Cet article est une traduction de Is Coronavirus Increasing Organ Harvesting in China? de Ruth Ingram, publié sur Bitter Winter.
Ndlr de RAGE : à un moment où la crise du covid 19 secoue l’Europe, et que certains se pâment devant “l’efficacité chinoise” concernant sa gestion de la pandémie, il nous a paru pertinent de traduire un article isolant un événement particulier de cette crise en attendant de tirer des conclusions plus larges et définitives de la situation, et qui met en lumière les agissements des autorités chinoises dans leur ensemble. Sommes-nous prêts à connaître la même chose en Occident ?
Le PCC exige des applaudissements pour sa double transplantation pulmonaire sur une victime du coronavirus. Mais le fait que deux poumons correspondants aient été trouvés en quelques jours fait naître de nouveaux soupçons de prélèvement d’organes, au moment même où un tribunal de Londres va rendre son jugement définitif dans une affaire de trafic d’organe qui a pour toile de fond la Chine.
Le spectre du sinistre commerce illégal d’organes en Chine a de nouveau fait son apparition cette semaine (4 mars 2020) avec la publication du jugement définitif du Tribunal de Londres sur le prélèvement forcé d’organes en Chine.
Cela coïncidait en effet avec les gros titres de la plupart des journaux nationaux chinois, annonçant la première double transplantation pulmonaire dans le pays sur une victime du coronavirus. Le patient, qui, le 24 février, a eu son pronostic vital engagé à la suite d’une détérioration rapide de sa fonction pulmonaire, n’a dû attendre que cinq jours avant qu’un donneur parfaitement compatible, et «consentant» bien évidemment, en état de mort cérébrale puisse être trouvé, le tout à sept heures de train à grande vitesse pour Wuxi, où l’opération devait avoir lieu.
Ces reportages chinois, montés de toute pièce, sont une illustration opportune des soupçons et des conclusions tirés par Sir Geoffrey Nice QC et son équipe au cours de six mois d’enquêtes parsemés de témoignages sombres et de règlement de compte sanglants allant de décembre 2018 à mai 2019. Leur rapport complet fut rendu public le 1er mars 2020, dont une grande partie a déjà été largement couverte par Bitter Winter, faisant état d’un temps d’attente ahurissant de deux semaines pour la transplantation d’un foie ainsi que d’autres organes à la demande des patients étrangers désireux d’en payer le prix. Leurs craintes quant à l’origine et à la provenance des organes sont parfaitement illustrées puisqu’il n’a fallu que cinq heures sur le protocole du coronavirus réalisé à une vitesse vertigineuse, comprenant le diagnostic à l’intervention chirurgicale, chose saluée comme un succès par Xinhua, le porte-voix du PCC. Alors que dans le monde entier les délais d’attente pour un seul poumon d’un donneur approprié peuvent s’étaler sur des années, la Chine a montré cette semaine qu’il ne fallait que quelques jours pour que deux poumons parfaitement assortis soient transplantés.
Pour que le coup de propagande réussisse, les chirurgiens ont dû se jeter dans la fosse aux lions du coronavirus. Le chirurgien en chef, le Dr Chen Jingyu, a admis que «c’était un gros pari». Il a ajouté: «Nous ne savions pas s’il restait encore du virus dans les poumons du patient ou s’il était infectieux». Son ambition ultime pour l’avenir était d’offrir cette procédure à toutes les victimes du coronavirus dans des conditions critiques. “Pour leur donner de l’espoir”, a-t-il dit, sans mentionner comment les futurs poumons seraient approvisionnés à court terme.
Le rapport complet du tribunal contient quant à lui de nouvelles preuves choquantes selon lesquelles le président Jiang Zemin (1993-2003) lui-même a donné l’ordre de prélever des organes sur les pratiquants de Falun Gong, et que la complicité du gouvernement chinois est attestée à chaque stade du trafic.
Des contradictions importantes sont détaillées dans les conclusions du rapport, qui montrent une falsification à grande échelle des données officielles. Les cas de transplantation ont plus que doublé au cours des cinq dernières années, sans qu’il n’y ait de donneurs supplémentaires. Malgré l’annonce de Pékin en 2015 de ne pas continuer à s’approvisionner en organes auprès des condamnés à mort, il est prouvé que les catégories donateurs «volontaires» et «non volontaires» ont simplement été modifiées et que les prisonniers sont désormais tous classés comme «volontaires».
