Quand on vient des sciences dures comme la physique, on ne peut s’empêcher d’avoir un sourire en coin en entendant le mot « économie ». C’est un mauvais travers des physiciens. L’économie est importante. Mais comment ne pas leur donner raison quand on voit certaines prises de positions de certains économistes. Alors j’aimerais adresser cet article à mes amis économistes et pointer du doigt la valeur de leur apport mais aussi certains angles morts dans leur conception du monde.
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
Il y en a un en particulier qui les fait piailler, c’est Jean-Marc Jancovici. Pourquoi ? Car il annonce une décroissance inéluctable alors qu’on ne peut pas prédire la croissance sur plusieurs années. Comment le pourrait-il ? Grâce un modèle économique macro reposant sur l’énergie. Alors ils s’arrachent les cheveux. Comment ? Le PIB serait lié à l’énergie ? On a AUCUN moyen de le savoir. Et si quand bien même ils étaient liés, lequel serait la cause de l’autre ? Un pays avec un PIB n’a-t-il pas besoin de plus d’énergie ?
Ce que je veux faire observer ici, c’est que ce qu’on appelle, par ellipse ou métonymie, la Valeur de l’or et de l’argent, repose sur le même principe que la valeur de l’air, de l’eau, du diamant, des sermons de notre vieux missionnaire, ou des roulades de Malibran, c’est-à-dire sur des services rendus et reçus.
Frédéric Bastiat, Harmonies économiques
Laissez-moi vous raconter une petite histoire. Imaginez que vous ayez un énorme bidon d’eau. Vous ne pouvez pas le bouger et vous avez juste assez de place pour glisser une paille vous permettant de boire. La paille est trop courte pour aller au fond malheureusement. Vous avez fait quelques installations vous permettant de récupérer l’eau de pluie qui va directement dedans. Alors parfois votre bidon est bien rempli et parfois vous ne pouvez même pas boire car votre paille est trop courte. Si votre bidon est rempli, vous pouvez boire une dizaine de fois avant que votre paille soit trop courte pour atteindre le reste. Votre soif va fluctuer suivant la chaleur extérieure ou si vous avez produit un effort par exemple. Alors, quand votre bidon est plein, l’élément déterminant qui va déterminer votre consommation est votre soif. Parfois vous n’avez pas spécialement soif mais vous buvez plus que de raison car votre réserve le permet, alors c’est la quantité d’eau disponible qui va être le facteur déterminant. Et parfois il n’y a plus d’eau atteignable alors, vous avez beau avoir soif ce sont les règles physiques qui l’emportent.
Si vous faites du sport toute la journée ou même que vous invitez des copains et faîtes un match de foot, le taux de soif va augmenter mais la capacité à l’épancher repose sur la quantité d’eau disponible. Connaissant la quantité d’eau disponible, si le niveau est bas, cela va avoir un impact sur votre comportement. Peut-être aller vous dire à vos amis qu’il vaut mieux éviter de faire un match de foot car il n’y aura pas assez d’eau pour se désaltérer. Peut-être que l’un des amis a ramené une paille plus grande qui permettra d’accéder à de nouvelles quantités d’eau. Ou mieux, peut-être allez-vous inventer un système permettant que le bidon se remplisse via une irrigation pompant l’eau d’une rivière environnante (nous dirons que l’eau bue sans passer par le bidon est mortelle sinon des petits malins me diront qu’il suffit d’aller à la rivière pour boire).
Incroyable, votre bidon est toujours rempli à présent. Vous avez confiance en l’avenir et vous vous mettez à faire moultes activités. Très vite, un ami vous demande s’il peut boire un litre d’eau car il a très soif, vous lui dîtes que s’il repeint vos volets il peut. Mais il préfère n’en boire que 500ml alors vous lui faites un bon de 500ml. Cet ami se dit qu’il peut faire réparer son vélo contre ce bon par un autre tiers, qui vient réclamer son eau à sa place. Puis on parvient à créer un extracteur d’eau du bidon qui permet de la mettre en bouteille et la vendre un peu partout. Les gens vont alors utiliser des bons contre des services et des biens dont de l’eau. De là naît une économie et rapidement une monnaie afin de faciliter les échanges. Alors l’existence même de la monnaie va être un catalyseur de la consommation d’eau. Vous gagnez en prospérité et il y a même l’un d’entre vous qui a suffisamment de temps libre pour fonder une science de l’échange de monnaie. Il cherche beaucoup, il récupère des données et il découvre que le volume de circulation de la monnaie est corrélé à la consommation d’eau.
