Guy Millière, “La gauche européenne refuse de voir l’antisémitisme musulman”

L’universitaire Guy Millière, désormais installé aux USA en 2016 et l’un des plus fameux (et des seuls) commentateurs francophones à soutenir Trump, nous a fait le plaisir de répondre à nos questions que nous avons divisées en 3 volets distincts : les USA, l’Europe et Israël. Guy Millière est un fervent soutien à l’interventionnisme américain afin de remodeler le monde en faveur de l’Occident. Libéral convaincu, il jette un regard très critique non seulement sur l’étatisme français, mais aussi sur l’expansion de l’Islam en Europe. Dans l’entretien suivant, il nous livre sa vision sur l’état d’Israël.

Concernant les relations du petit État hébreu avec ses voisins musulmans, quelle incidence a exactement la politique étrangère de Trump ? Assiste-t-on à une alliance israélo-saoudite face à l’Iran ? Que répondez-vous aux théories fantasmant un Tsahal complice de l’Etat Islamique et source de déstabilisation en Syrie ?

Trump regarde Israël sans avoir dans la tête le moindre a priori gauchiste ou antisémite. Il discerne en Israël une démocratie occidentale alliée aux Etats-Unis, une puissance régionale majeure située en première ligne dans la confrontation entre l’Occident et l’Islam conquérant. Il discerne que l’Iran des mollahs a des visées hégémoniques et des liens dangereux avec divers régimes délétères (Corée du Nord, Venezuela chaviste), et est devenu le principal financier des organisations islamo-terroristes sur la planète, chiites et sunnites : il entend donc endiguer, et si possible, asphyxier l’Iran des mollahs. Il a vu dans la menace que l’Iran des mollahs pèse non seulement sur Israël, mais aussi sur les pays arabes sunnites, et en particulier sur l’Arabie Saoudite. Il a offert dans ces conditions à la monarchie saoudienne le plein soutien que l’administration Obama avait retiré en se rapprochant de l’Iran, mais a stipulé que ce soutien impliquait le respect d’exigences américaines qu’il a énoncées lors du sommet de Riyad en mai 2017 : l’Arabie Saoudite et les autres pays arabes sunnites doivent cesser de financer la dissémination planétaire de l’islam et doivent lutter contre l’islamo-terrorisme. Ils doivent aussi se rapprocher d’Israël en vue de parvenir à une paix régionale. Ces exigences sont peu à peu satisfaites. Le financement de la dissémination planétaire de l’islam repose aujourd’hui sur le Qatar, seul émirat du Golfe rétif aux exigences américaines, et sur la Turquie. La lutte contre l’islamo-terrorisme se mène militairement surtout contre les milices Houthi financées par l’Iran, et qui tentent de s’emparer du Yémen (la description en France de la guerre au Yémen est profondément biaisée et incrimine l’Arabie Saoudite sans jamais citer l’Iran) et du Bab El Mandeb, qui mène au canal de Suez. Le rapprochement avec Israël est en cours, et la paix régionale est ce que vise le plan de paix élaboré par l’administration Trump, plan qui va bien au-delà de la “question palestinienne”. J’avoue n’avoir jamais entendu parler des théories disant qu’Israël a été complice de l’État Islamique, et de telles théories me semblent débiles. L’État Islamique est aujourd’hui essentiellement détruit, et n’en restent que des métastases. Il constituait une base arrière de l’islamo-terrorisme mondial, et celui-ci menaçait autant Israël que les pays d’Europe et les Etats-Unis. Israël n’avait strictement aucun intérêt à voir l’État Islamique perdurer, l’Europe et les États-Unis non plus. Des unités de l’État Islamique avaient pris place dans le Sinaï, aux portes d’Israël. L’Etat Islamique a formé plusieurs des terroristes islamiques qui ont frappé l’Europe, entre autres ceux qui ont tué au Bataclan. L’Europe pourrait remercier Trump pour la destruction de l’État Islamique, car c’est grâce à Trump que l’État Islamique a été détruit, je l’explique dans mon livre Ce que veut Trump. L’Europe, bien sûr, ne remerciera jamais Trump. Pour ce qui concerne la Syrie, la guerre civile y a été déclenchée par les Frères Musulmans, soutenus par le Qatar et la Turquie. L’État Islamique y a pris forme, financé par le Qatar et la Turquie, et un temps, par l’Arabie Saoudite, qui voulait contrer l’Iran. Le régime Assad a reçu le soutien de la Russie et de l’Iran. Israël est resté en dehors de ce qui se passait en Syrie et n’a commencé à y intervenir que lorsque l’Iran a voulu y installer des bases militaires, aidé en cela par le Hezbollah. Israël continue et continuera à agir contre les bases iraniennes en Syrie dès que ces bases paraîtront dangereuses à l’état-major israélien. Les actions israéliennes en Syrie visent l’Iran et le Hezbollah, pas un seul instant le régime syrien, et se font avec l’assentiment tacite de la Russie, qui soutient le régime syrien et l’Iran, mais pas la présence iranienne en Syrie.

