Abolissons l’enseignement supérieur !

La numérisation était censée bouleverser notre civilisation, si cette prophétie se vérifie dans les médias, les loisirs et même l’administration en Estonie, la plupart des institutions publiques comme privées semblent imperméables aux changements. Elles continuent leurs activités presque comme si le numérique n’avait pas aboli les entraves à la diffusion des informations ni fait émerger des nouveaux modes d’interactions. Si cette inaptitude est excusable chez les acteurs peu au fait des évolutions technologiques (l’industrie de la musique a traversé une décennie noire avant de s’adapter à la dématérialisation), elle est impardonnable quand elle affecte les institutions d’enseignement supérieur, Universités et autres Grandes Écoles, censées produire et transmettre le savoir.

L’enseignement supérieur comme théâtre d’opération des guerres idéologiques

Partout en Occident les théories inclusives et indigénistes mettent le feu aux campus. Les fameux “social justice warriors” (SJW) ont infiltré les syndicats d’étudiants et imposent aux enseignants et à la hiérarchie les théories pseudoscientifiques du modèle standard des sciences sociales et autres délires sortis des cerveaux malades de Michel Foucault et Judith Butler. En classe préparatoire “Humanités” à Henri-IV (une des meilleures de France et de Navarre) voilà ce qu’on apprend aux étudiants:

Il existe un racisme d’Etat… qu’il faut déblanco-centrer et déseuropéano-centrer l’histoire… que la statuaire grecque est essentiellement phallocratique ou, encore, que les tableaux de la Renaissance italienne sont marqués d’un genrisme patent

(Le Figaro Magazine / 10 mai 2019)

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Le corps enseignant et la hiérarchie sont-ils vraiment soumis à ces agitateurs aux genres fluides et autres islamo-gauchistes? S’il est incontestable que certaines universités ont subi des blocages contre l’avis des enseignants et doyen, cette situation est exceptionnelle. Si l’élite encourage ses enfants à transformer l’enseignement supérieur en camp d’entrainement à l’activisme SJW, c’est justement parce qu’elle embrasse totalement cette idéologie, même si son contenu est suicidaire pour la civilisation qu’elle dirige.

Les études littéraires et sociales n’offrent pas de perspective d’emploi en dehors du secteur publique, des ONG et de la politique. Les étudiants qui s’encastrent dans ces filières n’ont pas d’autre choix que de participer à un concours surréaliste de signalement de vertus pour espérer se faire remarquer par le système de réseautage de l’élite. Ce verrouillage assure la conformité idéologique et la soumission des nouvelles recrues. Aux USA où l’enseignement est très coûteux la situation est encore plus tendue pour les étudiants endettés de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour un master en “étude du genre”. Les places sont très chères, l’aspirant “conseiller junior en diversité” dans une mairie démocrate se doit d’afficher une radicalité à toute épreuve.

Même dans les filières scientifiques il est fortement conseillé de se conformer à l’idéologie dominante pour ne pas finir avec son nom marqué par l’infamie ou simplement caviardé dans l’annuaire des anciens élèves. N’en déplaise aux électeurs de Macron en France, les cadres ne trouvent pas de travail en traversant la rue, ni au Pole Emploi, mais bien dans les réseaux d’alumni qui proposent des offres d’emplois en dehors du marché visible. Cette situation favorise la médiocrité intellectuelle et l’absence de prise de risque. Dans ce safe-space tout le monde est d’accord, tout le monde sait ce qu’il faut faire ou ne pas faire et personne n’est tenté d’essayer autre chose.

Dans une société moderne la suppression des entraves à la circulation des personnes et des idées homogénéise l’élite économique. Comme toute aristocratie, elle cédera à la tentation et verrouillera les systèmes de formation et de recrutement pour assurer son endogamie. Le pouvoir et l’entre soi ne peuvent que la faire dériver vers le totalitarisme et la stérilité. Et c’est précisément ce qu’elle est en train de faire avec le mouvance SJW. L’élite, structurée par des idéaux de gauche devenus dogmatiques, est en train de s’auto-dissoudre dans une radicalisation extrêmement toxique.