Oh ! Ça alors ! Qui l’eut cru ? Évidemment, puisque la monnaie a été créée dès le départ pour représenter une quantité d’eau. Mais est-ce que c’est l’échange de monnaie qui crée la consommation d’eau ou la consommation d’eau qui crée l’échange ? Un pays avec beaucoup d’échange indique que les gens sont actifs et ils vont avoir soif, ou alors c’est parce qu’ils n’ont plus soif et plus peur d’avoir soif qu’ils redoublent d’effort peut-être. Dans un pays avec de l’eau à l’infini, mon exemple tombe à l’eau car personne n’aurait besoin de travailler en réalité, il faut nécessairement qu’elle ne soit pas infinie. Alors, disons que cela dépend de la crue de la rivière. Parfois ce sera l’échange qui demandera de la consommation d’eau et parfois ce sera la disponibilité de l’eau qui créera les conditions de l’échange. Mais dans tous les cas, la consommation d’eau est corrélée au volume d’échange de monnaie.
Finalement, imaginez maintenant qu’un individu remarque que le niveau de la rivière est en perpétuelle baisse et que bientôt il n’y aura plus d’eau en abondance. Est-ce que les échanges monétaires pourront générer de l’eau ? Évidemment que non. Pourtant certains économistes disent qu’on ne peut pas tirer cette conclusion seulement du point de vue physique car la croissance économique ne peut être prévue qu’à maximum un an et elle peut être le phénomène dictant la consommation d’eau. C’est vrai dans un contexte d’abondance et ce contexte relève de la physique. Donc la question est de savoir si nous aurons la capacité de maintenir une abondance en eau, donc cela relève nécessairement de la physique.
Trêve de métaphore. Jancovici annonce que la décroissance sera inéluctable car la physique prime. Son postulat est que nous avons atteint le pic de pétrole, que les énergies renouvelables, même couplées au nucléaire, ne pourront pas le remplacer complètement et que nous allons faire face à une pénurie d’énergie qui conduira naturellement à la chute de la croissance. Mais Un Empiriciste s’insurge. Il met en doute jusqu’au fait que l’énergie et le PIB entretiennent un lien entre eux mais, pour l’exercice admet ce postulat et, études à l’appui, montre que, dans le passé, ce fut parfois le PIB qui aurait poussé à la consommation d’énergie plutôt que l’inverse ; il serait aussi possible de décorréler énergie et PIB en faisant plus de PIB par unité d’énergie.
Alors prenons les choses dans l’ordre et commençons par nous débarrasser du plus évident. S’il n’y a pas plus de source d’énergie, il n’y a plus d’activité donc plus de PIB. Alors, quand Jancovici pointe du doigt qu’on se dirige vers une crise de l’énergie dans les 30 prochaines années, soit il a raison et cela aura un impact sur le PIB, soit il a tort, et il y aura encore une possibilité de croissance. Mais le débat est bien sur la partie physique, peu importe que des études montrent que dans le passé, dans un contexte d’abondance d’énergie, les échanges ont poussé à la consommation. D’ailleurs un Empiriciste relève que, si les résultats sont « si contradictoires », il est possible que cela vienne du fait que « la nature du lien énergie-économie dépende du contexte ». Mais justement, Jancovici ne fait que parler du contexte. Il dit que nous nous dirigeons vers un contexte où le facteur principal décidant du PIB sera l’énergie et surtout le manque d’énergie. Donc, tout le long article d’un Empiriciste est nul et non avenu.
Mais penchons-nous sur le reste car ce n’est pas inintéressant et un bon point est relevé. Effectivement, il est possible de générer plus de PIB avec la même quantité d’énergie, ce devrait être le but de toute société et la monnaie peut y aider. Mais pour cela, il nous faut d’abord prouver qu’il existe effectivement un lien entre la monnaie et l’énergie, donc le PIB et l’énergie. Et on va voir que contrairement à ce que pense Un Empiriciste, la monnaie (à défaut du PIB) pourrait apparaître dans les équations de la thermodynamique comme une quatrième loi.
