La droite française n’est plus rien depuis près de 10 ans. Depuis la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, elle se complait dans un rôle d’opposition fade et même factice. Elle ne propose plus rien pour emballer les foules, vit sur les héritages du passé (intellectuels comme électoraux) et laisse le champ libre à une gauche qui propose, qui n’a pas renoncé à changer la société.
Alors que notre pays se perd de plus en plus dans l’inaction et le déclassement qui en découle, qu’il laisse sa jeunesse s’égarer dans les méandres du renoncement, qu’il laisse son histoire se faire dicter par des minorités belliqueuses, qu’il regarde l’avenir avec inquiétude voire avec angoisse, la droite doit incarner le camp de l’espoir et du renouveau pour trouver une issue à cette crise existentielle. Ce futur ne s’inscrira pas dans une nostalgie pour le passé (qui ne fédère que des romantiques et les réactionnaires, jamais ceux qui font le présent) mais dans l’affirmation d’embrasser son époque et de vouloir construire l’avenir avec ses outils. La droite doit s’affirmer technologiste.
Modestement, je vais essayer de citer quelques arguments qui doivent pousser la droite à se faire le parti des nouvelles technologies, de l’intelligence artificielle et même du transhumanisme.
Parce que ce créneau n’est pris par aucun autre camp
En France, aucun parti politique ne s’est fait l’avocat du technologisme. Chez les insoumis, chez les verts et même au RN, il est vu au mieux comme un jouet de la bourgeoisie inaccessible, un gaspillage d’argent qui aurait dû être redistribué, au pire comme un instrument de domination et d’exclusion des classes les plus pauvres (notamment du point de vue de l’emploi). Chez les conservateurs, il est souvent vu comme la folie de l’Homme se voulant Dieu. Cet anti- prométhéisme, leg du christianisme, reste très partagé dans la droite actuelle. Chez les macronistes, la chose est plus ambiguë. Même si Macron se donne l’image d’un libéral, d’un moderne pro-tech, Larem reste dirigé par d’anciens socialistes et d’anciens juppéistes qui cumulent en partie à eux deux les réticences que j’ai citées plus haut. Surtout, qu’a fait Macron depuis 4 ans pour préparer la France à cette révolution qui vient ? Des annonces, de la communication mais peu d’actions. C’est ridicule lorsque l’on compare avec les projets et les réalisations chinoises ou ceux de la Silicon Valley.
La droite a donc un boulevard devant elle pour affirmer des propositions radicales en faveur de l’IA et du tranhumanisme, outils qui lui permettront de servir sa propre vision du monde et ses valeurs. Ces propositions devront être déféndues et promues à l’échelon européen afin de rivaliser au niveau des financements avec Pékin et Washington et amener à terme l’Europe vers une autonomie technologique complète. A un an de la présidentielle, il serait bon d’y réfléchir.
Parce que la droite n’incarne plus un mouvement d’avenir depuis trop longtemps
Ce n’est un secret pour personne, la droite est devenu le parti du 3ème âge. En 2017, le candidat Fillon avait rassemblé 45% des personnes de 70 ans et plus, contre 9% des 18-24 ans. Pire, cette tendance est à la baisse et Macron semble avoir aspiré le vote des seniors depuis les élections européennes de 2019 : 33% des 65 ans et plus pour la liste Larem contre 14% pour la liste menée par les Républicains et les centristes. Les personnes agées, qui ont naturellement accumulé un certain patrimoine au cours de leur vie, font donc davantage confiance aujourd’hui au parti présidentiel pour sauvegarder leurs épargnes.
On le voit, la droite se dirige tout droit vers l’extinction. Si elle ne s’inscrit pas rapidement dans une démarche de séduction auprès des jeunes, elle perdra tout et nous verrons alors le triomphe définitif de la gauche : reste à savoir qui des islamogauchistes, des verts ou des libéraux-libertaires rafleraient la mise. Quant au RN, il est fort à parier qu’il restera comme à son habitude le supplétif du pouvoir en place.
