition de l’espèce humaine est tôt ou tard inéluctable, mais lorsqu’une espèce disparaît, soit dans la plupart du temps elle s’adapte et évolue, soit elle disparaît totalement. Dans un sens, les effondristes ont raison, la société humaine va s’effondrer, pas dans le sens d’une fin civilisationnelle, mais dans le sens où elle va s’adapter / muter. La civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui va disparaître progressivement pour laisser place peu à peu à un nouveau paradigme. La question est de savoir lequel exactement. Difficile de trouver une réponse précise. Même les plus pessimistes ne peuvent pas prétendre savoir comment les choses vont se dérouler, car l’avenir est de plus en plus difficile à anticiper.

Une chose est sûre cependant, le caractère disruptif et exponentiel des nouvelles technologies va indéniablement changer notre civilisation, tout en apportant de nouvelles richesses. Mais les scénarios trop excessifs, qu’ils soient ceux à la Mad Max (pessimiste), ou ceux qui sont trop optimistes ne sont pas non plus raisonnables. Comme dans tout sujet, il y a des choses intéressantes et des choses moins intéressantes. Même s’il est souvent assez caricatural et extrémiste, le mouvement de la collapsologie a aussi semé quelques graines intéressantes, mais il faut chercher pour les trouver.

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Les graphiques qui prouvent
que le monde s’améliore

Avant toute chose il semble important d’énoncer ce que nous avons accompli. Pourquoi ? Simplement parce que les gens ont tendance à l’oublier, mais nous vivons dans une période incroyable. Et surtout parce que les gens oublient que le passé était bien plus sinistre qu’aujourd’hui lorsqu’ils disent « c’était mieux avant ».

Les cris d’alarme se multiplient sur les dangers qui nous menacent. Pourtant, jamais le monde n’a été aussi peu violent. Et la liberté, la tolérance, l’éducation et la santé ont progressé sur la planète dans des proportions insoupçonnées. Plusieurs centaines de chiffres, de statistiques et de rapports internationaux incontestables dessinent un bilan sans appel : mortalité maternelle et infantile divisée par deux depuis 1990, éradication planétaire de la variole, reconstitution de la couche d’ozone, redécouverte de plus de 350 espèces d’animaux considérées comme disparues, nombre de pays ayant aboli la peine de mort multipliée par 13 depuis 1950, chute de 65% du nombre d’homicides en vingt ans, etc. Beaucoup de ces exploits ont été permis grâce au progrès, à la science, à la technologie et à la croissance. 

Les graphiques avancés dans cette partie peuvent sembler contre-intuitifs et c’est tout à fait compréhensible. Les médias ne parlent en général que des choses négatives, très rarement des choses positives. Déjà parce que les titres pessimistes attirent plus de public et aussi parce que le but des médias est toujours de mettre en avant les faits qui sont hors du commun. Par exemple, tant que le nombre d’homicides ne tombera pas à 0, il y aura toujours des médias pour en parler. Si vous voulez plus de détails à ce sujet, je vous conseille de lire impérativement les livres du psychologue cognitiviste, Steven Pinker. Il explique notamment que l’espèce humaine n’a jamais vécu dans une période aussi peace & love qu’aujourd’hui.

Aucun système politique et économique n’est parfait et le capitalisme est loin d’atteindre la perfection, cependant c’est le seul qui a réussi à réduire la faim dans le monde et poussé notre technologie aussi loin jusqu’à maintenant (je conçois qu’un autre système aurait peut-être pu le faire). Si un autre meilleur système existe, je suis preneur, mais pour l’instant les statistiques sont unanimes. Je ne veux pas non plus qu’on me catalogue de capitaliste, je me considère être dans aucune catégorie, je veux juste montrer que les statistiques sont là et que les choses dans le monde sont bien plus nuancées qu’on le pense. Il y a du bon et du mauvais dans tout système – il y aura toujours des personnes qui ressentiront des inégalités dans n’importe quel type de société. C’est impossible de satisfaire tout le monde.

