Si vous aimez le metal, les fractales et les polyrythmies, le dernier Meshuggah risque de vous coller aux oreilles un bon moment.
Sorti en 2016 (déjà) chez AVALON Records, les vétérans du “Math chaos death hardcore” reviennent tout détruire avec ce “Violent Sleep Of Reason”. À l’inverse de certains groupes qui peuvent sombrer dans la médiocrité avec le temps, Meshuggah, comme un bon vin, se bonifie avec l’âge.
Et si vous êtes un profane du metal, Il faut savoir que Meshuggah c’est : Plus de 30 ans de carrière, 8 albums, des guitares 8 cordes et un des groupes les plus actifs et respectés de la scène metal internationale.
Après des dizaines d’écoutes plus ou moins attentives et une expérience live, je peux vous dire avec certitude qu’il s’agit-là d’une des réalisations les plus abouties du groupe. Entre les structures stupéfiantes, les couplets renversants, les solos déchirants, nos oreilles sont sérieusement mises à l’épreuve. Rien ne se ressemble mais tout est parfait. Magnifiquement dosé. Meshuggah se réinvente à l’infini tout en conservant son style inimitable.
Classé 2ème meilleur album métal de l’année 2016 par le magazine Rolling Stones, Meshuggah est malgré tout réservé aux initiés et ne rencontrera jamais le succès planétaire qu’il mérite.
Cette tempête sonore nécessitera une pratique régulière du genre afin de l’apprécier à sa juste valeur et si vous n’êtes pas un puriste ou une oreille avisée, TVSOR risque de vous irriter les tympans plus qu’autre chose.
Le massacre débute par les 7 minutes 15 secondes de Clockworks.
Ce que le lambda prendra pour un démarrage poussif est finalement l’introduction parfaite pour lancer la locomotive dissonante qui ne s’arrêtera plus. Les amateurs reconnaîtront instantanément la marque du groupe, martial, labyrinthique et dévastateur. Si à 4:12 vous n’avez pas envie d’enfourcher votre destrier pour rejoindre les cavaliers de l’apocalypse, vous n’avez rien compris à Meshuggah. Meshuggah, c’est quasiment du Jazz, carrément la guerre. De la dentelle sur un char d’assault.
Comme les Suédois ne font rien comme personne, cet opus fut enregistré dans les conditions du live, en une seule prise… (Outch) À l’heure du modifiable à volonté, voilà un vrai tour de force et une sérieuse leçon de choses…
Côté lyrics, on reste dans les thèmes chers à la formation suédoise. Réflexions cosmiques (Born in Dissonance), problèmes inhérents à nos sociétés modernes (Ivory Tower) ou bien la rebellion (Our Rage Won’t Die) :
“We will haunt you, we will come for you
To collect on what you owe to us
Eye for eye, life for life
Only payment in full can end this strife”
Seul bémol, l’absence du tube tant attendu… Même si l’ambiance ne s’essouffle jamais, on regrettera l’absence d’un titre emblématique et plus accessible, similaire à “Bleed” ou “Demiurge” présent sur quasi chaque album.
Ce type de morceau constitue généralement une porte d’entrée pour découvrir le groupe. Mais là, il faudra repasser.
Malgré cela, l’album est magnifiquement composé et magistralement exécuté en live. Rien ne dépasse, le son est clair et on discerne parfaitement chaque note. Mention spéciale au batteur Tomas Haake qui nous livre une performance métronomique. La lourdeur des 8 cordes n’en finit pas de nous clouer au sol, le tout appuyé d’un chant infredonable. Le bulldozer Meshuggah fait son œuvre.
Bref, Meshuggah revient avec ce qu’il sait faire de mieux, du Meshuggah. Les puristes adoreront, les sceptiques abhorreront. Le talent du groupe vient une nouvelle fois nous péter la gueule à coup de riffs magistraux et d’atmosphères explosives. Sans oublier un artwork des plus mystiques qui reflète parfaitement le contenu de l’album. Un énième coup de génie à leur actif et encore des concerts mythiques à l’horizon. LONG LIVE MESHUGGAH !