De nombreuses études de psychologie comparent les cultures individualistes aux cultures collectivistes, ce qui revient pour la plupart du temps à comparer les cultures américaines et nord-est asiatiques.
Les différences culturelles observées
Les traits particuliers aux cultures collectivistes sont l’harmonie, l’interdépendance, la conformité et la mise en exergue des besoins du groupe qui prend le pas sur les besoins individuels. Au contraire les cultures individualistes ont pour caractéristiques l’autonomie, la réussite personnelle, la recherche d’unicité, ainsi que les besoins et les droits des individus. Ce que l’on pourrait résumer par le concept classique américain de “Looking out for number one” qui est la volonté de penser avant tout à soi. Au contraire, comme le rapportent certains professeurs occidentaux ayant eu l’occasion d’enseigner en Asie, lorsqu’une question de mathématiques est posée dans une classe, personne ne lèvera la main de peur de se mettre en avant et montrer qu’il est plus intelligent que les autres enfants.
Les différences entre les cultures individualistes et collectivistes sont frappantes. Dans les cultures individualistes les individus recherchent plus souvent l’unicité et l’accomplissement personnel et se définissent dans des termes relevant de traits personnels comme “je suis un freelanceur” plutôt que relationnels comme “je suis un parent”. Ils attribuent leur succès à des attributs intrinsèques plutôt qu’à des raisons situationnelles. La réussite est perçue comme intrinsèquement liée à des talents individuels, plutôt qu’à un concours de circonstances. De même, nous avons tendance à lier nos souvenirs à des événements comme “c’est l’été où j’ai appris à nager”, plutôt qu’à des interactions sociales comme, “c’est l’été où nous sommes devenus amis”. Aussi, la motivation et la satisfaction sont acquises par des actions personnelles plutôt que par des actions collectives dont un des moteurs est la compétition.
Lorsqu’on demande à un individu issu de culture individualiste de se représenter au sein d’un diagramme social incluant ses parents et amis, ce dernier tend à mettre le cercle le représentant au milieu de la page et choisit de se représenter avec un cercle plus gros. Au contraire les individus issus de cultures collectivistes témoignent d’une plus grande empathie, et ont une plus grande capacité à comprendre la perspective d’autres personnes. On y observe également une plus grosse pression de la part des autres individus du groupe, surtout lorsque l’un d’eux viole les lois établies. Aussi, ils disposent d’une plus grosse tendance à donner des explications situationnelles pour expliquer les événements. De plus, lorsqu’ils se représentent au sein d’un diagramme social, le cercle les représentant est loin du centre et il n’est pas le plus gros.
Causes biologiques de ces différences culturelles
Naturellement ces particularités culturelles possèdent un corollaire biologique. par exemple les individus issus des cultures individualistes activent plus fortement le mPFC lorsqu’ils regardent une photo d’eux même que lorsqu’il regarde une photo d’un parent ou d’un ami. Au contraire cette tendance s’inverse chez les asiatiques.
Une autre différence notable est observée dans le cadre du stress psychologique. Lorsqu’on demande aux sujets de se rappeler de 3 souvenirs, les Américains ont plus tendance à se remémorer des souvenirs où ils ont eu une influence sur les autres, alors que les sujets nord-est asiatiques ont plus tendance à avoir des souvenirs où ils ont été influencé par d’autres. Si vous forcez un Américain à se souvenir d’un moment où il a été influencé par quelqu’un, ou, dans le cas opposé, si vous forcez une personne asiatique à se souvenir d’un moment où elle a influencé quelqu’un, les 2 sujets déclenchent de fortes doses de glucocorticoïde lié au stress que demande l’effort de se souvenir d’une chose qui n’est pas naturelle pour eux.
Parallèlement, Brian Knutson de Stanford University, a montré que le système méso-limbique s’active chez les américains et les europeéens lorsqu’ils regardent des visages exaltés alors que les Chinois ont la même réaction lorsqu’ils regardent des visages calmes.
L’impact sur la morale
Ces différences culturelles produisent différents systèmes moraux. Dans les systèmes collectivistes traditionnels la conformité et la morale sont pratiquement des synonymes. Les sentiments de honte et de culpabilité sont similaires ou, à tout le moins, extrêmement liés. De la même façon, les gens vont se dire “qu’est-ce que les gens vont penser de ce que j’ai fait” et “comment je vais pouvoir vivre avec ça?”. Les cultures collectiviste favorisent grandement les morales utilitariennes et conséquentialistes. Par exemple l’emprisonnement d’une personne innocente afin de préserver le bon fonctionnement social est vu comme un mal nécessaire.