Nous ne vivons donc pas dans la pire période de l’histoire de l’humanité. Bien évidemment, les choses ne sont pas encore parfaites et il faut continuer de se battre pour que les choses continuent de s’améliorer. Le capitalisme n’est certainement pas le système le plus parfait, mais aucun système ne peut l’être. Tout n’est pas non plus en phase sur l’ensemble du globe ; dans beaucoup de pays la pauvreté s’est réduite, tandis que dans d’autres régions c’est l’inverse. Et peut-être, il est vrai qu’il n’y a jamais eu autant d’ultra-riches qu’aujourd’hui, mais parallèlement, il n’y a jamais eu aussi peu de pauvres à l’échelle mondiale. L’humanité depuis la première fois de son histoire est sur le point d’éradiquer la famine, la sous-nutrition, la mortalité infantile… Ces dernières décennies nous avons vu qu’il y’a eu un double mouvement d’enrichissement des riches et de réduction de la pauvreté parmi les masses les moins bien loties.  

Au niveau global les statistiques prouvent que les choses s’améliorent pour l’espèce humaine. Et au final, n’est-ce pas ce qui compte le plus ? Ne soyons pas des enfants pourris gâtés et continuons d’avancer sur cette voie, tout en prenant en compte les limites de notre planète.

Les progrès économiques

1) L’extrême pauvreté a drastiquement baissé en 30 ans.

Grande baisse globale de la pauvreté depuis 1987. Our World in Data

C’est probablement le graphique le plus important de cette liste. Le taux de croissance économique extraordinaire de l’Inde et de la Chine – ainsi que la croissance plus lente mais encore importante dans d’autres pays en développement, a entraîné une baisse considérable de la part de la population mondiale vivant avec moins de 1,90 dollar par jour, passant de près de 35 % en 1987 à moins de 11 % en 2013. Le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême pauvreté dans le monde a diminué d’un peu plus d’un milliard en trente ans, passant de 1,9 milliard en 1981 à 800 millions en 2013.

C’est un seuil plutôt bas concernant la pauvreté, et certains experts soutiennent que nous devrions plutôt utiliser un seuil de pauvreté mondiale de 10 à 15 dollars par jour. Mais l’existence même de ce débat est un signe des progrès considérables réalisés au cours des dernières décennies. *Le graphique prend en compte l’inflation*.

2) La faim a baissé drastiquement depuis 20 ans

Réduction de la faim dans le monde, par pays, de 2000 à 2017. International Food Policy Research Institute, 2017

Cette carte montre l’évolution de l’indice de la faim dans le monde entre 2000 et 2017. Dans les pays marqués en rouge, la faim a augmenté. Dans les pays marqués en orange ou en beige, elle a diminué et dans les pays marqués en vert, elle a diminué de moitié ou plus. Il est donc encourageant de voir à quel point le globe est orange, et surtout encourageant de voir que quelques pays extrêmement peuplés comme la Chine et le Brésil entrent dans la catégorie verte.

3) Les habitants des pays développés ont de plus en plus de temps libre

Temps de travail dans 5 pays riches, de 1870 à 2000. Our World in Data

Par rapport à la fin du XIXe siècle, les pays développés ont des horaires de travail beaucoup plus raisonnables aujourd’hui.

4) Le travail des enfants est en déclin

Le travail de labeur des enfants est en déclin, de 2000 à 2016. International Labor
Organization

Le travail des enfants, quel qu’il soit, c’est déjà trop, et le monde n’a pas atteint l’objectif de l’Organisation internationale du travail d’éliminer les « pires formes » de travail des enfants d’ici 2016. Cependant le taux d’enfants qui travaillent est en déclin avec une réduction d’environ 40 % entre 2000 et 2016. Ce n’est pas négligeable et mérite d’être célébré.

