The way of lit – Comment se faire une culture littéraire ?

Par où commencer ? Quel livre lire en premier ? Quel courant choisir ? Est-ce que je peux commencer par Zarathustra ? Il est normal de se poser toutes ces questions quand on entreprend une quête littéraire. Le problème de ces questions est qu’elles ont bien souvent des réponses multiples. Effectivement, les besoins, les envies et les styles diffèrent en fonction des individus. Cependant, nous restons tous des sapiens aux comportements relativement similaires à l’échelle macroscopique de la société. Alors, une introduction commune à la littérature n’est pas nécessairement malvenue pour une commune humanité.

Plutôt que de vous donner une liste de livres à traiter, je vous propose carrément une carte guidée pour une introduction aux sciences humaines, sociales et littéraires : The way of lit (« La voie de la littérature », mais c’est moins stylé en français). La carte forme un parcours composé d’une quarantaine d’auteurs et des propositions d’ouvrages pour chacun d’eux. La totalité de la carte devrait représenter 60 à 80 livres. On pourrait recommander de lire au moins un ou deux livres par auteur traité, en plus des recherches complémentaires à réaliser de manière potentielle (forums, wiki, Youtube…). La carte s’inspire des diagrammes que l’on peut trouver sur 4chan qui s’attardent bien souvent à réaliser des cartes non guidées d’ouvrages ou alors sur seulement un seul auteur.

Pour avoir la carte en HD : https://drive.google.com/drive/folders/1dS73_qOss6IAiUhJV-dHRr43OtDnpf_v?usp=sharing

Pour qui est faite la carte ?

Pour celle-ci, j’ai tenté de me baser sur mon propre profil qui est, sans nul doute, dans la moyenne… Je vous laisse le soin de juger de la pertinence de la déduction par le vécu. Donc, si vous n’avez pas ou peu reçu d’éducation littéraire au lycée ou à la maison (ce qui n’est pas dramatique en soi), la carte vous sera utile. De manière générale, elle intéressera toute personne qui, consciente de son manque de bagage culturel, cherche à cerner et s’approprier les principales références littéraires et des humanités. (Ici, le mot littéraire englobe aussi sciences humaines et sociales). On pourrait rétorquer qu’une carte guidée est une idée quelque peu saugrenue, comme s’il n’y avait qu’une trajectoire à suivre pour cette entreprise intellectuelle. Bien que le caractère monolithique de la carte semble évident, il faut davantage la percevoir comme l’un des phares qui éclairent l’océan tumultueux du monde littéraire dans lequel chacun de nous manque de faire naufrage.(Oula…). En d’autres termes, ici rien n’est impératif et vous pouvez contourner et ajouter des auteurs à votre guise.

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Qui a fait la carte et comment ?

C’est moi-même, à l’aide de mes propres lectures et recherches. J’y ai représenté ceux qui me semblent être les acteurs fondamentaux de la pensée classique et contemporaine en suivant une certaine chronologie, sans passer par les écoles présocratiques et scolastiques qui s’éloignent toutes les deux des sciences humaines. Initialement, j’avais réalisé la carte pour un collègue écossais, raison pour laquelle elle est en anglais. Mais sa compréhension reste accessible à tous. Une traduction est prévue, en attendant, je vous invite à utiliser l’outil de traduction que vous souhaitez pour ceux qui ne sont pas bilingues. Les auteurs et les courants de pensées qui leur sont associés font tous parti d’un ensemble immense et nébuleux. C’est pour cette raison que j’aurais aimé connaître un chemin limpide beaucoup plus tôt et de me laisser prendre par la main au lieu de patauger et hésiter sur ce qu’il fallait lire en priorité.

La carte se divise en trois parties :

Phase antique : on y retrouve les courants principaux de l’antiquité grecque et romaine. On part des premières mythologies grecques qui influencent encore aujourd’hui la culture occidentale jusqu’à la sagesse de l’école stoïcienne.

Phase moderne : on y retrouve l’humanisme de la Renaissance et le siècle des Lumières. La première modernité est le premier grand bond dans la pensée philosophique avec la redéfinition de multiples concepts et l’apparition des courants majeurs comme l’idéalisme ou l’empirisme et le début de l’universalisme français.

