Le sentiment d’insécurité est un vrai problème

Si vous cherchez des marqueurs d’affiliations politiques fiables, l’insécurité fait partie du duo de tête avec l’immigration. Plus un influenceur penche à gauche, plus il déploiera des trésors d’ingéniosités pour nier l’explosion de la délinquance.

Chiffres alambiqués, cherry picking, séries historiques remontant jusqu’au moyen-âge, les zététiciens des 130 agressions à l’arme blanche par jour regorgent d’imagination. Tout est bon pour défendre la grande thèse de la gauche : l’augmentation de l’insécurité serait un délire collectif alimenté par le racisme systémique et les milliards de Bolloré.

Nombreux sont ceux à droite qui se démènent pour argumenter, chiffres à l’appui, face à la thèse infalsifiable de la gauche. Je vais aborder le problème sous un autre angle.

Supposons que la thèse de la gauche soit vraie. Nous serions tous, de Laurent Obertone aux zoomeuses qui font des tutoriels TikTok « sortir à Nantes sans se faire violer », victime d’une hallucination collective.

Pour autant ce sentiment d’insécurité serait-il vraiment un non-sujet ? Peut-on exiger d’un peuple qu’il tolère des comportements illégaux et immoraux sous prétexte qu’ils ne sont pas plus fréquent qu’avant ?

La tolérance à l’illégalisme

Qu’est-ce que la délinquance et la criminalité ? Des illégalismes répondent en cœurs les lecteurs de Michel Foucault. Ils se définissent comme des renoncements de l’état à ses droits. Ils trahissent généralement une faiblesse vis-à-vis d’une minorité.

La présence d’illégalisme est mal tolérée, car elle met en exergue l’existence d’inégalité. Certains auraient plus de droits et des libertés que les autres. Ce qui nous amène à un usage vicieux de l’illégalisme, l’instrumentalisation. L’état peut laisser faire, attendre que la colère et l’indignation monte jusqu’à ce que l’opinion soit mûre pour accepter une répression féroce. L’impunité des casseurs d’ultragauche dans le mouvement gilet jaune en est un bon exemple.

Pour ma part, je classe les illégalismes dans deux catégories, les explicites et les implicites. Les avantages fiscaux accordés aux riches nomades, les régimes spéciaux pour les cheminots et contrôleurs aériens, l’optimisation fiscale des multinationales rentrent dans la catégorie des explicites. Ces illégalismes sont inscrits dans des textes, négociés bilatéralement entre l’état et les minorités de privilégiés qui en profitent.

Les implicites regroupent les activités illégales mais tolérées ou mollement combattues. Cette catégorie regroupe la délinquance, mais aussi les peines de prisons fermes non exécutés, l’existence d’ONG dédiées à la destruction des biens d’autres (Faucheurs Volontaires) et la non-exécution des OQTF.

Selon la gauche le recul de la tolérance face aux illégalismes de type « délinquance » serait LE problème. La cause serait la sensibilisation du public par les médias d’extrême droite raciste, xénophobe et islamophobe.

Néanmoins, nous pouvons sans trop d’effort dresser une longue liste illégalismes de moins en moins tolérés avec l’assentiment de la gauche et du centre :

  • L’insécurité routière
  • L’inégalité H/F
  • L’insécurité alimentaire
  • La fraude fiscale
  • Les pseudos médecines

Dans ces thématiques, le discours « il y a statistiquement beaucoup moins de risque qu’avant » bien que techniquement vrai, ne passe pas du tout. Personne ne parle de « sentiment de multiplication des accidents sur la route sous stupéfiant » ou « d’impression d’exil fiscal ».

La plupart des commentateurs admettent que l’intolérance de la population envers ces comportements est saine. Chaque année de nouvelles mesures sont adoptées dans une perspective d’amélioration permanente. Il existe bien des critiques sur la forme, mais rare sont ceux qui osent critiquer le bien-fondé des objectifs de ces réglementations.

Mais alors pourquoi du point de vue de la gauche l’intolérance dure envers la délinquance ne serait pas aussi légitime que l’intolérance envers les chauffards ?

L’effet de la délinquance est systémique 

Si la gauche admet volontiers que la plupart des illégalismes perturbent l’harmonie sociétale, elle réalise une astucieuse pirouette pour exclure la délinquance de ce champ d’application. 

La délinquance est analysée à gauche via un prisme étrangement individualiste. Ce serait un conflit concernant deux acteurs : l’auteur du délit/crime vs la victime, avec éventuellement leurs proches respectifs. On reconnaît là une perspective shareholder que la gauche rejette quand elle concerne n’importe quel autre sujet. C’est sur cette base étroite qu’ils justifient leur rejet de la « récupération » et leur obsession pour reclasser comme « fait divers » les faits de société récurrents. 

Mais ce rejet de la dimension collective disparaît quand la victime est un non-blanc, racisme systémique oblige. On reconnaît bien là l’influence toujours vive de l’extrême gauche dont les idées s’étendent jusque dans la macronie. 

Un autre aspect il la non prise en compte de l’initiative de l’illégalisme. Le délinquant est uniquement responsable de ses actes un à un, et pas de la situation qu’il provoque en violant la loi en premier, mettant d’autres citoyens dans une situation de grande tension, inhabituelle et dangereuse. 

