En 2020, Manowar fêtera ses 40 ans d’existence. Après des centaines de concerts et 10 albums vendus à des millions d’exemplaires, les américains de Manowar continuent inlassablement de sillonner les routes du monde entier. Confortablement installé au panthéon des plus grands groupes de ces deux derniers siècles, Manowar distille un Heavy Metal élémentaire et grandiloquent couplé à une imagerie virile et guerrière. Formule faisant recette encore aujourd’hui auprès des fans de metal de toute la planète.
L’épopée Manowar débute en 1980 par la rencontre de Joey de Maio (bassiste chevronné, à l’époque technicien pyrotechnique de Black Sabbath) et Ross the Boss (Guitariste du groupe “Shakin’ Street”). Rapidement, ils se lient d’amitié et décident de concrétiser leur rêve commun : fonder le groupe de heavy metal le plus puissant de tous les temps ! Peu après, le chanteur charismatique, Eric Adams (encore membre du groupe aujourd’hui) et Donny Hamzik (Batterie), les rejoignent complétant ainsi le premier line up. Ils achèvent 2 ans plus tard leur tout premier album : Battle Hymns. En 1983, Joey de Maio et Ross the Boss signeront avec leur propre sang (true story) un premier contrat chez Liberty Records. Ce geste symbolique témoignant de la volonté et de l’engagement du groupe à l’égard de leur musique. Loin des gloires éphémères inhérentes à l’industrie musicale, Manowar a des ambitions et compte bien les concrétiser.
Battle Hymns
Ce premier album proposant une cover originale s’avère plutôt classique par son contenu, il s’inscrit dans la droite lignée des Judas Priest et autres Iron Maiden. Manowar décline un Heavy Metal largement éprouvé, une batterie énergique, un chant clair touchant souvent les aigus et des solos hyper techniques (enfin pas toujours). Malgré ce style “déjà vu” les 6 premiers titres méritent amplement leur qualification de “tube”. Les compositions sont efficaces, la production est propre et le chanteur, Eric Adams, incarne déjà parfaitement l’esprit du groupe. Côté lyrics, on reste dans les standards de l’époque, la volonté de puissance, les trucs de mecs (engins mécaniques, violence) et les filles. Orson Welles, lui-même, contribuera à l’album en prêtant sa voix narrative sur le titre Dark Avenger. Christopher Lee lui succédera en 2011 dans ce rôle dans une version remastérisée. L’avant dernier morceau, quant à lui, m’a toujours laissé perplexe avec cette reprise à la basse de “Gioachino Rossini” par l’excellent Joey de Maio.
Mais l’intérêt de ce premier album réside surtout dans le dernier titre. Il achèvera même celui-ci sur une note des plus prémonitoires. En effet, Battle Hymn se détache largement du reste de l’album dessinant précisément les contours de leur future identité musicale. Un virage décisif qui scellera le destin de Manowar. Le groupe nous emmènera désormais au cœur de batailles sanglantes, à la rencontre de guerriers pourfendant leurs ennemis de leurs lames scintillantes, aux côtés d’armées glorieuses au tragique destin, le tout illustré d’un chant presque martial et de riffs dévastateurs. Le vaisseau Manowar quittera ainsi le port de l’anonymat pour les océans tumultueux de la gloire.