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Les progrès dans la santé

5) L’espérance de vie augmente

The explosion in global life expectancy from 1770 to the present Our World in Data

L’augmentation de l’espérance de vie humaine est un phénomène assez récent ; elle a littéralement doublé dans le monde entier depuis les années 1750. Et cette augmentation a persisté au cours des dernières décennies. L’espérance de vie a augmenté de plus de six ans entre 1990 et 2016, et les gains ont été les plus importants dans les pays pauvres d’Afrique et d’Asie. Mais des inégalités subsistent encore, la durée de vie en Afrique est 16,3 ans plus courte qu’en Europe, mais l’écart se réduit lentement.

6) La mortalité infantile est très basse

Déclin de la mortalité infantile, 1990 to 2017. UNICEF

La mortalité infantile a diminué de plus de moitié depuis1990. Si vous regardez les régions en développement, les gains sont encore plus impressionnants. En Afrique, 17 pour cent des enfants sont morts avant l’âge de 5 ans en 1990. En 2015, ce pourcentage était tombé à 8 %. En Inde, le deuxième pays le plus peuplé, la mortalité infantile a chuté de 69 % au cours de cette période, soit plus des deux tiers. En Chine, le pays le plus peuplé du monde, elle a chuté de 83 %. Il s’agit là de chiffres vraiment massifs qui ont contribué à l’amélioration de l’espérance de vie dans son ensemble.

7) Mortalité maternelle en baisse lors des accouchements 

Déclin de la mortalité maternelle, 1990 to 2015. World Health Organization

La mortalité maternelle a diminué de 43 % entre 1990 et 2015, selon l’Organisation mondiale de la santé. Vous pouvez voir que la baisse a été particulièrement forte dans les pays africains.

Paix et sécurité

8) Sur le long terme, les taux d’homicides ont chuté de façon spectaculaire 

Déclin des homicides dans l’Europe de l’Ouest, de 1300 à 2016. Our World in Data

Le passé était beaucoup plus violent qu’aujourd’hui. Comme le montre le travail de recherche du criminologue Manuel Eisner, les homicides dans les pays européens sont en baisse depuis des siècles. Eisner estime que dans les années 1200 et 1300, l’Europe avait un taux moyen d’homicides d’environ 32 pour 100 000. Dans les années 1900, ce taux était tombé à environ 1,4 pour 100 000.

9) L’approvisionnement en armes nucléaires a rapidement été réduit  

Effondrement des stocks d’armes nucléaires, qui a commencé à la fin des années 80.
Federation of American Scientists / Hans M. Kristensen and Robert S. Norris

Les stocks mondiaux d’armes nucléaires ont culminé en 1986 avec 70 300 ogives et la période qui a suivi a connu une forte diminution des stocks américains et russes et donc du nombre total mondial. Le traité international de non-prolifération des armes nucléaires a connu quelques défaillances, le Pakistan et la Corée du Nord ont développé des armes, mais l’Afrique du Sud et le Bélarus, le Kazakhstan et l’Ukraine de l’après-URSS ont tous volontairement abandonné leurs armes.

Services gouvernementaux et sociaux

10) De plus en plus de gens vont à l’école plus longtemps  

L’augmentation globale de la scolarisation de 1870 à nos jours. Our World in Data

Nous avons encore beaucoup à faire pour améliorer l’accès à l’éducation, mais même dans les pays en voie de développement comme la Chine et l’Inde, le nombre moyen d’années de scolarité a augmenté rapidement. Même si le système éducatif n’est clairement pas parfait, c’est encourageant.

11) Et l’alphabétisation est également en hausse

L’essor de l’alphabétisation, de 1475 à 2015. Our World in Data

L’amélioration de l’accès à l’éducation a, comme on pouvait s’y attendre, coïncidé avec une augmentation de l’alphabétisation. De grands progrès ont également été réalisés en réduisant les écarts mondiaux en matière d’alphabétisation. En 1870, 79,9 % des Afro-Américains âgés de 14 ans ou plus étaient analphabètes et en 1952, ce chiffre n’était plus que de 10,2 %. Mais en 1979, selon les données du Centre national des statistiques de l’éducation, le taux d’analphabétisme était tombé à 1,6 %.

