L’économie en une leçon – Henry Hazlitt

Vous n’avez jamais rien lu en économie ? Vous ne compreniez rien aux cours de SES au lycée ? Vous n’y connaissez rien, ou seulement les mêmes choses qui sont continuellement répétées au sujet du chômage et de l’inflation tous les 5 ans quand des gens envers lesquels vous n’avez aucune confiance se disputent avant que vous ne mettiez un de leurs nom (ou pas) dans une urne ? Ça n’est pas grave, c’est même parfait : vous aurez des bases solides sans avoir besoin de désapprendre toutes les bêtises enseignées dans le supérieur au sujet l’économie et de sa mise en pratique, en politique. Bon, l’inconvénient, c’est qu’à chaque fois que vous regarderez un débat télévisé après avoir lu ce livre, vous saignerez des oreilles.

Une leçon accessible

Il y a quelques temps, je vous présentais L’Action Humaine de L. von Mises, une oeuvre complexe, exhaustive, dense et longue qui reposait absolument toutes les bases épistémologiques et philosophiques nécessaire afin de traiter honnêtement de l’économie. Cette fois-ci, je vous présente un ouvrage très facile d’accès, une quasi-vulgarisation d’un peu plus de 200 pages, qui vous aidera à cerner et poser les bases de la seule école de pensée économique qui adopte une démarche scientifique et rationnelle : L’école autrichienne de l’économie.

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Bien que cet ancien éditorialiste du New York Times – à l’époque où c’était encore un journal digne de ce nom, qui prônait une diversité d’opinion qui ne faisait ni l’apologie des idées d’extrême gauche ni la promotion des guerriers de la justice sociale – soit originaire de Philadelphie, il adopte dans son système de pensée le mode de réflexion développé par Carl Menger, Eugen Böhm-Bawerk, Friedriech von Wieser et bien sûr, Ludwig von Mises ; ce dernier sera d’ailleurs sollicité par l’auteur pour relire le manuscrit du présent ouvrage, ainsi qu’apporter des conseils et suggestions.

Est-ce que vous connaissez quelqu’un qui fait plus américain que lui, franchement ?

Comme son titre l’indique, l’auteur propose une analyse de l’économie politique et ses diverses implications, comme le chômage, le contrôle des prix, les impôts, le crédit, le libre échange sous l’angle d’un même et unique principe, ou selon lui, d’une leçon qui résume la bonne manière d’aborder ces thèmes, que voici :

L’art de la politique économique consiste à ne pas considérer uniquement l’aspect immédiat d’un problème ou d’un acte, mais à envisager ses effets plus lointains ; il consiste essentiellement à considérer les conséquences que cette politique peut avoir, non seulement sur un groupe d’hommes ou d’intérêts donnés, mais sur tous les groupes existants.

La leçon.

Extrait & commentaire rapide

Cette assertion parait évidente et c’est certainement parce que tout ça n’est que du bon sens, or c’est justement le principe de l’école de pensée de Henry Hazlitt dont je parlais plus haut. Il s’attaque donc à des mythes, des inexactitudes, des sophismes récurrents tout au long de son essai, avec un angle d’attaque purement logique. Ainsi, il va considérer une opinion politique donnée, et expliquer ses effets sur le long terme et à la plus grande échelle possible de manière déductive. Voici donc un extrait de l’ouvrage qui vous donnera, je l’espère, envie de le lire ; j’ai choisi des passages de son chapitre sur le sujet du mythe de l’automatisation du travail, Chapitre VII – La Machine Maudite, puisqu’il fait aussi écho à mon article précédent sur le même thème. Voici donc ces extraits.

C’est en 1760 que Arkwright inventa sa machine à filer le coton. À cette époque on comptait en Angleterre 5 200 filateurs sur rouets, et 2 700 tisserands, soit en tout 7 900 personnes occupées à la production des textiles de coton. Toutes s’opposèrent à l’introduction de la machine inventée par Arkwright, soutenant qu’elle leur enlèverait leur gagne-pain. Cette opposition dut être réduite par la force. Pourtant en 1787, soit 27 ans après l’invention, une enquête parlementaire montra que les ouvriers employés dans les filatures de coton étaient passés de 7 900 à 320 000, soit une augmentation de 4 400 %.