Un autre trait exacerbé chez les cultures collectivistes est la préférence marquée de son groupe ethnique. Dans une étude menée sur des coréens et des européens habitant aux États-Unis à qui on a montré des photos de gens souffrant, tous les sujets ont en moyenne exprimer une empathie accrue pour les individus issus de leur propre groupe ethnique. Mais ce trait fut significativement plus grand chez les Coréens que chez les européens. De la même façon tous les sujets ont eu tendance à dénigrer les membres des autres groupes ethniques, mais seuls les européens avaient tendance à amplifier l’évaluation de leur propre groupe. En d’autres termes, les coréens n’avaient pas besoin de se glorifier pour percevoir les autres comme inférieurs.
Des façons de penser différentes entre Occidentaux et Est-Asiatiques
Une autre différence observée s’effectue sur la façon d’associer deux objets. Les occidentaux pensent de façon catégorielle et tendent à associer les éléments suivant leur appartenance à une même catégorie, par exemple en associant le singe et l’ours car ils sont tous les deux des animaux. Au contraire les nord-est asiatiques tendent à penser de façon plus relationnelle et associent le singe avec la banane. On retrouve cette façon holistique de penser une information chez les asiatiques alors que les européens vont avoir tendance à envisager une information de façon très spécifique. Si vous montrez une photo d’une personne au milieu d’une scène extrêmement complexe les asiatiques ont tendance à se souvenir de la scène alors que les occidentaux se souviendront de la personne au milieu. Les techniques récentes d’eye tracking ont d’ailleurs permis de mettre en avant que les européens et les asiatiques avaient une façon différente de regarder une photo. Les européens ont tendance à commencer par le centre alors que les asiatiques ont tendance à scanner la photo entièrement. Lorsqu’on demande à un européen de se concentrer sur le contexte de la photo et inversement lorsqu’on demande à un asiatique de se concentrer sur le personnage principal de la photo, leur cortex frontal s’active de façon plus intense.
Évidemment nous parlons ici de moyenne, beaucoup d’individus occidentaux sont aujourd’hui plus collectivistes que les asiatiques et beaucoup d’asiatiques deviennent de plus en plus individualistes, on le remarque notamment par la croissance des prénoms japonais uniques. De même ces différences ne sont pas figées dans le temps, on remarque chez les asiatiques habitant aux États-Unis qu’après quelques générations ils tendent aussi à devenir plus individualistes, preuve s’il en est de l’impact de la culture sur les individus. Cependant, on note que cet environnement particulier a pour résultat une sélection de certains traits qui vont être codées génétiquement. Dès lors nous pourrons nous attacher à observer quels sont les gènes qui sont impactés par ces changements.
Les raisons historiques de la sélection de ces traits
Pourquoi les nord-est asiatiques sont-ils si collectivistes ? la clé résulte dans la façon que les peuples traditionnels avaient de gagner leur vie et de survivre, qui est elle-même influencée par l’environnement, et dans l’Asie de l’Est, tout tourne autour du riz. Le riz, qui a été cultivé pour la première fois il y a environ 10 000 ans, réclame un travail collectif important. Cette particularité culturelle serait à l’origine d’une sélection de traits de comportements précis chez les est-asiatiques.
Mais pourquoi cette raison évoquée serait-t-telle plus valable qu’une autre ? Une des pistes de preuve réside dans l’observation d’une région du Nord de la Chine qui a la particularité de ne pas pouvoir faire pousser de riz. Les peuples vivants ici se sont vite mis à la culture des herbes à la place du riz qui réclament des compétences beaucoup plus individualistes que collectivistes. Lorsque ces personnes sont soumises aux mêmes tests cités précédemment, comme celui où il faut se situer dans un diagramme social ou associer les objets entre eux, leurs résultats se trouvent être beaucoup plus similaires à ceux des occidentaux. Ils possèdent aussi deux autres traits propres aux occidentaux et aux cultures individualistes, un plus gros taux de divorce et une plus grosse tendance à la créativité.