Vous pouvez lire la suite en vous procurant le livre Convergence 2045: IA, créativité artificielle et effondrement ? de Boris H sur Amazon. Vous pouvez aussi écouter l’album qui l’accompagne gratuitement sur Spotify et Soundcloud

1 comment
  1. Bonjour,
    je ne conteste pas de nombreuses “améliorations”. L’idée de ne pas rejeter la collapsologie pour préparer un meilleur futur, je plussoie.
    Toutefois, cet article est un peu naïf, il est écrit avec des lunettes roses. Le problème c’est que de nos jours, peu importe l’a priori qu’on a, on va trouver des TONNES de confirmations (“cf “filter bubble”). Bien sûr c’est valable aussi pour les effondristes qui voient tout en noir.

    Donc, je ne dis pas que tout est noir et qu’on est foutu, mais, il y a, me semble-t-il quelques nuances à apporter.
    D’abord les chiffres de Pinker et son accolyte Rosling sont à prendre avec beaucoup de pincettes : https://www.partage-le.com/2018/10/le-mensonge-du-progres-par-nicolas-casaux/
    De même pour les chiffres de la banque mondiale, qui n’indiquent pas forcément un enrichissement, mais plutôt une monétisation de l’économie. Et puis, c’est un peu leur job de faire les VRP du libéralisme et du mondialisme, c’est comme ça qu’ils gagnent leur croute, donc, ils ne vont pas dire que ça ne marche pas dans leurs stats …

    Ensuite, certains progrès (très réels) s’accompagnent d’effets secondaires non négligeables. Je pense à l’école gratuite et obligatoire. C’est en principe très bien, mais quand ça devient une machine à propagande LGBT comme en occident, on peut se poser quelques questions.

    Les homicides diminuent, mais si on comptait les suicides dedans, je ne suis pas sûr que ça serait toujours le cas. Le monde n’est pas vraiment moins violent : la violence à changer de forme. Se chopper un cancer parce qu’on bouffé des micro-plastiques toutes sa vie, je trouve ça assez violent. L’espérance de vie en bonne santé stagne ou diminue carrément. La malbouffe peut-être considéré comme de la sous-nutrition et du coup les stats des gens qui meurent de faim (que leur apparence soit grosse ou maigre) sont directement doublé.

    Mais malgré tout ça on pourrait dire que ce n’est pas si mal. Oui. Sauf qu’il y a 2 gros problèmes selon moi : 1/ le dysgénisme. On devient con, faible et lâches. 2/ le réchauffement et l’effondrement écosystémique.
    2 scénarios : soit la civilisation s’effondre, et la, on a redevenir des guerriers et des maris digne de ce nom, soit elle ne s’effondre pas, mais alors, on sera gouverné par les IA et la biodiversité ne sera qu’une ressource pour les machines sur une planète terraformée de fond en comble.

    En conclusion je dirais : tout va tellement bien que si on retirait toutes les drogues des grandes villes : anti-dépresseur, chichon, porno, jeux virtuel, réseaux sociaux, la société s’effondrerait le lendemain.
    Donc pour moi une société qui va bien au prix d’une fuite permanente hors de la réalité … je ne suis pas sûr qu’elle aille si bien que ça.

    En conclusion bis je dirais : même si la civilisation ne s’effondre pas, l’Europe elle oui. C’est une certitude à 80/90% pour moi. On est en plein effondrement ici, et on ne peut pas l’arrêter. Même si l’humanité s’en tire à bon compte, il n’en reste pas moins que nous, on n’y coupera pas, puisqu’on est déjà en plein dedans (et ça va s’accélérer).
    Alors moi je pense

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