Note : cet article réduit à une caricature le bouddhisme et le stoïcisme à des fins polémiques. Ceci est fait pour la simple et bonne raison que cette caricature est la plus fréquemment adoptée par les demi-futés « ouverts d’esprits » qui constituent notre élite civilisationnelle. Ces formes abâtardies du bouddhisme et du stoïcisme sont aujourd’hui modales.
L’attitude que l’homme occidental adopte aujourd’hui face à la technologie déterminera si bio-techno-noosphère (BTN) survira ou périra. La BTN sera multi planétaire ou ne sera pas. Nick Land et Jacques Ellul soutiennent tous que la technologie possède une dynamique inhérente qui opère indépendamment du contrôle humain. Ils croient que « la technique » est devenue un système autonome avançant selon sa propre logique et nécessité, et que le progrès technologique suit une voie auto-renforcée, indépendante des intentions humaines, menant à une société déterministe où les choix humains sont de plus en plus limités.
Ces philosophes ont peut-être raison, mais leur faire aveuglément confiance est prendre le risque réel d’abandonner inutilement les rennes du contrôle technologique. Si la probabilité que Land et Ellul ont tort n’est que de 1%, il n’y a aucune raison rationnelle de ne pas ignorer leur pessimisme. Nous n’avons rien à perdre. Le pari de Pascal a sa place ici aussi. Le conservatisme révolutionnaire est fondé sur l’hypothèse que la Volonté puisse triompher des Systèmes.
Malheureusement, ce genre d’argument rationnel tombe à plat. Les conclusions d’Ellul et de Land sont dans l’air du temps, parce que les hommes occidentaux sont démoralisés. Le cœur est toujours maître de la raison, et il semble que le cœur occidental souffre d’arythmie maligne.
Les causes du mal sont multiples. Parmi elles, j’accuse en premier lieu le système d’opération conceptuel utilisé par les occidentaux contemporains. Un système d’opération conceptuel est simplement l’armature rationnelle et pré-rationnelle qu’on adopte. C’est notre vision du monde. Certains allègueront peut-être que la vaste majorité des normies n’ont pas de système d’opération particulier – ils se laissent voguer sur les flots de la normalité où rien n’arrive jamais. Peut-être, mais le normie n’a aucune importance. Je m’intéresse ici à la minorité significative dont les choix, les actions, les préjugés et les passions façonnent les civilisations.
J’argumenterai ici que les visions du monde les plus importantes (mythes, philosophies, religions) disponibles à l’élite occidental peuvent être séparées en deux grandes familles. Le choix de quel système d’opération vous laisserez prendre le contrôle de votre « wet wear » sera déterminant dans votre vie, et la vie plus vaste de notre civilisation. J’ai bien dit choix. Si vous croyez que nous n’avons aucun contrôle sur le choix de notre système opérationnel conceptuel, parce qu’il nous est imposé par votre « horizon historique », cessez de lire immédiatement, rendez-vous à l’institution psychiatrique le plus proche et lasciate ogni speranza.
Deux familles de traditions
Contrairement à la philosophie académique compartimentalisée, les traditions du monde antique offrent des visions globales sur l’éthique, la morale et la nature du cosmos. Il est utile de regrouper certaines traditions a priori étrangères afin de voir dans quelle mesure elles se recoupent et nous disent les mêmes choses avec des mots différents.
Bien que distinctes, l’éthique homérique, la vision judéo-chrétienne et la philosophie de Timée de Platon convergent sur un point essentiel : le monde est intrinsèquement bon, inestimablement précieux, et/ou façonné par une source ontologiquement bonne. Au contraire, le bouddhisme et l’épicurisme/matérialisme doutent de la bonté intrinsèque du monde. Le stoïcisme, fortement influencé par Socrate, ne nie pas que le monde soit Bon, mais accepte que le sage stoïcien paye son équanimité au prix d’un détachement des passions, des désirs personnels, bref de ce qui le rend pleinement humain. La popularité du bouddhisme, du stoïcisme et de l’épicurisme matérialiste croit depuis les années 1960. Sans vouloir dénigrer leurs qualités, qui sont réelles, l’intérêt populaire qu’on leur porte est le symptôme d’un profond pessimisme civilisationnel. Plutôt que de lutter avec le monde, on s’en détourne.