L’auteur donnera par la suite plusieurs autres exemples statistiques des effets de l’augmentation de la productivité du travail par son automatisation. Il continue en disant que tout cela n’est que preuve empirique, et n’a donc aucune valeur en tant que raisonnement économique.

On pourrait élever des montagnes de statistiques pour prouver à quel point les technophobes du passé se sont trompés. Mais cela ne servirait à rien si l’on n’essayait pas en même temps de comprendre clairement pourquoi ils se sont trompés. Car les statistiques, comme l’histoire, sont inutiles en économie politique si elles ne sont pas étayées par une compréhension raisonnée et déductive des faits eux-mêmes, ce qui implique, dans le cas qui nous occupe, l’explication des faits suivants : pourquoi l’apparition des inventions, du machinisme et du travail mécanisé devaient nécessairement entraîner les conséquences qui se sont produites dans le passé, sinon les technophobes vont vous tenir tête (comme ils ne manquent pas de le faire quand vous leur montrez que les prophéties de leurs prédécesseurs se sont trouvées devenir absurdes). Il se peut que cela se soit passé ainsi autrefois, mais maintenant nous ne sommes plus du tout dans les mêmes conditions, et nous ne pouvons plus nous permettre de laisser développer un machinisme qui diminue l’emploi du travail humain. Mme Éléonore Roosevelt elle-même dans un article publié par une « chaîne » de journaux, écrivait, le 19 septembre 1945 : « Nous avons atteint la limite où les inventions du machinisme ne sont bonnes que si elles n’exproprient pas l’ouvrier de son emploi. »

En effet, comme évoqué plus haut, ces constats nous permettent tout au plus d’établir de fortes relations corrélatives, mais aucune explication rationnelle n’est encore donnée. Voilà la force de ce genre d’études de cas, Hazlitt veut gagner sur les deux tableaux : il prouve que sa méthode est la bonne, à la fois sur le terrain de ses adversaires, ceux qui n’argumentent que par les chiffres sans jamais conceptualiser les principes fondamentaux a priori sur lesquels ces réalités reposent, tout en donnant une explication de l’économie en tant que science déductive de l’interaction humaine.

S’il était vrai que l’introduction du machinisme soit la cause du chômage et de la misère grandissants, la conclusion logique à en tirer devrait être totalement révolutionnaire. […] Non seulement nous devrions considérer que tout progrès technique nouveau est une calamité, mais il nous faudrait regarder avec la même horreur tous les progrès techniques du passé. Nous nous efforçons tous, chaque jour, d’économiser nos efforts ainsi que les moyens nécessaires aux résultats recherchés. […] Les plus ambitieux d’entre nous ne cessent d’augmenter le rendement maximum qu’ils peuvent obtenir en un minimum de temps. Les technophobes, s’ils étaient logiques et consistants avec eux-mêmes, devraient condamner tous ces progrès et tous ces efforts, non seulement comme inutiles, mais comme vicieux. Pourquoi fait-on circuler les marchandises de New York à Chicago par chemin de fer quand on pourrait utiliser tant d’hommes qui les porteraient sur leur dos ?

Ainsi, il finit par ridiculiser le raisonnement de nombreux contradicteurs technophobes en allant au bout de leur raisonnement, pour finalement conclure que refuser l’automatisation, revient à refuser toute hausse de la productivité, une formulation que je trouve plus marquante. Mais alors, qui ne souhaite pas un travail plus efficace et une production plus efficiente ? Henry Hazlitt a bien sûr la réponse : ceux qui voient à court terme (les politiciens, par leur clientélisme) et ceux qui n’incluent pas tous les individus d’une société donnée dans leurs analyses (groupes de pression, syndicats etc.).

La tête que notre Henry aurait fait si on lui avait dit que Bill Gates voulait taxer les robots.

