Comprendre et combattre le postmodernisme. Épisode I : Les Princes Démons de la “french theory”

Cet article repose sur un essai publié en 2017 par Helen Pluckrose. Elle est notamment connue pour avoir participé au canular contre les revues pseudoscientifiques dites de “greviance studies”.

Autrefois promotrice de progrès concret, la gauche est aujourd’hui engagée dans une étrange surenchère moraliste aux objectifs et effets contradictoires. Alors qu’à droite les partis de pouvoir s’isolent scrupuleusement des idées neuves et affirmées, à gauche les plus extrémistes exercent une influence palpable sur l’agenda et la communication des “modérés”.

Rares sont les analystes à proposer une explication crédible à cette étrange porosité. Seuls ceux qui comme moi ont combattu les pseudosciences savent nommer l’engeance chaotique dans laquelle la gauche puise ses idées les plus démentes. Ce corpus universitaire est la fameuse “french theory” postmoderne, fondé par trois philosophes français : Jean François Lyotard, Michel Foucault et Jacques Derrida.

L’influence des trois princes démons de l’apocalypse woke se manifeste d’abord par un authentique déluge de citations: 90k pour Jean François Lyotard, 947k pour Michel Foucault et 289k pour Jacques Derrida. Aucun penseur scientifique de l’humain n’approchent leurs performances : Konrad Lorenz plafonne à 47k, Steven Pinker à 90k et Yuval Noah Harari, que Google ne daigne même pas à classer, doit péniblement atteindre les 5k. Mais le plus navrant, comme vous allez rapidement le comprendre en lisant la suite, est la profonde absurdité de leurs théories.

Jean François Lyotard: Prince démon de Nurgle

Le terme postmodernisme fut inventé par le militant d’ultra gauche Jean François Lyotard en 1979, dans un ouvrage de commande pour le gouvernement québécois, La Condition postmoderne. Rapport sur le savoir. Toutefois il serait injuste de lui attribuer la paternité du mouvement. Il n’a fait que synthétiser et organiser les idées malsaines qui fleurissaient dans la fange idéologique des années 60.

Lyotard définit le postmodernisme comme une incrédulité vis à vis des méta-récit proposant une explication large et cohérente du monde. Les principaux méta-récits sont les religions classiques (surtout les monothéismes) ou athée (marxisme), la philosophie des Lumières (la raison et la démocratie) et la science (la méthode scientifique).

Lyotard proposa de les remplacer par des mini-récits. La raison, la science, le bien, le mal, le beau, le laid, perdent ainsi leur statut de vérités universelles et subissent des mutations grotesques pour satisfaire des aspirations particulières. Parfaitement adaptés à le mentalité égocentrique des boomers, les mini-récits furent aussi rapidement adoptés par les minorités revanchardes.

Pour le militant d’ultra gauche Lyotard, la science est strictement liée à l’état et à l’idéologie, il rejette par principe son objectivité. Il poussa le délire jusqu’à prétendre que la science subirait une érosion de la confiance depuis le XIXème siècle. Dans les faits, il est évident que la science a considérablement affiné sa cohérence, sa robustesse et son effectivité pratique depuis cette époque, même si le processus d’amélioration permanente est ingrat. Personne n’échangerait un médecin moderne contre un d’avant 1789. Sauf les antivaccins et les cultistes de Nurgle toujours prêts à sacrifier leurs progénitures (et celles des autres) au Dieu sombre de la mort et de la déchéance physique.

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Le postmodernisme, tel que défini par Lyotard, pose deux problèmes fondamentaux.

D’abord son anticapitalisme viscéral trahit sa filiation avec le marxisme. Responsable de plus de 150 millions de morts, le marxisme rejetait la science en l’accusant d’être au service de la domination “bourgeoise”. L’affaire Lysenko fut un cas particulièrement meurtrier d’application concrète de la science “prolétarienne”, causant la mort de plusieurs millions de soviétiques. Le postmodernisme, comme l’écologie avec laquelle il est fortement imbriqué, est un camion-balai venu ramasser les déçus et déchets du marxisme, non sans se défaire de l’influence du Dieu du sang.

Bien qu’affichant un antiracisme exubérant, le postmodernisme est parfaitement compatible avec l’essentialisme racialiste le plus dur. Vous auriez bien tort de juger cette accusation saugrenue. Si les non blancs ne peuvent s’approprier les méta-récits fondés sur la Raison des Lumières et la Science de l’homme blanc occidental, alors il faut admettre l’existence de subdivision de l’espèce humaine en race ayant non seulement des aptitudes et des aspirations différentes mais, et cela est beaucoup plus radical, des rationalités différentes. Dans les universités woke américaines cette position est aujourd’hui sérieusement défendue par les guerriers de la justice sociale les plus extrémistes.