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Comment Netanyahu arrive-t-il à se maintenir ? Comment cet homme diabolisé ici en Europe est-il parvenu à redresser son pays économiquement ?

Netanyahou est un très grand homme d’État. Il a fait d’Israël un pays économiquement puissant, et même un pays indispensable économiquement pour le reste du monde, ce grâce à une politique de déréglementation et de facilitation de la création d’entreprises. Israël est devenu la deuxième puissance du monde en matière de hautes technologies et la huitième puissance du monde en termes d’influence stratégique, ce qui est absolument remarquable pour un pays aussi jeune et aussi petit. Les accomplissements technologiques d’Israël font que l’armée israélienne est l’une des plus puissantes du Proche-Orient et l’une des plus avancées technologiquement sur la planète. Netanyahou a aussi noué des liens diplomatiques et économiques avec des pays situés sur les cinq continents, ce qui lui a permis de résister aux pressions de l’administration Obama et de l’Union Européenne. Cette dernière, et en son sein la France tout particulièrement, est sur des positions “pro-palestiniennes”, donc pro-terroristes, qui reposent sur une volonté d’apaiser les Musulmans vivant en Europe, et Netanyahou a su ne rien céder aux organisations “palestiniennes”, ce qui ne peut que déplaire a l’Union Européenne et à la France en particulier. Israël est traité en Europe et en France comme on traitait les Juifs en Europe et en France avant la Deuxième Guerre Mondiale : avec un mépris teinté de haine. J’explique cela en détail dans mes livres L’État à l’étoile jaune et Israël raconté à ma fille. En Europe et en France, on n’aime les dirigeants israéliens que s’ils mettent Israël en danger et font des concessions aux organisations “palestiniennes”. On pratique l’aveuglement volontaire, et on ne veut pas voir que l’Autorité Palestinienne et le Hamas sont des organisations terroristes islamiques qui ne veulent pas d’un État à côté d’Israël, mais la destruction d’Israël dans un bain de sang juif. J’en déduis que les dirigeants européens et français ne détesteraient pas un bain de sang juif.

Israël passe pour être un modèle de démocratie au Proche et Moyen Orient, voire la seule démocratie effective dans la région. La ré-organisation prévue des élections est-elle le signal d’une crise, ou bien s’inscrit-elle dans la marche normale des institutions démocratiques israéliennes ?

Les élections israéliennes ont lieu au scrutin proportionnel intégral, ce qui favorise l’émiettement des voix et donne un pouvoir démesuré à des partis très minoritaires, Lors des élections du mois d’avril, des voix de droite se sont portées sur des partis qui n’ont pas réalisé un score suffisant pour avoir des députés. Une majorité semblait exister néanmoins. Le dirigeant d’un parti soutenu essentiellement par des électeurs d’origine russe, Avigdor Lieberman, a présenté à Netanyahou des exigences démesurées, puis utilisé un prétexte, le fait que les Juifs orthodoxes bénéficient d’exemptions au service militaire obligatoire, pour refuser d’entrer au gouvernement. La question des exemptions au service militaire dont bénéficient les Juifs orthodoxes est en voie de règlement. La réalité est qu’Avigdor Lieberman voulait empêcher Netanyahou de former un gouvernement, et espère maintenant élargir sa base électorale en attirant des électeurs de gauche hostiles aux orthodoxes et espère que les menaces judiciaires que la gauche fait peser sur Netanyahou feront tomber celui-ci avant qu’il puisse former un gouvernement après les élections qui auront lieu au mois de septembre. Avigdor Lieberman déteste Netanyahou depuis longtemps et se conduit de manière irresponsable. Israël devrait changer de mode de scrutin, et, sans abandonner le scrutin proportionnel, fixer le nombre de voix requis pour avoir des députés à un niveau plus élevé, ce qui inciterait à un moindre émiettement des voix et éviterait que des partis très minoritaires puissent avoir des exigences excessives ou tenter d’utiliser leur faible poids pour que leurs dirigeants se conduisent de manière opportuniste et règlent des comptes personnels. Le fait est qu’à cause d’un seul homme, Israël est condamné à avoir encore pendant des mois un gouvernement de transition qui ne peut rien faire de plus que régler les affaires courantes : dans un contexte où les Etats-Unis devaient présenter un plan de paix, c’est très dommageable.