La corrélation génétique des traits observés
Le gène DRD4 est à l’origine du récepteur à dopamine. Ce gène est extrêmement variable. avec au moins 25 versions différentes au sein de l’espèce humaine. Cependant cette variation ne se fait pas au hasard, on observe qu’il y a eu une forte sélection pour certaines variations dans différentes populations. La plus commune est la version 4R Qui est présente chez la moitié des asiatiques et des américains d’ascendance européenne. Il y a également la version 7R, qui produit des récepteurs moins sensibles à la dopamine, qui est associée à la recherche de nouveautés et à l’impulsivité accrues. On la retrouve chez les humains avant l’apparition de l’Homme moderne mais elle devient plus répandue à partir de -20 000 ans. La version 7R est présente sur environ 23% des européens et des américains d’ascendance européenne alors que chez les asiatiques, seulement 1% la possède. Alors qu’est-ce qui vient en premier, la version 7R où le style de culture?
Une étude de Kenneth Kid met en avant qu’on retrouve la version 7R présente à hauteur de 10 à 25 % chez les européens, les africains et les gens du Moyen-Orient. Ce pourcentage est un peu plus élevé chez les malaisiens et en Nouvelle Guinée. On retrouve ces mêmes chiffres dans les populations autochtones d’Amérique du Nord, descendants d’asiatiques qui sont passés par le couloir de Beiring. Cependant, en Amérique centrale, notamment chez les Aztèques, ce pourcentage monte jusqu’à 40%, et plus nous descendons vers la pointe de l’Amérique du Sud plus ce pourcentage augmente. chez les Quechuas il atteint 55 % avant d’atteindre le nombre record de 70% chez les populations de la pointe de l’Amérique du Sud, le plus haut du monde.
En d’autres termes, une autre variation du gène 7R associé à la recherche de nouveauté et à l’impulsivité est l’héritage des humains qui ont parcouru les plus grandes distances dans l’histoire humaine. À l’inverse cette variation est proche de zéro en Chine au Japon, au Cambodge ou encore à Taïwan. Lorsque les est-asiatiques ont inventé la culture du riz et emprunté le système collectiviste, une sélection massive contre la variation 7R s’est naturellement effectuée.
Très instructif, merci.
Le pendant de la culture collectiviste du riz, qui demande des systèmes d’irrigation impossible à mettre en place individuellement, c’est le blé, qui lui au contraire se cultive très bien tout seul dans le climat pluvial européen.
Finalement, si on regarde les grandes catégories de climat, on retrouve les races et leurs cultures :
* afrique : tropical, pas d’hiver, parasites nombreux : les noirs, faible QI, insouciants, stratégie r
* europe : tempéré, avec hivers, pluvieux, moins de parasites : stratégie K, QI plus élevé, tempérament prévoyant/soucieux/individualiste/créatif
* asie de l’est : tempéré mais sec, avec hiver, peu de parasites : stratégie K, QI encore plus élevé, tempérament collectiviste/administrateur/moins créatif
* région désertique : maghreb/moyen orient, sec, chaud, peu de ressources, stratégie hybride rK, QI peu élevé, agressivité, tribalisme (l’étranger est une opportunité de ressources mais un risque de maladie), sociabilité
En gros quoi. (le choix des mots n’est peut-être pas idéal)
Je pense qu’il serait intéressant de savoir si les cultures individualistes ont une courbe de QI avec un écart type plus important ? on parle souvent de la moyenne du QI, mais l’écart type joue un rôle aussi. Je n’ai pas réussi à trouver d’études à ce sujet.
Ah, vous parlez de l’écart type des QI, voilà une question fondamentale que je me pose depuis bien longtemps.
Intuitivement j’aurais tendance à dire qu’une différence significative entre deux pays dans la valeur de l’écart type des QI dans leurs populations pourrait avoir un impact aussi important, sur la civilisation et sa créativité, qu’une différence dans les moyennes valant 5 point de QI.
En théorie, j’aurais tendance à dire qu’un peuple plus homogène avec moins de diversité allélique devrait avoir un écart type nettement plus faible, et ce peuple devrait avoir nettement moins de personnes HQI (surdoués créatifs) dans sa population, qu’un pays avec une diversité plus élevée et un QI moyen un peu plus faible.
Si c’est le cas alors, ça voudrait dire qu’en Europe, à côté d’avoir un nombre plus élevé de génies surdoués, on croulerait sous une quantité énorme d’idiots, alors que les pays asiatiques seraient relativement épargnées par ce dernier fardeau, et tout ceci nous obligerait à être plus individualistes.
A t’on des chiffres du taux de surdoués dans les pays asiatiques? ça pourrait déjà donner un idée.