Michel Foucault, Prince démon de Slaanesh

Ce nom ne vous est pas inconnu, d’abord parce ce fascinant inverti est bien plus célèbre que Lyotard, mais aussi parce que j’ai déjà rédigé un article sur un de ses ouvrages. Si sa description du système judiciaire comme outil du pouvoir est brillante, par la suite il s’est trop souvent contenté de recycler systématiquement ce schéma pour expliquer tout, et surtout n’importe quoi.

La pensée de Foucault s’organise autour de deux dogmes. Le premier est qu’il n’y a pas de place pour l’autonomie, la volonté et les déterminismes biologiques dans les destins individuels et collectifs. Seuls les rapports de puissance construisent les structures légales, sociales, religieuses et biologiques. L’abracadabrante théorie du patriarcat du steak, défendue par le chercheur anti-OGM Pierre-Henri Gouyon, est l’exemple type de la théorie aussi farfelue que populaire prenant racine dans la pensée de Foucault.

Le second dogme est son profond relativisme moral, dans Surveiller et Punir, le Maître des Backrooms se refuse à admettre la supériorité rationnelle et scientifique de la justice moderne sur l’absurde système féodal. Peut-être était-il simplement nostalgique des exquises tortures de la Sainte Inquisition ; après tout, il fut un pratiquant accompli du sado-masochisme sodomite jusqu’à ce que le SIDA ne l’emporte.

L’héritage de Foucault irrigue aujourd’hui toutes les branches de l’idéologie woke. Judith Butler s’est très largement appuyée sur ce délire pour élaborer la célébrissime et ridicule théorie du genre comme construction sociale. La pensée postcoloniale et intersectionnelle sont elles aussi héritières de son opposition aux valeurs et institutions de l’homme blanc qu’il jugeait, par nature, oppressives contre les “minorités”.

Jacques Derrida, Prince démon de Tzeentch

A l’image de son Dieu Sombre de tutelle, l’influence systémique du discret et mystérieux Derrida est très largement sous-estimée. Ses thèses ne remettent pas seulement en cause les acquis et les caractéristiques propres à la civilisation occidentale, mais les notions même d’humain, de civilisation et de langage. Son apport se résume à deux préceptes dont nous connaissons trop bien les conséquences.

Le premier est que l’existence dans la langue de catégories différenciées (jeune/vieux, homme/femme) implique forcément une opposition entre ces catégories. La polarité et la complémentarité des différentes composantes de l’humanité ne sont plus envisageables. Derrida enferme les humains dans une conflictualité systémique et indépassable ; sauf, vous l’aurez deviné, si l’on s’engage dans la déconstruction de ses catégories. Celles-ci étant les fondements culturels, mémétiques et génétiques des civilisations humaines en tout temps, tout lieux et pour toutes les races, accepter Derrida c’est exiger la destruction de tout ce qui nous rend humain.

La seconde contribution chaotique de Derrida est l’idée que l’intention du locuteur/écrivain n’est pas pertinente, ce qui est important c’est l’émotion provoquée chez le receveur/lecteur. Il introduit ainsi une seconde rupture anthropologique, cette fois en remettant en cause la nature même du langage. La réussite de la transmission par le langage dépend du contexte, de la capacité de l’émetteur à verbaliser son message et de l’aptitude du récepteur à comprendre l’intention de l’émetteur. Derrida déresponsabilise le récepteur en lui donnant l’entière légitimité pour juger du message quand bien même il ne l’aurait pas compris.

De ce délire naîtront les étranges concepts qui aujourd’hui conflictualisent les rapports humains : microagressions, pronoms individualisés en fonction de l’auto identification de genre et le concept de “racisation”. Le dernier avatar en date de ce délire est la censure d’œuvres anciennes qui sont jugées oppressives selon des critères contemporains (de masques de théâtre de l’antiquité grecque à la série des années 90 Friends).

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Savoir reconnaitre l’influence des Dieux Sombres

Face à l’explosion des pseudosciences et du militantisme émotionnel gauchiste hystérique et violent, il ne faut pas se tromper de cible. Le règne du stupide et la pénétration jusqu’à la tête des États des théories délirantes est le résultat de l’influence des Dieux du Chaos. Plus les émotions humaines seront exacerbées et débridées par les dogmes de la French Theory, plus ils seront puissants.

Cette guerre contre la science, la raison et la verticalité ne se gagnera pas en démontant les discours pseudoscientifiques et gauchistes un à un. Même les théories les plus absurdes et stupides comme la théorie du genre et le patriarcat du steak persistent chez les intellectuels après des réfutations magistrales. Nous devons terrasser la source de leur pouvoir : l’influence du postmodernisme dans les milieux intellectuels et universitaires.

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