Comparant l’Etat d’Israël au régime de l’Apartheid et finançant des ONG pro-palestiniennes, l’antisionisme, pourtant manifeste, du milliardaire George Soros, est souvent occulté. Pourquoi Soros est-il si hostile à l’Etat hébreux ? Pourquoi perçoit-il Netanyahu tel un ennemi au même titre que Trump, Salvini et Orban ?

Poutine est chrétien, mais aussi et surtout patriote russe. Il a, de surcroît été formé par le KGB. Il a la nostalgie de la puissance soviétique. Il entend redonner à la Russie une part de la puissance qui était celle de l’Union Soviétique. Il est machiavélien et adepte de la realpolitik. Il a longtemps été influencé par les idées eurasistes d’Aleksandr Dugin, qui oppose le bloc continental eurasien, que la Russie devrait dominer, aux puissances maritimes, dominées par les États-Unis. Ce n’est pas un défenseur de l’Occident chrétien, mais un défenseur chrétien, orthodoxe, de la puissance russe. Ses alliés sont les puissances hostiles au monde occidental en général et aux États-Unis en particulier, Corée du Nord, Chine, Iran, Venezuela. Trump a, après les terribles années Obama (j’analyse leurs conséquences dans mes livres Le désastre Obama et Après Obama, Trump ?), rétabli la puissance américaine et la position de défenseur du monde libre qui a été celle des États-Unis après la Deuxième Guerre Mondiale. Le défenseur de l’Occident chrétien aujourd’hui est incontestablement Donald Trump. S’il est détesté par la gauche américaine, c’est parce que celle-ci, dans sa dérive gauchiste est devenue très hostile à la puissance américaine et à l’Occident chrétien. S’il est très largement détesté en Europe, c’est parce que les gauches européennes sont elles-mêmes hostiles à tout ce qu’incarne l’Occident chrétien et veulent sa dissolution dans un monde multiculturel.

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Alors que l’antisémitisme “classique” propre à l’extrême droite européenne semble moribond, voire à l’agonie, certains intellectuels, comme le philosophe Alain Finkielkraut à titre d’exemple, évoquent l’émergence d’un “nouvel antisémitisme” ancré à gauche et d’origine islamiste. En quoi ce nouvel antisémitisme est-il fondamentalement différent de l’ancien, ne peut-il qu’augmenter au rythme de l’immigration extra-européenne en provenance des pays musulmans ? La gauche antiraciste et immigrationniste ne joue t-elle pas ironiquement le jeu de ce nouvel antisémitisme en favorisant son essor ?

