Depuis une éternité, la Vieille Culture européenne se transmet de génération en génération par une habile diffusion, à la fois orale et écrite, de vieux mythes ancestraux aux contours mythologiques. D’Oslo à Paris, en passant par Londres et Rome, nombreux furent les enfants à s’être pris de passion, via la littérature notamment, des facéties d’Achille, des péripéties odyséennes d’Ulysse ou des terribles colères de Thor.
Un héritage européen commun
Cet héritage commun, s’il s’est toujours différencié des épopées nationales propres à chaque nation européenne, c’est par ce que dans les mémoires collectives, il fait figure d’un temps très ancien, archaïque, ou les pays du continent tels que définis par leurs frontières actuelles n’existaient pas, ou le christianisme n’était pas né, et au sein d’une époque ou, le concept de civilisation était encore flou.
Quoi qu’il en soit, ces histoires fantastiques et fondatrices ont su se fondre dans les gènes de l’identité européenne, parce qu’elles se consolidaient sans cesse dans les esprits de nos ancêtres. À force de faire perdurer l’historicité de tous ces mythes, qu’ils soient germaniques, celtes ou greco-latin, ils sont devenus une sorte de nécessité éducationnelle, sans laquelle la compréhension de ce monde ne serait la même. En un sens, les Beowulf, les Persée, les Odin ou les Jupiter sont devenus une forme d’outil inter-générationel de désignation d’une époque sur laquelle il est très difficile de mettre un nom, ni même une date. Oui, car il n’y a pas de « date de naissance » de la mythologie européenne, par ce qu’elle n’est pas juste un simple manuscrit, mais un amas géant de mythes et de traditions accumulés par les peuples d’Europa des centaines d’années avant que ne naisse l’écriture.
Traité
Néoréactionnaire
Le premier livre de NIMH
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Et parce que cet héritage, dit mythologique, se fait compagnon de chambre et d’esprit d’Européens depuis tant de siècles, il fait alors partie du bien commun que se partagent, de façon immatérielle, tous les peuples d’Europe.
Ainsi sa sauvegarde, sa mémorisation et sa transmission sont devenues d’impérieuses nécessités, et des années durant, la Littérature et les Arts régnaient en maîtres sur l’imaginaire et l’apprentissage des jeunes, ce faisant, perpétuaient les traditions. Aujourd’hui, le tableau noircit fortement. À l’ère du tout numérique, et de surcroît, à l’heure ou les nouvelles générations s’abrutissent toujours plus, l’héritage mythologique européen est en réel danger. Les lacunes idéologiques d’une Europe qui peine à s’assumer font que toute notion identitaire, tout sentiment d’appartenance commune à une race, à un peuple, à un idéal, est immédiatement muselée. Ainsi, lorsqu’ils ne sont pas simplement effacés du panel littéraire ou ludique d’apprentissage d’un jeune, ils sont maladroitement ré-adaptés en films, voire pire, effroyablement ré-écris, en y incluant toujours plus de diversité « sexuelle » et « ethnique ».
Le jeu vidéo, garant de cet héritage
Toutefois, le tableau n’est pas encore tout noir. Car un espoir continue de sévir en bravant le glaive du politiquement correct et en faisant saliver l’imaginaire et le besoin d’héritage de centaines de millions d’occidentaux : Le jeu-vidéo.
Parfois adulé, souvent décrié, le jeu-vidéo à su conquérir la sphère du média de divertissement pour s’imposer comme une force industrielle et financière incroyablement puissante. À elle seule, l’industrie du « gaming » rapporte plus d’argent que celle de la musique et du cinéma réunies. Les jeux, en une trentaine d’années, sont devenus des produits de divertissements incontournables réunissant derrière une manette ou un clavier des millions d’individus, de tous les genres et de tous les âges. Cette croissance exponentielle est le fruit d’une recette inédite dans les sociétés humaines et de culture : remplacer le passif (lecture/peintures etc…) par de l’interactif. Le spectateur ne se contente plus de visionner, de constater les efforts d’un autre mis dans sa création, désormais, il est capable d’interagir avec cette création, en un sens, de la faire vivre. Cette innovation, inexorablement liée au progrès technique et numérique, permet à l’imaginaire de chacun d’aller encore plus loin qu’avec la littérature ou l’art en général, puisqu’elle permet d’exploiter un univers, façonné de toute pièce par un concepteur, puis de se l’approprier, en y faisant vivre sa propre aventure, sa propre manière de mener une mission, de faire une quête ou de suivre un périple. Dès lors, les limites du possible sont repoussées en permanence et l’avancée technologique de nos appareils ( consoles et ordinateurs ), confère au jeu une forme d’immortalité, en apportant la possibilité de façonner des univers gigantesques ou de modéliser du contenu aux graphismes toujours plus poussés et détaillés.