Les implications de la leçon

Les phénomènes économiques sont rationnellement explicables via l’analyse des fondements de l’action humaine, et par conséquent, l’économie est une science avec des axiomes, une logique, des principes. Il ne sont – et ne seront jamais – une question d’opinion. Il est pourtant peu surprenant que ceux qui défendent les analyses positivistes et irrationnelles soient souvent des gens qui ont intérêt à ce que des mesures interventionnistes continuent d’être employées ; je parle ici de ceux qui utilisent l’appareil d’Etat pour s’octroyer ou maintenir des privilèges au détriments des autres, sous la caution d’intellectuels subventionnés, corrompus et malhonnêtes qui se font fervents défenseurs de l’intervention étatique (souvent marxistes ou keynésiens) sous couvert du bien commun, de la promotion de l’égalité, de la défense des oppressés, du destin de la Nation, du respect des Droits de l’Homme, du maintien du statut privilégié des cheminots, contre la maltraitance des plantes vertes, pour faire barrage à l’ultra-libéralisme et à la turbo-droite

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Occident

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du progrès

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Un apprentissage fondamental à portée de main

Vous trouverez sa dernière édition française sur le site de l’Institut Coppet, pour un prix bien plus qu’abordable. Mais il n’y a pas de prix à pouvoir remettre à leur place les obscurantistes, socialistes et autres interventionnistes en tout genre, à l’aide d’arguments qui vous paraîtront – après lecture de ce merveilleux petit bouquin – si simples, si évidents et si logiques. Et quand bien même vous seriez assez fauchés (ou économes, et c’est tout à votre honneur : les libéraux comme moi attachent évidement plus de pertinence à l’épargne que les keynésiens) au point de n’être pas capable de dépenser 10 pauvres euros, l’IC le met à disposition gratuitement sous divers formats virtuels (PDF, Mobi, Epub, DOC, HTML). Alors, qu’attendez-vous pour vous donner les moyens de manger du socialiste, de l’anticapitaliste et du technocrate au petit déjeuner ?

https://editions.institutcoppet.org/produit/henry-hazlitt-leconomie-en-une-lecon/

1 comment
  1. Un livre intéressant que vous décrivez bien. L’économie n’est pas ma tasse de thé, même si je crois qu’elle est au coeur des rapports humains : qu’est ce que le don et le contre don ? Une forme primitive et non fiduciaire d’échange économique de biens et de services que l’on retrouve au fin fond de n’importe quelle campagne comme celle ou je vis, travaille et échange des produits ou des services, plus souvent que de l’argent.
    Pour les débutants, je conseillerais la BD plutôt ludique : “Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants” de Daniel Tourre et Damien Theillier
    Ci dessous : Mon commentaire de 2014 sur un grand site de vente en ligne, sur ce livre.
    Je m’attendais à lire un ouvrage léger, un peu bd, version résumée un peu simpliste des thèses du libéralisme économique, c’est infiniment plus sérieux et plus profond que cela.
    Décorticage soutenu de 36 préjugés sur le libéralisme et sur la liberté en général, (beaucoup de gens ont oublié qu’à la base, cela allait ensemble…), ce livre allie courtes mais pertinentes démonstrations intellectuelles, vignettes détournées de bd illustrant les propos, et, en marge à chaque page, des citations d’économistes et de penseurs libéraux, que 50 ans de pensée unique marxiste nous avait fait oublier ou ignorer.
    J’ai ainsi découvert avec beaucoup d’étonnement l’économiste français du 19ème siècle, Frédéric Bastiat, si connu aux Etats-Unis dans la pensée libérale mais dont je n’avais absolument jamais entendu parler, il y a 35 ans en étudiant le 19ème siècle français en faculté d’histoire, et oui on était en plein temps des soviets… j’ai découvert également l’école Autrichienne d’économie, Friedrich Hayek, Murray Rothbard, Ayn Rand…
    Fondamentalement, c’est le mot “Liberté” auquel cet ouvrage redonne tout son sens, comme une immense bouffée d’air frais, “Liberté” dans son acceptation première et authentique, c’est à dire non seulement la vraie liberté économique, mais également la liberté d’être soi-même et de vivre et de penser différemment .
    Important à une époque ou des groupes d’individus sous couvert de “livres sacrés” quels qu’ils soient et j’inclus “Le Capital”, pensent qu’ils ont un droit légitime à dicter les modes de vie de tous, croyants ou non croyants.

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