Peut-on douter du lien entre énergie et PIB ? Après tout, tout le monde sait que nous avons besoin de boire, donc mon exemple de l’eau tombe sous le sens, mais a-t-on besoin d’énergie de la même façon, et est-ce que la monnaie représente un potentiel d’énergie ? Ba oui mdr. Mais pour cela il faut comprendre le lien entre l’entropie thermodynamique et l’entropie de l’information de Shannon. Partons du début, avant même que la monnaie existe.
Celui qui prétend savoir comment est née la vie est un menteur. Cependant, un consensus se dégage, l’hypothèse la plus probable serait une apparition au sein d’une « soupe primitive » apparue il y a 2,5, voire 4, milliards d’années. Il est probable que la vie soit apparue au fond des océans, les conditions y étant plus propices à accueillir des réactions chimiques que l’on qualifie d’auto-poïétiques. Cela signifie que la vie apparaîtrait de façon spontanée lorsque les conditions environnementales sont réunies – mêlant de la matière organique, une source d’énergie et de l’eau. Elle va alors s’auto-organiser et croître de façon collectivement auto-catalytique. Cela signifie que les éléments catalysant, qui permettent d’accélérer de manière exponentielle ou de réorienter la réaction chimique, font eux-mêmes partie de cette réaction.
Mais pourquoi il est important qu’il y ait de l’énergie ? Car la vie est une structure dissipative, c’est à dire que son rôle est de dissiper l’énergie. C’est pourquoi Stuart Bartlett offrira une version générique qu’il appellera vye (ou lyfe en anglais) et qu’il définit comme une structure dissipative autocatalytique capable d’homéostasie et d’apprentissage. Elle se maintient dans le temps et apprend à dissiper l’énergie de plus en plus vite. Elle crée alors des systèmes de plus en plus ordonnés, où l’information est de mieux en mieux capturée, traitée et échangée. Et devinez quoi, les sociétés humaines sont aussi des structures dissipatives qui vont chercher à augmenter la construction d’information dans le but de dissiper l’énergie. C’est donc un besoin physiologique comme la soif. Et, depuis la première cellule jusqu’au sociétés humaines, le but n’a pas changé. La monnaie et le PIB sont donc un bon moyen de mesurer la consommation d’énergie donc mesurer le degré d’ordre d’une société, sa néguentropie. Du moins, elle l’est si la monnaie est bien utilisée, c’est-à-dire sans avoir recours à l’inflation. Car l’inflation est un moyen de venir cacher l’entropie monétaire. Les systèmes monétaires inflationnistes occultent la valeur créée par la productivité de la société. Depuis les premières décennies du XXème siècle, nous avons accepté à tort l’inflation comme une nécessité de principe dans tous les marchés libres. Mais il ne s’agit pas d’un état économique naturel. Ceci demande explication.
Dans une société de marché libre, la valeur informationnelle clef est le prix, qui est un accord intersubjectif. La monnaie est l’abstraction de cette valeur. L’argent va jouer le rôle de facilitateur de notre communication et de la distribution de toutes les ressources économiques. Toute innovation et tout progrès sociétal découlent de cette communication. C’est peut-être l’outil social le plus élémentaire et le plus conséquent dont nous disposons. Comme on pourrait s’y attendre au sein d’un système thermodynamique ouvert, l’information va se concentrer dans les mains de quelques agents, et l’argent ne fait pas exception. L’argent va naturellement se diriger vers les agents les plus capables de dissiper l’énergie. En physique, on dit que l’argent va s’organiser selon le principe de moindre action.
Fait important, et ça Jancovici n’a pas l’air de bien le comprendre, la monnaie est aussi le moyen de transférer l’incertitude et le risque à ceux qui sont prêts à supporter cette incertitude. C’est l’une des manières clés dont la monnaie agit en tant qu’information (au-delà du prix lui-même), car le transfert monétaire du risque et de l’incertitude met en avant une information capitale et inestimable par le seul biais des succès et des échecs. Sans argent, il n’y aurait aucun moyen d’évaluer le succès ou l’échec et aucune motivation pour un tel comportement de transfert de risque. Comment sera résolut cette incertitude ? Par la consommation.