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
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Parce que la droite doit porter un message positif plutôt que que d’être une simple négation de la gauche
Reste donc à définir la ligne et le message que cette nouvelle droite enverrait. Une ligne technologiste serait à coup sûr un message d’espoir, et de volonté de bâtir le futur, envoyé à l’ensemble des Français. Cette nouvelle droite doit tourner la page de ces 10 dernières années où elle n’aura vécu que dans l’ombre de la gauche et des macronistes, se batant vainement pour empêcher la promulgation de lois sociétales qui ne concernent qu’une poignée de gens, en faisant dans la surrenchère stérile lors de flexibilisations amorcées par le pouvoir sur le volet économique, ou en ne se démarquant des macronistes que sur la hausse de la CSG… Ces stratégies ne peuvent qu’être perdantes, surtout à la veille de changements de paradigmes majeurs. L’heure n’est plus à la comptabilité de boutiquiers mais à la grande politique, celle qui change la vie du plus grande nombre et oriente le destin d’un pays.
La droite doit se tenir au côté des jeunes qui ne se résignent pas dans un sentiment de culpabilité voire de haine d’eux-mêmes, qui veulent construire un grand avenir pour eux et leurs futurs enfants, qui ont adopté cette philosophie nietzschéenne de la vie qu’est la volonte de puissance : la seule qui ait permis à l’Occident de survivre et de conquérir à travers les siècles.
La droite doit être le véritable parti libéral, celui qui permettra aux entrepreneurs de travailler et d’embaucher sans être étouffés, sans la peur du lendemain fiscal, le camp qui mettra en place les conditions économiques et sécuritaires nécessaires pour attirer les investisseurs du monde entier. Celle qui investira dans de grands projets de transformations industrielles, à commencer par la robotique. La droite, ce sera le camp de ceux qui voudront robotiser un maximum de métiers peu qualifiants et qui mettra le paquet pour aller vers une économie de la connaissance et des nouvelles technologies. Par la même, la droite sera aussi le camp qui mettra fin à une immigration massive et peu qualifiée qui n’aura plus aucune utilité dans ce contexte.
Parce que la droite doit proposer son propre « homme nouveau » face à celui de gauche
Comme si bien expliqué dans l’excellent livre de Romain D’Aspremont Penser l’homme nouveau, la droite doit proposer et opposer son homme nouveau à celui de la gauche afin de gagner la bataille de la construction du futur. C’est une bataille philosophique qui s’annonce, car la gauche ne tardera pas à se saisir de ces nouveautés technologiques pour imposer son propre paradigme. Voulons-nous vivre dans un monde où l’Homme verrait son ADN modifié afin de le rendre plus doux, tolérant, efféminé, antiraciste, voire même hermaphrodite et dénué de tout orgueil, de tout sentiment de révolte ? Une société où les femmes et les hommes ne sauraient résister à l’appétit chinois et même à des populations plus barbares qui voudraient imposer leurs mœurs et leur religion. Nous devons opposer à cela une société où les nouvelles technologies seraient les outils pour porter haut et fort les valeurs de droite telles que la liberté, la sécurité, l’ordre, l’élitisme et l’identité.
Parce qu’il en va de la survie de notre civilisation
Et c’est bien là le point essentiel je crois. Comment croire à notre survie ou à notre liberté si nous laissons les évolutions technologiques aux autres. Le plus grand des combats conservateurs est justement de viser la pérénité de la civilisation européenne que nos pères ont construit et défendu au fil des siècles. L’appétit de la Chine ne cessera que lorsque l’Europe aura franchi le pas de l’IA et du transhumanisme. Bien-sûr il n’est pas forcément question de pucer et d’augmenter chaque homme mais plutôt de viser dans un premier temps à la modernisation technologique de la France puis de l’Europe, et ensuite de permettre l’émergence d’une nouvelle élite augmentée qui serait, à l’image de la noblesse du moyen-âge, les protecteurs de notre monde.