Une époque formidable, Trump banni de Twitter !
Les vautours se déchaînent sur le cadavre politique de Trump et de ce qu’il représente : la résistance à l’establishment et l’absence de barrière morale snowflakesiennes. En effet, Twitter vient de bannir le 45ème président des États-unis de son réseau. Je crois cependant qu’il s’agit d’une formidable opportunité pour les libéraux comme moi de tester leurs idées, à savoir si la concurrence peut vraiment marcher face à une hégémonie telle que celle des GAFA. Afin d’explorer les prémisses et les implications de ce scandale, je vais m’intéresser à 3 séismes qui devraient ébranler les GAFA à mes yeux, et conduire à la fin de leur pseudo-monopole, mais il faudra aussi nuancer la réalité d’une possibilité de concurrence, tant la politique des GAFA suit en réalité les intérêts de l’administration américaine.
Commençons par le commencement, par le choc initial : Twitter peut supprimer unilatéralement le compte Twitter d’un président toujours en exercice, et suivi par des millions d’internautes. En tant que libéral, je ne peux m’offusquer sur le fond : le réseau social est “chez lui”, ceux qui ne seraient pas d’accord avec sa politique de modération ont la liberté d’en partir. Forcer Twitter à réintégrer Trump serait une aberration à tout point de vue, ne serait-ce que par la violation évidente de la propriété privée que cela impliquerait. Là où le bât blesse, c’est que cette décision est un soutien politique évident de Twitter envers le gauchisme États-unien et la nouvelle administration Démocrate. C’est la décision de l’Amérique Californienne soutenue par Washington contre l’Amérique du Midwest, pour caricaturer. Encore une fois, il n’est pas possible en vérité de condamner cela, mis à part sur la forme (il faudrait que ce soit assumé par la direction de Twitter). Une entreprise, comme un journal ou un individu, peut tout à fait prendre parti pour un camp politique. Là où tout cela commence à sentir mauvais, c’est avec la deuxième affaire.
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
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Apple a en effet exclu le concurrent “Alt-Right” de Twitter, Parler, car justement il ne censure pas. Encore une fois nous avons ici la toute puissance d’une position ultra dominante contre la concurrence, contre la vertu du marché. Seulement voilà, cette toute puissance s’appuie encore une fois sur l’État et la bien-pensante pour agir en tant que garant du bien et de la morale et non en tant que partisan politique. Il serait donc mal aisé de conclure que l’action d’Apple montre les limites de la concurrence tant celle-ci est faussée par le soutien moral et légal de l’État. En tant que libéral, je dois cependant me demander si l’appui légal et surtout moral de l’État change quelque chose à cette affaire. Et je pense que oui. Bien que la liberté d’expression soit fondamentale aux USA, l’atmosphère morale imprimée par le camp Démocrate même sous l’administration Trump rend l’environnement entrepreneurial de l’Alt-right irrespirable.
Cependant, une troisième affaire me fait penser que nous ne pouvons pas tout mettre sur le dos de l’État. C’est l’affaire Tumblr qui me fait dire cela : en 2018, Tumblr, connu pour sa grande mansuétude envers le contenu pornographique, a dû bannir ce type de contenu pour pouvoir rester sur l’Apple Store (1). Certes, le chantage consistant de la part d’Apple à parler de contenu pédopornographique s’appuyait sur des bases légales, mais on ne peut pas dire que l’atmosphère morale américaine soit aussi puritaine qu’on le croit souvent, il suffit de regarder ce qu’on peut voir dans le domaine musicale (tel Wap de Cardi B). Cette décision était une pure stratégie privée et pas une volonté de coller à l’agenda politique.
Ainsi, pour conclure : le bannissement de Trump de Twitter est une épreuve de force non seulement entre nous et les GAFA, c’est à dire entre le marché et les sociétés hégémoniques, mais également entre nous et l’État, c’est à dire entre le marché et les lois liberticides. Nous pensions qu’Internet était un espace de liberté qui échappait aux États, nous avions tort. La connivence entre les grands du numérique et les États a permit une mainmise que nous n’imaginions pas sur les réseaux. Amazon a même annoncé la fermeture des serveurs de Parler. Google procède à des déréférencement ciblés. L’existence même d’une pensée alternative sur internet est en danger. Cette situation découle directement du manque de travail et d’investissement de la droite dans le numérique, cela doit changer. Mais sommes prêt à payer l’effort de la liberté ?
Le problème c’est aussi qu’au moment où les États-Unis sont fracturés tel qu’ils ne l’ont pas été depuis longtemps, l’espace public où les différentes factions pouvaient échanger n’existe plus. Si des réseaux sociaux conservateurs émergent alors la parole publique sera restaurée mais sera divisée. Chaque camp sera sur son propre réseau, s’entourant de personnes ayant les mêmes idées. Au final aucun débat n’aura lieu sur internet car il n’y aura plus de communication intergroupe.
Au lieu d’avoir des individus cherchant la meilleure solution pour leur société, nous aurons des groupes cherchant à ne plus faire société avec l’autre groupe.