Horreur
Augmentée
Sélection de textes de
Zero HP Lovecraft
Horreur
Augmentée
Sélection de textes de
Zero HP Lovecraft
Pourquoi le transfert de risque est important ? Ceux qui prennent des risques et ceux qui ont les compétences appropriées pour construire un nouveau capital productif ne sont pas toujours les mêmes personnes. Ceux qui ont déjà accumulé de la richesse ne sont pas toujours les plus aptes à construire un nouveau stock de capital. Ainsi, un marché est nécessaire pour permettre l’échange de risques afin de construire le stock de capital. C’est ainsi que l’économie permet la production du nouveau, ce qui inclut la découverte de nouvelles sources d’énergie et de nouveaux moyens de les exploiter. L’argent est le support de ces transactions. Et c’est pourquoi on ne peut pas séparer la science économique de nos choix. Lorsque Jancovici énonce que nous nous dirigeons vers une pénurie d’énergie exploitable, il émet une opinion, peut-être tout à fait avisée, mais en adoptant un point de vue visant à forcer la décroissance, cela se transforme en prophétie auto-réalisatrice, car le meilleur moyen de trouver des façons de produire et exploiter l’énergie est de laisser le marché faire. Dans un climat de décroissance forcée, des investissements pour des jeunes talentueux travaillant sur des projets de fusion nucléaire n’auraient peut-être pas lieu car d’autres choix sont faits. Comme le dira Claude Shannon « … si l’information [est] égale à l’incertitude résolue, l’entropie doit être l’incertitude à résoudre ». L’argent va alors matérialiser et mesurer le degré d’entropie, l’incertitude résolue. Ce qu’on pourrait rapprocher à du bayénianisme étendu dans un système au sein duquel on ne connait pas toutes les options possibles (Oh ça va je troll).
Ceci dit, l’univers est bien probabiliste. Ce n’est pas parce que nous ne connaissons pas toutes les options qu’elles n’existent pas pour autant. Gardons ces informations en tête et tentons à présent de dresser un parallèle entre la monnaie et l’énergie. Une hypothèse formulée en 1961 par Rolf Landauer, ingénieur chez IBM, se verra confirmée en 2012 seulement par Eric Lutz et son équipe de l’université d’Augsbourg, la dissipation d’énergie est équivalente à la perte d’information. Alors on peut résumer, en simplifiant que TE = -IE où TE est l’entropie thermodynamique et IE l’entropie informationnelle.
Cette hypothèse est essentiellement une adaptation de la deuxième loi de la thermodynamique, en la combinant avec des concepts de la théorie de l’information, et en utilisant ces observations pour créer une formule qui s’applique de manière plus complète aux activités économiques humaines. Il s’agit d’une reformulation de cette loi afin de mieux comprendre la relation entre l’énergie, l’argent et l’information. Elle est simple et symétrique.
Mais il y a un autre facteur clef à prendre en compte. L’innovation technologique nous permet de faire ce travail plus facilement, plus rapidement, mieux et plus abondamment avec la même quantité de ressources. C’est ce qu’on appelle aussi la productivité. La technologie est ce qui permet à l’information de se développer. Tout comme la première loi de la thermodynamique nous enseigne que l’énergie ne peut être ni créée ni détruite, la deuxième loi de la thermodynamique stipule que l’entropie thermodynamique augmente toujours avec le temps. Cependant, cette loi ne dit rien de l’entropie inhérente à l’information ou à des systèmes humains spécifiques tels que les économies de marché. Par conséquent, la seconde loi de la thermodynamique ne dit rien de l’impact de l’ingéniosité technologique humaine sur d’autres formes d’entropie, notamment celles liées à l’information.
Compte tenu de cette analyse, nous pouvons affiner davantage la formule ci-dessus comme suit en ajoutant le facteur X comme ordre de grandeur exponentielle de l’innovation technologique :
TE^X = -IE
Cependant, cette équation, aussi spartiate soit-elle, n’est pas complète, du moins lorsqu’elle est appliquée aux systèmes sociaux et économiques humains. Puisque, comme nous l’avons vu précédemment, l’argent est peut-être l’unité la plus basique de la technologie de l’information pour une société usant du marché libre. Nous définirons l’entropie monétaire comme le taux d’inflation à long terme de cette monnaie. En vérité, l’entropie monétaire est influencée par bien d’autres facteurs que la seule inflation monétaire, mais, par souci de parcimonie, contentons-nous de cette définition sommaire pour le moment. Nous devons l’incorporer dans cette formule (facteur ME pour entropie monétaire) de sorte que :
TE^(X-ME) = -IE
Alors, la monnaie est théoriquement une forme d’information qui devrait réduire l’entropie lorsqu’elle est appliquée comme prévu et qu’elle n’adopte donc pas une valeur supérieure à 0. Cependant, la monnaie fiduciaire, malheureusement, n’est pas l’argent tel qu’il était prévu. L’inflation, le contrôle centralisé et donc arbitraire des règles de l’offre (et les tentatives de contrôle de la demande par le biais de taux sans risque administrés), la volatilité des taux de change mondiaux, les dévaluations compétitives et le mercantilisme, les subventions, les industries zombies soutenant la dette gratuite, l’application opaque et inégale de la fiscalité, et bien d’autres comportements, tous conspirent pour créer une équation globale d’entropie massive dans les économies de monnaie fiduciaire.