L’antisémitisme d’extrême droite est effectivement à l’agonie en Europe, tout comme l’extrême droite, d’ailleurs. Les mouvements définis par la gauche comme d’”extrême droite” sont aujourd’hui des mouvements défendant la souveraineté démocratique des Etats nations européen, la civilisation occidentale, et hostiles à l’invasion islamique du continent européen. Ils n’ont aucune hostilité fondamentale vis-à-vis des Juifs et voient en Israël un Etat nation souverain et démocratique confronté à la menace islamique, donc un allié. L’islam est imprégné d’antisémitisme, et l’antisémitisme est logiquement très présent dans les communautés musulmanes en Europe. Les Musulmans sont absolument hostiles à Israël, pour une raison simple : tout territoire conquis par l’islam est censé être irréversiblement musulman. Le territoire d’Israël a été conquis par l’islam, et la renaissance d’un Etat non musulman en territoire conquis par l’islam est islamiquement inadmissible. En supplément, Israël est un Etat juif, et les Juifs dans l’islam sont censés être traités en êtres inférieurs, méprisables, qu’il faut rabaisser et humilier. L’immigration en Europe de gens venant de pays musulmans implique outre l’accroissement de l’antisémitisme musulman un accroissement de l’hostilité à Israël en Europe. La gauche en Europe favorise cette immigration parce qu’elle choisit de s’aveugler sur ce qu’est l’islam, parce qu’elle est fondamentalement hostile à tout ce qui est la civilisation occidentale et a opté depuis longtemps pour un multiculturalisme relativiste au sein duquel la culture occidentale est censée venir se diluer, mais aussi parce qu’elle voit dans les immigrants un électorat prêt à voter pour elle pour peu qu’on le flatte et qu’on montre qu’on accepte pleinement sa culture. La gauche en Europe refuse de voir l’antisémitisme musulman qui monte, et prétend combattre l’antisémitisme en pointant du doigt un antisémitisme qui s’estompe et n’agresse pas les Juifs et en se refusant à incriminer l’antisémitisme qui monte et qui agresse des Juifs. C’est d’une hypocrisie honteuse. La gauche est anti-israélienne parce qu’elle a adopté le récit musulman sur Israël et s’est imprégnée de la propagande élaborée par les services soviétiques au moment où ils ont inventé la lutte de libération nationale “palestinienne” au milieu des années 1960 : un petit peuple censé être opprimé a été inventé pour que la gauche le soutienne, le “peuple palestinien” (j’explique cela dans Comment le peuple palestinien fut inventé). Le terrorisme islamique appelé “palestinien” s’est trouvé décrit comme une “lutte de libération” et est depuis traité comme s’il était différent de toutes les autres formes de terrorisme islamique. L’idée que le petit peuple inventé doit avoir un État s’est disséminée, et l’idée que les chefs terroristes islamiques “palestiniens” doivent être placés à la tête de cet État se sont implantées. Israël n’a de cesse d’être vu comme un petit État agressé par l’islam, et a été décrit comme un État impérialiste et oppresseur. Les Juifs soutenant Israël ont été peu à peu traités en complices, et tous les Juifs ont été soupçonnés d’être eux-mêmes complices, et sommés de défendre la cause “palestinienne” pour se disculper. La gauche européenne est fondamentalement impliquée dans l’essor de l’antisémitisme qui agresse des Juifs aujourd’hui en Europe. C’est incontestable.

3 comments
  1. Dans le même ordre que l’invention d’un peuple palestinien opprimé dont on rappellera qu’il venait de passer quelques siècles sous le joug de l’empire Ottoman, comme une province qui s’appelait la régence d’Alger…….. l’ivoirien Kakou Tigori a écrit un livre intéressant dans « L’Afrique à désintoxiquer » qui est sorti récemment. Il analyse avec lucidité la « réécriture de l’histoire du colonialisme en Afrique par les courants marxistes, à l’époque d’origine soviétique, après la 2ème guerre mondiale » et ses conséquences. Diabolisation des européens, négation des apports positifs du colonialisme puis repentance des européens dont il analyse, à mon sens, avec justesse, que leur (notre) civilisation s’est auto détruite pendant la guerre de 14-18. Le reste ne fut plus qu’une agonie. Avec toute la créativité linguistique africaine qui enrichit la langue française sur ce continent, Kakou Tigori a même créé un mot valise : le mencomafnoire pour désigner les mensonges communistes concernant l’Afrique Noire.
    Et Kakou Tigori fait la leçon a ses compatriotes “Tant que vous vous poserez en victimes en réclamant qu’on vous demande pardon, l’Afrique n’arrivera à rien” Il faut être africain pour oser le dire.

    1. La chrétienté, ce ne sont pas quelques activistes cathos ou crypto-cathos, ne vous déplaise. Des “chrétiens” militant pour la submersion migratoire, pour l’immigration clandestine et donc la fin des Nations n’ont rien de chrétien. Millière a raison sur toute la ligne, c’est vous qui racontez des âneries.

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