Les jeux-vidéos ont donc réussi à conquérir les salons et les chambres de centaines de milliers d’occidentaux et à s’imposer comme une force culturelle inédite. Dès lors, le jeu devient également un facteur d’influence et d’éducation, par le divertissement. Bien souvent, sont mises en scène, à travers d’innombrables production vidéo-ludiques, des histoires fantastiques, des péripéties héroïques ou encore, des aventures guerrières et militaires. Mais revenons à ce qui nous intéresse le plus : les histoires fondatrices de l’Europe.
Pour traiter de cet hommage que peut rendre le jeu-vidéo à notre ancienne mythologie, il conviendra de s’attarder sur quelques productions en particuliers, et notamment, des succès critiques et commerciaux. Je ne reviendrai pas sur l’excellent “The Witcher 3” qui aurait sa place ici mais a déjà était brillamment traité dans nos colonnes. Je commencerai par le chef d’oeuvre « God of War», une des plus grande saga que le jeu-vidéo ait pu connaitre et qui à magistralement incité l’auteur de ces lignes à écrire un tel article.
God of War, entre Zeus et Odin
Editée par Sony, développée par l’américain Santa Monica Studios, God of War est certainement la plus belle référence numérique à l’héritage mythologique européen. La saga, principalement portée par quatre épisodes, fait voyager les joueurs de l’Attique à la mer du Nord, de la Grèce de Zeus, à la Scandinavie d’Odin. Au delà de l’incroyable régal visuel que nous offre le génie artistique de Santa Monica, God of War permet enfin à tout un chacun de mettre une image sur les récits antiques, d’interagir avec ces environnements fondateurs qui ont bercé l’imaginaire de tant d’entre-nous. Et c’est comme ça qu’au fil des épisodes, vous gravirez le Mont-Olympe pour affronter Zeus, dieu de tous les dieux. Vous combattrez Hadès, dieu des enfers et des damnés, vous subirez les jeux manipulateurs d’Athéna, déesse de l’amour et de la chasse… Les trois premiers épisodes de God of War se déroulent donc en Grèce antique, voire archaïque, et ressassent avec brio les mythes et histoires fondatrices transmises et retransmises par écrit aux générations européennes. Et même si le jeu se permet quelques libertés avec la « réalité » des mythes, il leur offre un second souffle des plus surprenants, continuant alors à les faire vivre au sein de nos imaginaires. Le dernier opus, sorti en 2018 sur PS4, change du tout au tout pour offrir aux joueurs un incroyable voyage en terres nordiques. Le pari, assez risqué pour le studio tant le public était attaché à l’histoire grecque de Kratos, protagoniste que l’on incarne, est une pure réussite. L’ensoleillement et le prestige grec sont brillamment remplacés par l’épaisseur et la densité d’un paysage scandinave à couper le souffle, incroyablement animé par les développeurs du studio américain. Le panthéon change et en lieu et place de Zeus et ses sbires, vous aurez désormais à faire aux divinités scandinaves incarnées par Odin, Thor, Baldr et autres confrères et consœurs. Le scénario du jeu met en avant les nombreuses histoires de la mythologie germanique et figure comme une véritable encyclopédie imagée et interactive pour celui qui s’y intéresse. Les travaux de recherche effectués par les scénaristes et concepteurs sont probants et offrent à la production une substance tout à fait unique ! Si ni les dieux olympiens, ni les ogres danois ne vous effraient, foncez les yeux-fermés sur God of War et constatez de vous-même le brillantissime hommage que rend le jeu à notre héritage mythologique. Un pur régal.
Darksiders, la mythologie biblique
Il existe de nombreux autres jeux s’inspirant du vieil héritage culturel européen. Citons notamment la saga Darksiders qui, comme particularité, prend pour contexte la mythologie biblique. Ainsi, vous y incarnez pour chaque jeu un cavalier de l’apocalypse évoluant après que le monde humain ait été détruit, laissant la place à une guerre sacrée entre royaume des cieux et des enfers. Au fil de vos pérégrinations, vous truciderez anges comme démons et la direction artistique de la production vous donnera fortement envie de vous plonger dans l’Ancien Testament !
En conclusion, à l’heure ou l’identité européenne connait ses heures les plus sombres, ou sans cesse, l’intelligentsia des élites cherche à dissoudre ou détruire chaque bribe d’un passé millénaire qui était ancré au plus profond de nos mémoires, les jeux-vidéo peuvent se targuer d’être une forme de résistance. Nous ne devons jamais oublier qui nous sommes, et pour cela, nous devons nous rappeler de qui nous étions !