Un autre aspect non négligeable de l’inutilité de l’enseignement supérieur est le coût et la durée excessive des études. La lourdeur de ce format écarte les étudiants à potentiel dont les familles ne peuvent financer le gite et le couvert pendant de longues années sans rémunérations. Et ne prétendez pas qu’on peut faire des études et travailler en même temps, tout le monde n’est pas génétiquement programmé pour dormir 3h par jour.

L’élite n’a absolument pas l’intention de révolutionner l’enseignement supérieur en profitant du numérique. Son pouvoir excessif sur la société dépend justement de ces méthodes obsolètes et ruineuses de transmissions du savoir. En l’absence d’alternative elle profite de sa main mise sur la distribution des diplômes et d’une bonne partie des emplois à hautes valeurs ajoutées pour imposer son package idéologique. Pour briser ce monopole il est vain d’exiger de la pluralité idéologique des enseignants ou la libre parole dans les campus. Renouveler la noblesse en 1789 n’aurait pas empêché l’effondrement de la société de l’ancien régime mitée par le bouleversement des paradigmes économiques, sociaux et technologiques. Nous devons accepter les conséquences de la numérisation et enclencher un processus d’abolition des institutions d’enseignement supérieur.

En l’état il est impossible d’abolir les institutions d’enseignement supérieur, leur puissance est telle qu’elles inhibent l’émergence d’alternative. L’approche la plus simple et réaliste pour déclencher le processus de disparition de ces mammouths est de perturber leur environnement. Nous vivons dans une société capitaliste libéral, le prix est un facteur de décision primordial. L’enseignement numérisé étant beaucoup moins coûteux et plus souple que les cursus classiques, il est forcément plus compétitif. Les étudiants fauchés comme les États endettés seraient les premiers à se jeter par des formations low cost, mais ils sont freinés par un problème de taille. Ces formations sont difficilement reconnues, que ce soit sur le marché du travail ou dans le cadre d’une poursuite d’étude dans une filière classique.

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Une seule mesure suffirait pour enclencher un processus irréversible: instituer un système normalisé, à l’échelle internationale, d’items à valider. Un diplôme se résumerait alors à un ensemble d’items garantissant la maîtrise d’un niveau dans une discipline. Les cours (vidéo, TD en équipe et un jour TP en réalité virtuelle) seront disponibles gratuitement en ligne, et les examens de validation ouverts à tous ceux qui ont les prérequis. Les cours seront proposés par des chercheurs ou des ingénieurs, rémunérés en fonction des résultats des élèves qui les ont suivis. Inutile d’extraire de leurs laboratoires des hordes d’enseignants-chercheurs et autre maîtres de conférence pour assurer année après année des cours magistraux quasi identiques. La correction des évaluations ne pouvant faire l’objet de traitement automatisé (QCM) sera confiée à des scientifiques et ingénieurs dédommagés. À terme des IA, absolument impartiaux, pourront prendre en charge les évaluations. L’enseignement théorique avec les outils numériques sera complété par de l’apprentissage de terrain, là encore des items seront à valider via la reconnaissance de l’entreprise, association ou administration d’accueil.

Comme le standard MP3 a contraint l’industrie du disque à se transformer, l’émergence des items standardisés d’enseignement sera amplement suffisant pour faire exploser le monopole des universités et autres Grandes Écoles. Les recruteurs, aussi bien dans un cadre professionnel qu’universitaire, n’auraient alors aucun mal à comparer la formation des candidats. Même si les institutions classiques pourraient revendiquer des items exclusifs, cela concernerait essentiellement que les niveaux master et doctorat. Le niveau licence échapperait très rapidement au système classique, impactant durement leur modèle économique. Autre avantage : la validation d’items permettrait aux autodidactes ayant acquis des compétences parfois très éloignées de leur cursus, de valoriser leurs polyvalences. À plus long terme, même les items “exclusifs” seraient démocratisés et accessibles à toute personne ayant les bases et l’intellect pour les acquérir. En moins d’une génération l’affaire serait pliée. Alors, chiche ?

 

 

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