L’éthique homérique : La beauté du monde à travers l’héroïsme
Dans les épopées homériques de l’Iliade et l’Odyssée, le monde est représenté comme un lieu où les dieux interviennent dans les affaires humaines, et où l’héroïsme révèle la beauté à travers l’action. Achille ou Ulysse incarnent l’areté, la vertu de l’excellence. La beauté du monde réside dans la quête héroïque pour l’honneur, la victoire et la vertu, même face à la souffrance ou à la mort inévitable. La vie y est éphémère, mais elle a un sens car elle est reliée au moira ou destin. Le moira est intimement lié à l’ordre cosmique, une force supérieure qui régit l’univers et à laquelle même les dieux olympiens sont soumis. Il incarne l’idée que chaque événement, chaque vie, a une place prédéterminée dans le grand schéma de l’univers. Cette conception confère un sens profond à la vie humaine malgré sa fragilité, car elle est vue comme une partie intégrante d’un tout ordonné. Lorsque l’homme s’abandonne de son plein gré à son destin, sa nature atteint presque celle des theoi. Bien que bonne en soi, la vie ne prend son sens véritable que dans l’apo-théose. Déification de l’homme ne s’atteint qu’au prix de sacrifice physique et mentaux extrême – elle n’est point donné gracieusement par une divinité bienveillante, ni garantie par l’effort seul. Elle dépend autant de la nature individuelle (phusis), de la volonté ardente de l’homme que du bon vouloir des Dieux.
Ancien Testament et christianisme : La création comme une œuvre bonne
L’Ancien Testament introduit une perspective différente, mais convergente, sur la bonté intrinsèque du monde. Dans la Genèse, Dieu crée le monde et déclare qu’il est tov, “bon”, soulignant que la création elle-même est une expression de l’amour divin et d’un but sacré. La Bible hébraïque, et plus tard le christianisme, considèrent le monde non seulement comme bon, mais aussi comme le reflet de l’ordre moral divin. La beauté du monde réside dans sa conception, son dessein, et l’invitation faite à l’humanité de participer à la justice divine et à la gestion de la création.
Le christianisme, s’appuyant sur cela, introduit l’idée de l’incarnation—Dieu se faisant chair dans la personne du Christ. Ainsi, le monde matériel est non seulement bon mais peut être sanctifié. La rédemption du monde par le Christ met en évidence sa valeur intrinsèque, un point qui entre en résonance à la fois avec la beauté héroïque de l’éthique homérique et avec l’idée platonicienne d’un ordre cosmique harmonieux.
Le Timée de Platon : Le cosmos comme manifestation de la bonté
Le Timée de Platon propose une vision d’un cosmos créé par un artisan divin, le démiurge, qui le façonne à l’aide des Formes, idéaux éternels et immuables. Pour Platon, le monde est intrinsèquement bon car il reflète l’ordre et l’harmonie de ces Formes. Le monde matériel, malgré ses imperfections, est une manifestation d’un ordre supérieur et intelligible qui renvoie au Bien, la plus haute réalité dans la pensée platonicienne.
Le Timée suggère que la beauté du monde réside dans sa structure rationnelle et son dessein. Cette beauté cosmique est semblable à l’harmonie présente dans la vie morale : vivre vertueusement signifie s’aligner avec l’ordre du cosmos, tout comme les héros d’Homère s’alignent avec le destin divin, et les fidèles de la Bible s’alignent avec la loi morale de Dieu.
Dieu voulant que tout soit bon et que rien ne soit mauvais, autant que cela est possible, prit la masse des choses visibles qui s’agitait d’un mouvement sans frein et sans règle, et du désordre il fit sortir l’ordre, pensant que l’ordre était beaucoup meilleur. Or, celui qui est parfait en bonté n’a pu et ne peut rien faire qui ne soit très bon. Il trouva que de toutes les choses visibles, il ne pouvait absolument tirer aucun ouvrage qui fût plus beau qu’un être intelligent, et que dans aucun être il ne pouvait y avoir d’intelligence sans âme. En conséquence il mit l’intelligence dans l’âme, l’âme dans le corps, et il organisa l’univers de manière à ce qu’il fût, par sa constitution même, l’ouvrage le plus beau et le plus parfait. Ainsi, on doit admettre comme vraisemblable que ce monde est un animal véritablement doué d’une âme et d’une intelligence par la Providence divine.