Le tribunal londonien les a décrites comme des classifications erronées, «contradictoires» et «invraisemblables» qui étaient «motivées» par d’importants paiements en espèces.
Jacob Lavee, l’un des meilleurs chirurgiens de transplantation cardiaque d’Israël, a été choqué d’apprendre qu’un de ses patients s’est rendu en Chine en 2005 pour un nouveau cœur qu’il avait commandé deux semaines à l’avance. Suite à cela, le chirurgien est devenu un militant de premier plan contre le commerce d’organes. Il ne fait aucun doute que la majorité des 712 hôpitaux de transplantation en Chine utilisent des organes provenant de sources issues de trafic, tels que des prisonniers détenus pour des motifs religieux.
Il a déclaré: “Les médecins chinois ne sont pas seulement impliqués dans des meurtres de masse et des crimes contre l’humanité, mais la communauté internationale et l’Organisation Mondiale de la Santé ont pour une raison ou une autre fermé les yeux sur ces crimes”.
La plupart des atrocités commises à ce jour ont été perpétrées contre des adeptes du Falun Gong, dont la «moisson sanglante» a été bien documentée par David Kilgour et David Matas, et par Ethan Gutmann dans son récit Le Massacre. Mais à la suite de l’arrestation et de l’emprisonnement de dizaines de milliers d’adhérents à “l’Église de Dieu Tout-Puissant” ainsi que du typage complet de l’ADN et des tissus d’environ 15 millions d’Ouïghours depuis 2017, il n’y a aucune raison de croire qu’ils ne deviennent pas les prochaines victimes du commerce des organes de la Chine. Déjà, le rapport du Tribunal détaille les éléments de preuves selon lesquels le gouvernement saoudien paie pour que ses citoyens se rendent en Chine où il existe un vivier d’organes «halal» disponibles sur demande.
Le président du Tribunal, l’éminent procureur chargé des crimes de guerre, Sir Geoffrey Nice, QC, a déclaré sans équivoque que des «actes de torture» ont été infligés à la population ouïghoure, dont «des centaines de milliers et peut-être des millions» sont emprisonnés en Chine.
À la suite du jugement sommaire rendu par le tribunal en juillet 2019, le rapport de jugement complet de 150 pages publié cette semaine réitère sa conclusion selon laquelle le programme d’État de prélèvement d’organes se poursuit. Selon le tribunal, il s’agit là d’une des «pires atrocités» commises au monde au cours de ce siècle.
Il a ajouté: « la conclusion montre que de nombreuses personnes sont mortes de façon hideuse sans raison, que davantage peuvent souffrir de la même manière à cause des dirigeants de l’une des plus anciennes civilisations connues de l’homme moderne que nous devrions être en mesure de respecter »
Les nouvelles qui nous viennent de Chine ne doivent pas nous impressionner, au contraire, elles doivent s’interpréter avec beaucoup de scepticisme. Des questions sérieuses, et non pas de l’adulation, devraient être posées, en particulier lorsqu’elles impliquent d’autres transplantations pulmonaires doubles à court terme.
Ndlr RAGE : Il est tout de même curieux de voir se répandre à la même vitesse que le virus qu’ils ont engendré une image toute puissante de la Chine. Tout d’abord, la Chine était au courant depuis novembre de l’épidémie et n’a rien trouvé de mieux à faire que de traquer et d’enfermer tous ceux qui entendaient donner l’alerte. Ensuite, le bilan des pertes chinoises est ridiculement bas : difficile de croire que le PCC, pourtant peu sourcilleux de la vie de ses concitoyens, ait mis son économie totalement à l’arrêt, jusqu’à la ville de Pékin en confinement total, pour quelques milliers de morts. C’est ridicule. En matière de confinement, celui-ci fut tout sauf une aventure sur canapé telle qu’on la connait en Occident: à Wuhan, des gens sont morts de faim, emmurés vivants. A Pékin, les opposants ont carrément disparu. Difficile de comprendre des gens qui remettent en cause la parole de leur propre gouvernement sous prétexte que Macron serait un “dictateur” alors qu’ils s’en remettent à des potentats orientaux qui veulent notre perte, bien que dans ces pays des gens meurent sans le moindre soin. Curieuse façon de lutter contre les inégalités.
Dommage que pour un sujet intéressant l’emphase dans le titre soit mise sur l’affirmation la plus provocante, à la marge du propos, non sourcée et dont la typographie grasse (dans le corp du texte) est absente de l’article d’origine.