Si une augmentation de TE^(X-ME) entraîne une plus grande rareté thermodynamique ou monétaire, cela implique que la baisse équivalente de IE entraîne une plus grande offre d’informations structurées et ordonnées (diminution de l’entropie informationnelle). Les lois fondamentales de l’offre et de la demande concluent que cela aura tendance à réduire proportionnellement le coût de l’information.
Comme l’explique François Roddier dans son ouvrage Thermodynamique de l’évolution, Le producteur va alors maximiser sa production d’entropie et générer de l’information sur son environnement qui repose sur la consommation, en l’occurence sa clientèle.
“Considérons par exemple la mise en vente par le fabricant d’un même objet manufacturé en de nombreux exemplaires. On peut raisonnablement admettre que la probabilité p de trouver un acheteur est d’autant plus grande que le prix s proposé est plus bas. Lorsque deux de ces objets sont indépendamment mis en vente à des prix différents, la probabilité de vendre les deux objets sera le produit de leurs probabilités de vente, tandis que la rémunération du fabricant sera la somme des prix perçus. Cela implique que la relation entre le prix si proposé pour un objet i et sa probabilité pi de vente est une relation logarithmique de la forme si = -k.log pi, où k est ici une constante arbitraire. L’espérance de gain du fabricant est alors la somme S = Σpi.si = -k.Σpi.log pi étendue à tous les objets mis en vente. On retrouve bien l’expression de l’entropie de Gibbs. Le fabricant va chercher à maximiser son profit en ajustant sa production et ses prix de façon à maximiser S. En ce sens, on peut dire qu’en maximisant son profit, le producteur maximise son taux de production d’entropie. Ce faisant il importe effectivement de l’information sur son environnement, ici sa clientèle. Il adapte sa production à sa clientèle.”
François Roddier, Thermodynamique de l’évolution
La dissipation d’énergie et la création d’information sont donc indépendants mais liés l’un à l’autre. L’économie étant internationale, la production et la consommation peuvent se faire dans deux pays différents. Alors il n’est pas étonnant qu’à l’échelle nationale on puisse observer que l’énergie et le PIB ne sont pas corrélés. Mais il faut regarder le système dans son ensemble, c’est à dire l’économie mondiale et on observe évidemment comme l’avait dit Jancovici que les deux sont corrélés.
La valeur est créée grâce à l’ingéniosité humaine (et demain peut-être encore plus avec l’intelligence artificielle), à la nécessité environnementale et à la productivité résultant de notre accumulation de connaissances collectives. Ces forces sont souvent qualifiées de manière générique de technologie ou d’innovation, et elles créent toujours de la valeur en diminuant l’entropie informationnelle. Autrement dit, toute productivité est alimentée par la technologie et toute innovation technologique est déflationniste à un niveau fondamental. C’est-à-dire, tant que la monnaie reste une constante dans l’équation.
Si la productivité technologique a le potentiel de diminuer l’entropie informationnelle produite pour chaque unité thermodynamique d’entropie consommée, c’est la véritable définition de la création de richesse et de la prospérité. Plus pour moins.
Conclusion : les lois de la thermodynamique et de la théorie de l’information permettent d’affirmer que la monnaie est intimement liée à l’énergie et le PIB est donc lui-même lié à l’énergie mais on peut produire plus pour la même quantité d’énergie consommée, surtout en s’appuyant sur une monnaie efficace. Mais les lois de la thermodynamique ne permettent pas d’affirmer la nécessité de décroître, au contraire, elles valident les bienfaits du marché libre et du technocapital comme une structure dissipative supérieure. Mon conseil aux économistes est alors, non pas de rejeter la lumière que la thermodynamique peut jeter sur leur discipline, mais de s’en emparer en la couplant à la théorie de l’information.
Cet article vous a plus ? Soutenez nous sur Tipeee