Dans les procédures judiciaires, l’usage de la légitime défense est strictement encadré, même si le prévenu est victime d’un transgresseur qui l’a mis en danger. Le défenseur sera jugé encore plus durement s’il n’est pas un non-blanc pauvre et sans éducation. 

Exemple : en prison pour avoir « séquestré » un voleur

Cette approche s’explique par le déni de l’effet collectif de l’illégalisme et de la gravité de la rupture du contrat social. La loi n’est qu’une procédure dépourvue d’objectif en dehors du respect de la procédure. La justice devient un rituel à performer dont on a oublié le rôle originel : sanctionner les transgressions sociales pour faire tenir la société. À défaut de sanction contre les transgresseurs, c’est l’invocation du « vivre-ensemble » et le contrôle stricte des médias qui est censé faire le job. 

Ce pari étrange est toutefois cohérent avec l’idée que la propagande est la clef de l’opinion. Si la droite peut rendre les gens « fachos » avec quelques médias, la gauche croit pouvoir en faire autant avec l’aide de Nassira El Moaddem, Mehid Meklat et l’exilé fiscal Omar Sy.

La délinquance comme charge mentale

À droite, nous considérons que la responsabilité individuelle est prioritaire, mais nous considérons aussi la société comme une personne morale concernée par la délinquance. C’est une perspective stakeholder, qui inclus l’ensemble des acteurs qui sont impactés directement ou systémiquement. 

Un exemple particulièrement emblématique est le viol. Le viol est un des pires acte antisocial. Au-delà du trauma pour la victime et ses proches, le violeur prive la société d’un individu sein. 

Difficulté sexuelle, familiale, économique, le ou la violé(e) va subir un handicap irréversible toute sa vie, handicap pour lequel la société va devoir dépenser des ressources (argent et énergie humaine) pour tenter d’amortir les effets. 

Le viol est donc à la fois un acte contre une personne et contre l’ensemble de la société. C’est comme empoisonner un puits après avoir rempli sa gourde. Si l’opinion exige des peines plus lourdes contre les violeurs, c’est parce que d’instinct nous savons que nous sommes aussi victimes de leurs actes.

Chimp with Foudouko's body

La prophylaxie sociale est comportement normal des primates sociaux. Quand un individu violent et tyrannique met en danger le groupe, il est éliminé. 

La délinquance réduit la confiance interpersonnelle (facteur majeur de prospérité), elle augmente les coûts de sécurité et réduits les opportunités rentables pour l’ensemble des acteurs économiques. En France le coût des dépenses publics et privées pour la sécurité est estimé à 50Md. Le coût des agressions physiques serait de 69Md .

La délinquance est une charge mentale. Des TikTokeuses nantaises aux organisateurs des JO qui doivent réduire leurs ambitions à cause du risque terroriste, l’insécurité influence nos décisions tous les jours et à tous les niveaux. C’est peut-être un délire collectif, mais l’argent et l’énergie humaine dépensée sont bien réels.

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Zero HP Lovecraft

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Le laxisme ou l’anarcho-tyrannie. 

Le coût économique, social, politique de l’insécurité est discordant si on le compare à la lutte active contre d’autres risques du quotidien. En France télécharger un film illégalement est plus risqué que faire le guetteur pour un trafiquant de drogue. 

On le sait, ils savent et ils savent qu’on le sait. 

Les citoyens ne demandent pas de miracle à l’état, mais ils exigent de la cohérence entre l’ampleur des problèmes, les moyens mobilisés et les résultats obtenus. 

L’absence de réaction autre que des discours creux laissent à penser que l’état tolère la délinquance. Cette prolifération d’illégalismes d’un côté et d’inflation réglementaire de l’autre n’est que très difficilement tolérable à long terme. Selon Foucault, la multiplication des illégalismes peut dériver vers un stade systématique. Traduit en langage moderne, on parle de guerre civile de basse intensité.

L’anarcho tyranie ou la dictature

L’incohérence entre les moyens de l’état, son intrusivité et le laxisme judiciaire nous font dériver vers l’anarcho-tyrannie. Dans ce régime l’état qui laisserait les voyous de bas étage martyriser la population, tout en écrasant toute opposition politique sérieuse. 

Que cette dérive soit réelle ou imaginaire, les politiciens déniant le droit à satisfaire le besoin de sécurité de la population semblent se diriger vers des échecs électoraux de plus en plus cuisants. 

Le fameux « sentiment » d’insécurité n’épargne aucune strate de la population, des gilets jaunes aux bobos qui s’exilent en province pour fuir « l’ambiance » des grandes villes. La percée du RN maintenant premier parti chez les CSP+ est à ce titre symptomatique.

Si la sécurité des biens et des personnes ne vous préoccupe pas, la politique n’est plus un choix de carrière viable. Sauf si vous voulez devenir un agent du chaos. 

Mais soyez prévenus, des élus qui prennent le sujet au sérieux arriveront tôt ou tard au pouvoir, plus la situation sera dégradée, plus ils mobiliseront des solutions à la hauteur du sentiment de colère de la population envers vos protégés.

El Salvador clears way for mass trials as crackdown on gangs ramps up | El  Salvador | The Guardian

Vous voulez vraiment en arriver là ?

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