Platon. Timée 30a-30c
Ce qui lie ces traditions est leur vision commune selon laquelle le monde, malgré ses imperfections et la souffrance, est fondamentalement bon car il provient d’une source de bonté. L’héroïsme homérique, la théologie de la création dans l’Ancien Testament, la rédemption chrétienne et la cosmologie platonicien considèrent tous que le monde n’est pas quelque chose dont il faut fuir, mais quelque chose à travers lequel la beauté/bonté se révèlent à l’homme. L’homme doit y prendre sa place : soit dans quête héroïque et l’excellence physique, dans la révérence de la Loi et le respect des parents, la charité chrétienne ou la contemplation mystique de l’ordre rationnel.
La fuite
Alors que les traditions homérique, judéo-chrétienne et platonicienne célèbrent le monde créé ou façonné par une source ontologique supérieure, d’autres perspectives philosophiques et religieuses, comme le bouddhisme, le stoïcisme et l’épicurisme, portent un regard plus sceptique, ou du moins plus réservé, sur la valeur du cosmos. Ces traditions abordent la souffrance et l’existence matérielle d’une manière qui contraste nettement avec les visions plus robustes des traditions occidentales.
Le bouddhisme : quitter le cycle de la souffrance
Dans la pensée bouddhiste, le monde n’est pas vu comme un lieu à aimer mais comme un cycle de souffrance (dukkha), alimenté par l’attachement et le désir. Contrairement aux héros homériques qui trouvent du sens dans leur quête au sein de l’ordre du monde, ou à la vision chrétienne d’un monde créé bon, les bouddhistes cherchent la libération (nirvana) du monde lui-même. La beauté du monde, si elle est reconnue, est perçue comme éphémère et illusoire—une distraction qui éloigne de la réalisation profonde que toutes choses sont impermanentes (anicca) et dénuées d’un soi inhérent (anatta).
Le bouddhisme rejette l’idée d’une création intrinsèquement bonne. Il se concentre plutôt sur l’éveil qui consiste à se détacher des illusions qui lient l’individu au cycle des renaissances et de la souffrance. Alors que les traditions judéo-chrétienne et platonicienne voient le monde comme une scène d’engagement moral ou spirituel, les bouddhistes se concentrent sur la transcendance de l’attachement au monde matériel, cherchant à dépasser sa structure.
L’épicurisme et le matérialisme : Un monde sans beauté intrinsèque
Les épicuriens, et plus tard les matérialistes, adoptent une vision du monde radicalement différente. Pour Épicure, le monde est composé d’atomes en mouvement dans le vide—il n’y a ni but, ni divinité, ni structure morale sous-jacente à l’existence. La beauté du monde n’est pas ontologique mais subjective, ressentie dans des moments de plaisir et de tranquillité (ataraxia). Les épicuriens ne voient pas la souffrance comme partie d’un plan divin ou d’un ordre cosmique, mais comme quelque chose à minimiser par une vie simple, la maîtrise de soi et la contemplation philosophique.
Les épicuriens-matérialistes nient toute beauté ou structure morale plus profonde au cosmos. Leur attention se concentre sur le contentement personnel et l’évitement de la douleur inutile. Pour les épicuriens, le monde est indifférent, et la beauté ne réside que dans l’expérience subjective du plaisir, pas dans un ordre cosmique extérieur à l’individu.
Le stoïcisme : Maîtriser le soi dans le monde
Les stoïciens, contrairement aux bouddhistes, ne voient pas le monde comme quelque chose dont il faut s’échapper, mais plutôt comme quelque chose à endurer et à maîtriser à travers une discipline intérieure. La pensée stoïcienne rejoint celle des platoniciens en ce que l’univers est gouverné par le logos, un principe rationnel et divin, mais les stoïciens insistent sur l’importance du détachement vis-à-vis des événements extérieurs. L’éthique stoïcienne repose sur le contrôle de la réponse à la souffrance, et non sur la transformation du monde, car les circonstances extérieures échappent à notre contrôle.
