Entendons-nous bien, je ne vais pas pouvoir faire une critique d’Atlantean Kodex sans tomber dans le dithyrambisme. 3 ans après leur glorieux “The Golden Bough” (2010). La formation teutone revient avec un album grandiose quasiment proche de la perfection.
Première surprise à la vue de la pochette de l’album, pas de mâle bodybuildé en armure scintillante, pas de scène de bataille épique, aucune trace de crâne ou de référence morbide. Ici, une sobre peinture d’un peintre allemand intitulé “Le Moine au bord de la mer”… (Caspar David Friedrich).
Chez Atlantean Kodex, on préfère la poésie à la violence. Ça change !
Maîtrise totale
Or, dès le premier morceau au titre évocateur “Sol Invictus”, le groupe se livre à un exercice de style rondement mené. Pour situer les débutants, ils réussissent l’exploit de fusionner le meilleur des grandes figures du sous-genre [Manowar, Iron Maiden et Bathory (période viking)] pour vous emmener au cœur de l’opéra Heavy Metal le plus mythique jamais réalisé. Guitares jumelées aux riffs inspirés, solos rêveurs et triomphants. Batterie et basse appuyées qui subliment les mélodies sans jamais faillir. Le tout emporté par le torrent lyrique de Markus Becker venant teinter l’album parfois de mélancolie, souvent de magie. Ça chante juste, propre, sans excès. Un mélange magnifiquement dosé sans jamais tomber dans l’exagération gênante. Bref, Atlantean Kodex mêle savamment riffs efficaces, rythmes guerriers, claviers épiques, refrains galvanisants et couplets enchanteurs.
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
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Glorieuse et mystérieuse Europe
Les aficionados du genre l’auront remarqué, ce qui fait la spécificité de ce groupe est bien le sujet récurent. L’Europe. L’Europe avec un grand “E”. Les paroles sont un véritable chaudron magique dans lequel se mélangent rites et légendes, paysages de feu et de brumes, symboles passés et figures mystiques du vieux continent. Les couplets s’enchaînent parfaitement sans jamais se ressembler. Les batailles helléniques côtoient les exploits romains, les symboles païens et les épopées chrétiennes s’entremêlent brillamment dans des refrains déjà cultes. S’il vous prenait l’envie d’apprendre les paroles pour les scander en concert, armez-vous de patience. Loin des facilités du genre, Markus Becker déroule son chapelet de vers, riffs après riffs, à la manière d’un comte traditionnel qui tutoierait les évangiles. Morceaux choisis :
From darkness grows light, from ashes a fire
Atlantean Kodex – Sol Invictus
To conquer the cold
The rites of Yuletide defying the times
The virgin-born child
A maiden by the seaside was taken from her land
Atlantean Kodex – Twelve Stars and a Azure Gown
We have a bull on the waves until it reaches a foreign strand
Her father, a great king, less than divine
True godhood she would find – Twelve stars in azure skies
This spoke the Heresiarch
Atlantean Kodex – Heresiarch (Thousandfaced Moon)
Enthroned in clouds and fire
When the seven suns align,
Down the onyx steps he strides
Comme beaucoup, l’album est également agrémenté d’extraits de films mais aussi d’étonnantes citations, comme celle de Winston Churchill qui vient par exemple étoffer la chanson “Twelve Stars And An Azure Down” :
If Europe were once united in the sharing of its common inheritance, there would be no limit to the happiness, to the prosperity and the glory which its three or four million people would enjoy.
Si l’Europe était unie dans le partage de son héritage commun, il n’y aurait aucune limite au bonheur, à la prospérité et à la gloire dont bénéficieraient ses trois ou quatre millions d’habitants.
Winston Churchil – Discours de Zurich (1946)
Vous l’aurez compris, nous avons affaire à un album étonnant de bout en bout, particulièrement dense, superbement composé, déclinant une ode captivante à la gloire de l’histoire européenne. Nous regretterons quelques longueurs de temps à autres, des “ponts” qui s’essoufflent vite, le chanteur qui peut parfois manquer de puissance, mais à part ça, rien à signaler. Il vous faudra peut-être quelques écoutes pour l’apprécier pleinement mais seulement une chanson pour l’adopter.
C’est ainsi que, tranquillement, Atlantean Kodex vient effrontément poser son séant dans le panthéon des groupes de Heavy Metal en seulement 2 albums. Ce deuxième opus comble les rares lacune du premier, réussissant le pari du mieux dans un nouvel album quasi parfait. Au milieu de la masse de formations qui se suivent et se ressemblent, voilà un groupe aussi jeune que prometteur qui j’espère vous donnera l’envie de gonfler les rangs des adorateurs de la déesse blanche.
Sol invictus!