Phase contemporaine : on y retrouve les fondamentaux des approches économiques et sociales des problèmes humains contemporains, ainsi qu’un large panel d’auteurs de la philosophie continentale (phénoménologie, postmodernisme…) et analytique (logique, philosophie du langage, philosophie de l’esprit…). C’est peut-être la phase la plus pertinente de la carte, car elle met en évidence deux traditions philosophiques qui s’opposent dans la méthode et la nature des sujets investigués.

J’ai conçu la carte avec un accent sur la phase contemporaine, car je pense qu’une ouverture sur les pensées récentes est plus pertinente pour une simple raison de logiques temporelles. Effectivement, les auteurs d’aujourd’hui prennent en compte les anciens, l’inverse n’est pas vraiment possible. Ou encore, la phase contemporaine est accentuée, car les problématiques des ouvrages sont beaucoup plus actuelles que celles évoquées par Descartes en 1630…

Ce que permet la carte

  • La construction d’une bibliothèque générale, utile pour toute la vie. En effet, si vous avez le soucis de la globalité, la carte propose un survol de quasiment toutes les disciplines liées aux sciences humaines et sociales (philosophie, science politique, sociologie…). Ici, on recherche l’apprentissage sur une grande surface au détriment de la profondeur et de l’expertise d’une seule discipline.
  • L’optimisation de la compréhension des auteurs grâce à une bonne chronologie. C’est un point important que nous allons développer dans la suite.
  • La fixation d’un cap ludique pour le lecteur. Savoir où l’on nous permet d’apprécier et de comprendre le sens du chemin que l’on emprunte. On peut se représenter les auteurs comme des checkpoints que l’on débloque au fil des lectures et des compréhensions.

Pourquoi commencer par les Grecs ?

Commencer par Homère, c’est démarrer par les racines de notre civilisation. Il faut comprendre que la majeure partie des pensées occidentales émane des philosophies gréco-latines. Commencer par les Grecs, c’est démarrer l’histoire de la philosophie (et toutes les disciplines qui en découlent) par le début. Comprendre l’histoire, c’est aussi mieux saisir les pensées d’aujourd’hui. Vous allez voir, pendant votre route sur The way of lit, que les auteurs évoqués font toujours référence aux anciens dans leurs travaux, notamment les anciens que vous aurez déjà traités sur le parcours. De plus, les penseurs grecs sont les premiers à s’être intéressé à l’humanité et à ses enjeux. On y retrouve alors, notamment dans les dialogues platoniciens fondamentaux de l’argumentation : le logos, l’éthos et le pathos. Et de manière globale, on y trouve les premières réflexions sur les bases de la nature humaine : l’existence, la société, les sentiments, la mort…

Pourquoi avoir écarté le Moyen Âge ?

Il ne faut pas oublier que The way of lit est une introduction littéraire. À mes yeux, la philosophie médiévale (philosophie chrétienne et scolastique) n’a pas sa place dans une initiation à la littérature, tout comme les philosophies asiatiques (Bouddhisme, Taoïsme…). De plus, la philosophie scolastique visait à mixer la foi chrétienne avec la philosophie classique, en particulier celle d’Aristote. Ce caractère religieux et mystique de cette école de pensée fait que l’on s’écarte des humanités et d’ailleurs c’est pour cette raison qu’elle s’est vue dérober de son influence à la fin du Moyen Âge. Néanmoins, rien ne vous empêche de les intégrer au parcours si vous y tenez, notamment en parcourant les travaux de Thomas d’Aquin, l’un de ses principaux représentants.

Où est la Bible ?

L’absence du premier et du second testament est sans doute l’un des défauts de la carte. Combiner Homère et la Bible me semble être trop lourd pour une simple introduction. Si vous tenez tout de même à la présence de la Bible, je vous propose de suivre en parallèle le 1 Month Bible Reading Plan (le plan se trouve dans le même drive que la carte). C’est un plan qui vous donne une compréhension partielle de la Bible sur 30 jours en parcourant ses passages significatifs. La Bible faisant 2700 pages en taille de caractère 8, il vaut mieux un bref survol de l’ouvrage qu’un abandon après deux semaines de lecture éprouvantes. Si cela semble indispensable à vos yeux, il existe aussi des abrégés.