Dans le stoïcisme, la souffrance n’est ni belle ni mauvaise en soi—elle est neutre. Ce qui compte, c’est comment on y répond. La pratique stoïcienne de l’apatheia (absence de passion) et de l’ataraxia (tranquillité) vise à atteindre la paix intérieure malgré le chaos ou la souffrance du monde extérieur. Contrairement aux héros homériques qui s’engagent avec la beauté du monde par l’action, ou aux chrétiens qui trouvent la beauté dans la création, les stoïciens trouvent la beauté dans la réponse rationnelle à la souffrance, où la vertu est définie comme le fait de vivre en accord avec l’ordre rationnel de la nature sans se laisser affecter émotionnellement par les résultats externes. Le sage stoïcien ne déprécie pas le cosmos comme tel. Il affirme même vivre selon la Nature. Il ne cherche pas à fuir le monde, mais à maîtriser la réponse interne à celui-ci. La souffrance est inévitable, mais le stoïcien trouve du sens en contrôlant ses réactions internes plutôt qu’en affirmant ou en rejetant le monde extérieur.
Mais la souffrance pleinement vécue n’est-t-elle pas une des facettes de la beauté la Nature? Dans le film Arrival de Denis Villeneuve, l’héroïne comprend que l’enfant qu’elle porte mourra jeune, mais elle choisit d’embrasser pleinement les joies et les peines qui accompagnent sa destinée maternelle. Elle accepte que la souffrance soit inséparable de l’amour, trouvant du sens même dans la douleur à venir – acceptation qui préfigure le premier « Dire Oui » à l’éternel retour.
Toutes ces morales qui s’adressent aux individus pour faire leur « bonheur », comme on a l’habitude de dire, — que sont-elles d’autre, sinon des conseils de conduite, par rapport au degré de péril où l’individu vit avec lui-même ; des remèdes contre les passions de l’individu, contre ses bons et ses mauvais penchants, en tant que ces mauvais penchants possèdent la volonté de puissance et voudraient jouer au maître ; de petites et de grosses ruses ou des artifices qui gardent le relent des remèdes de bonne femme ; remèdes baroques et déraisonnables dans la forme, puisqu’ils s’adressent à tous, puisqu’ils généralisent là où il n’est pas permis de généraliser ; tous parlant d’une façon absolue, se prenant au sens absolu ; tous assaisonnés non seulement d’un grain de sel, mais rendus supportables seulement et quelquefois même séduisants lorsqu’ils sont trop épicés et qu’ils prennent une odeur dangereuse, une odeur de l’« autre monde » surtout. Tout cela, au point de vue intellectuel, ne vaut pas grand-chose ; et c’est bien loin d’être de la « science », encore moins de la « sagesse ».
Nietzsche – Par-delà bien et mal 198.
La différence centrale entre ces deux groupes de traditions réside dans leur attitude envers la valeur du monde et la nature de la souffrance. L’éthique homérique, l’Ancien Testament, le christianisme et le platonisme affirment que le monde est un lieu de beauté et de bonté intrinsèques, façonné par des forces divines ou rationnelles. La souffrance fait partie de cet ordre. Elle a sa place en ce monde, en soi. Mais en plus, elle peut être affrontée héroïquement ou rachetée par l’action morale ou la rédemption spirituelle.
Ainsi, l’affirmation des traditions occidentales historiquement dominantes selon laquelle le monde est intrinsèquement bon et ordonné contraste fortement avec le désir bouddhiste d’évasion, l’appel stoïcien à la maîtrise intérieure, et la focalisation épicuro-matérialiste sur le contentement subjectif, sans structure divine ou rationnelle sous-jacente. Ces philosophies, en dépit de leurs vertus pour la paix intérieure, justifient un désengagement face aux luttes politiques. Elles risquent de détourner l’attention des Occidentaux des enjeux collectifs et matériels, du “corps à corps” qu’ils devraient mener pour façonner et transformer leur monde.
D’un côté, l’action, de l’autre l’inaction. D’un côté l’optimisme tragique, de l’autre le pessimisme désespéré. D’un côté le dire oui, de l’autre le dire non. Le bouddhiste dit tout simplement Non au monde. Le Oui timide de l’Épicurien n’est qu’un mol assentiment. Le Oui du stoïcien qu’un hochement de tête les yeux fermés.
L’Occident a besoin de jeunes hommes qui disent Oui.
Pourquoi tant de mots?
Cet exercice comparatif n’a pas qu’un intérêt intellectuel. Les idées sont bien sûr plus que des concaténations de bits. Plus l’on prend le mystère de l’incarnation au sérieux, plus ce pourquoi nos muscles se contractent et se relâchent prend de l’importance.
Homer, Platon, les rédacteurs de Écritures ont pour vous le même message : ce qui se passe, ici et maintenant, a une valeur et un sens profond. L’homme individuel n’est pas qu’une parcelle de poussière dans un cosmos indifférent. A l’homme d’action est promise une postérité aussi nombreuse que les étoiles. La civilisation ayant découvert et s’étant fait révéler cette vérité a, elle aussi, une valeur et un sens profond. L’Occident est devenu ce qu’il est grâce aux systèmes d’opérations conceptuels légués par Homère, Platon et le christianisme. C’est parce que le monde est bon qu’il vaut la peine de le comprendre, de le maitriser, de le protéger. C’est parce que notre excellence rempli le monde de beauté émouvante qu’on peut le dire précieux. C’est parce que des hommes convaincus de leur puissance ont décidé de fouler des pieds la Lune que nous y sommes allés. C’est parce que certains d’entre nous, comme Werner van Braun, ont su se faire Rois parmi les hommes que la valeur du notre civilisation a pu s’actualiser aussi glorieusement.
La dévotion radicale à l’immanence qui nous est imposée par la Nature et le Dieu de la Nature implique qu’il faut préserver le plus noble en ce cosmos, ces structures autocatalytiques complexes loin de l’équilibre thermodynamique qui composent la bio-techno-noosphère. Seul l’homme qui dit Oui à la vie et au développement technologique sera à la hauteur de cette tâche.
Comme les rivières que nous harnachons pour alimenter nos cités, les cours tumultueux de la Technologie doivent être soumis à notre volonté pour en extraire le maximum d’utilité. Or, le développement technologique découle de l’allocation de capital. Cette dernière est aujourd’hui soumise au processus de technicisation standardisé qui limite la volonté humaine. Soumettre l’allocation du capital aux lignes de conduite produites par le système techno-capitalisme lui-même risque de déséquilibrer la relation entre progrès technologique et la préservation des valeurs culturo-spirituelles ayant façonné notre civilisation. Nous savons qu’il n’y a pas de comité d’expert ou de financement qui fasse mieux que l’individu aux milles ruse doté par la Nature et le Dieu de la Nature de libre arbitre.
Choisir un système d’opération conceptuel comme le bouddhisme, l’épicurisme-matérialiste ou même le stoïcisme devrait vous exclure de ce processus décisionnel. C’est choisir un système qui n’accouchera jamais d’aucune âme ailée. Le stoïcien sera facilement convaincu d’abandonner sa souveraineté parce qu’il se croit trop passionnel. L’épicuro-matérialiste voudra diriger le développement technologique vers la basse gratification des sens; en fait, il vaut mieux l’exclure d’emblée. Le bouddhiste n’aura aucun intérêt à décider comment le capital sera alloué car ce monde n’est qu’illusion.
Au contraire, la synthèse occidentale gréco-chrétienne place l’homme exceptionnel à sa juste place : solidement aux commandes. Refusez donc d’accepter les conclusions d’Ellul et de Land. Soyez cet homme aux milles ruses. Soyez mus par l’optimisme tragique de ceux qui se savent en ce monde pour un court instant et appelés à témoigner de leur séjour. Les plus beaux spécimens de l’espèce humaine luttent. Les plus beaux spécimens de la civilisation occidentale luttent pour ce qui est le plus haut en ce monde.
Procréez, travaillez, en toute chose tentez d’être les meilleurs, et commettez votre capital à l’accélération technologique réfléchie.