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C’est trop compliqué, que faire ?

Pas si simple de commencer The way of lit quand on n’a jamais eu une expérience sérieuse de la lecture au préalable. Je vous renvoie dans un premier temps vers le livre How to read a book qui vous donne une méthodologie concrète de la lecture. Ensuite, je vous invite à faire des recherches complémentaires en ligne sur les ouvrages que vous êtes en train de lire. Si vous sentez qu’un auteur est trop compliqué à traiter, n’hésitez pas à abréger votre lecture et à vous renseigner sur Wikipédia, les forums et Youtube. Je trouve dommage de se flageller quand on accède à la connaissance par la vulgarisation au détriment de l’ouvrage originel. Dans une démarche d’expertise, la vulgarisation doit nécessairement être évitée, mais pour une introduction, elle est souvent indispensable.

Le but d’un livre n’est pas de l’avoir lu et analysé à 100%. Si vous avez compris les théories et les concepts évoqués dans le livre, même sans l’avoir lu en entier (grâce aux recherches complémentaires), passez à la suite. Il n’est jamais dramatique de ne pas finir un livre, ce qui est dommage c’est de passer à la suite sans avoir compris l’auteur que vous traitiez. Il faut garder à l’esprit que ce qui est important, c’est d’avoir saisis ce que l’auteur voulait dire et de pouvoir s’en servir comme d’une référence dans vos travaux et vos discussions.

Note de NIMH

Le voyage proposé ici me semble être un travail remarquable dans lequel je me retrouve en grande partie. Je ne ferais cependant pas l’impasse sur les présocratiques et les auteurs chrétiens. Des auteurs comme Parménide, Héraclite ou encore Saint Augustin me semblent capitaux. Je le complèterais également par les lectures scientifiques les plus récentes pour offrir un autre point de vue objectif. Vous pouvez trouver une bilbiographie complète de mes recommendations de lectures. Elle sera mise à jour régulièrement au fil de mes lectures. Les liens vers les livres sont des liens affiliés, si vous les achetez par ce biais vous soutenez Rage.

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4 comments
  1. Solide programme !
    Pour avoir une vue synoptique de “l’école de la Grèce” (et fort utile, tant en guise d’introduction aux livres grecs que de mise en perspective), je proposerais Paideia de Jaeger, synthétisant le premier idéal culturel de notre civilisation, d’Homère à Thucydide.

    Son pendant pour “l’école de Rome” serait l’Humanitas telle que la défend Quintillien dans ses Institutions Oratoires, véritable éducation de l’honnête homme ; l’orateur idéal étant nécessairement un homme de bien pour Quintillien. On peut y joindre les Moralia de Plutarque, présageant les Essais à la Montaigne.

    Quant à la littérature scientifique, j’ajouterais le traité de psychologie évolutionnaire de David Buss (Evolutionary Psychology) ; un complément idéal à Darwin, pour mieux comprendre les implications de la théorie de l’évolution concernant la nature humaine. Si l’épaisseur de ce livre rebute, on pourra commencer par On Human Nature de E.O. Wilson.

    Enfin, pour équilibrer le post-modernisme et l’existentialisme, Ayn Rand peut-être utile, notamment For the New Intellectuals, anthologie des passages philosophiques de ses romans.

  2. Il faut absolument changer le nom de cet article, ce parcours n’a quasiment rien de littéraire c’est plutôt un prolégomènes initiatique à la philosophie occidentale. Un peu déçu de cette erreur flagrante de nominalisation , d’autant que même pour un parcours philosophique il y a de larges incohérences et oublis.
    Je conviens que les définitions de “littéraire” varient beaucoup mais il faudra m’expliquer en quoi Smith ou Weber le sont… Sans mentionner que si le but était purement philosophique je ne m’explique toujours pas Shakespeare. On dirait un assemblage un peu grossier de culture humaniste basique.

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