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Tubes, nanar et muscles d’acier
Avec leurs 2ème et 3ème albums, Manowar peaufine et affirme son style, un style annoncé par Battle Hymn et confirmé à travers ces 2 nouveaux opus. Manowar explore ses thèmes les plus chers, la guerre de chevaliers, l’heroic fantasy, les mythes européens, l’esprit de liberté et de conquête : la gloire, l’acier et le sang. Cela dit, “Into the Glory” est bien en dessous du premier album. Les refrains manquent d’inspiration, et l’ensemble, un peu bancal, souffre de couplets bien trop mous… Bref, on s’emmerde un peu et les refrains galvanisants sont aux abonnés absents. Sans compter la cover qui tombe dans le nanar total ! Peau de bêtes synthétiques, épées en laiton, décor kitsch à souhait et poses ridicules :
Paradoxalement ces accoutrements contribueront aussi au succès et à la construction de la légende. Encore aujourd’hui, si vous assistez à une de leurs prestations, vous pourrez apprécier leurs tenues de scène tout cuir ! Du plus mauvais goût ou le comble du “true” je vous laisse seul juge ! Heureusement, l’excellent Hail to England viendra nous faire oublier cette “erreur” de parcours, mais, à mon sens, nécessaire afin de faire mûrir leur style. Fort d’un nouveau batteur (Scott Colombus) , Manowar fait exploser son potentiel et enregistre 7 titres absolument tubesques en seulement 6 jours. Un exploit pour l’époque. Côté pochette, exit la parodie de Conan le barbare, Manowar opte pour une cover qui horrifierait nos chers SJW. Une illustration de style “Comics” qui ferait pousser des burnes à n’importe quel hipster parisien. Femme aux cheveux blonds, largement dévêtue laissant visible sa poitrine généreuse, relayée au rang de chose fragile, protégée par un grand guerrier bodybuildé lui-même coiffé d’un casque ailé, épée sanglante à la main écrasant la tête de ses ennemis étendard au vent ! Tel le Phoenix, Manowar renaît de ses cendres, glorieux, complet, fascinant.
Sign of the hammer
Ce 4ème album est important pour plusieurs raisons. Même si le style Manowar est déjà bien en place et son succès grandissant, la formation américaine repoussera de nouveau les limites du Heavy Metal. L’album propose cette fois-ci un logo minimaliste (quelque peu connoté) rompant singulièrement avec le guerrier musculeux habituellement de rigueur. Durant cette 4ème tournée, Manowar se paye même le luxe d’exploser un record du monde : celui du groupe le plus puissant ! Sa performance musicale est mesurée à 129,5 décibels lors de son concert à Hanovre (Allemagne) en 1994. Le guinness book lui consacrera d’ailleurs un article. Ce record sera pulvérisé en 2008 au Magic Circle Festival avec 139 décibels mesurés au souncheck. En 2008 Manowar battra un autre record, celui du concert de Heavy Metal le plus long du monde. Au Kaliakra Rock Festival Manowar jouera 40 morceaux devant plus de 20 000 fans, pendant 5 heures et 10 minutes. Retraçant toute sa discographie à travers ses meilleurs titres.
Ils s’imposera également comme un vrai groupe de scène grâce à ses prestations impressionnantes et son frontman charismatique. Autre fait marquant, l’apparition du sign of the hammer. Signe de ralliement par excellence et exclusif du groupe, il sera par la suite largement repris lors des concerts par les fans de manière religieuse. Saisissez votre poignet droit avec votre main gauche au dessus de votre tête et voilà ! Vous êtes un Trve Manowarrior, un disciple du Heavy Metal !
Horreur
Augmentée
Sélection de textes de
Zero HP Lovecraft
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Les années grises
Entre 1987 et 1996 Manowar tente quelque chose avec Fighting the World. Aïe aïe aïe ! Quelle déception, à l’heure ou les groupes de Hard Rock déferlent sur les États-Unis, bien installé en Europe Manowar peine à se faire une place au pays de l’oncle Sam. C’est peut-être pour cela que Manowar tente ce très raté Fighting the World. Après un premier titre plutôt convainquant, l’album sombre tristement dans la médiocrité… On pourrait aisément qualifier Carry On de “parodie de Queen”, une pâle copie qui n’égalera jamais l’original. De toute façon, ce n’est pas ce qu’on leur demande ni ce que les fans attendent.
On se consolera avec le convenable Black, wind, fire and steel mais l’album restera relativement décevant dans son ensemble. Le problème de Manowar c’est qu’ils peuvent être aussi bons que mauvais. S’ensuivra le très appréciable Kings Of Metal en 1988 avec 8 titres dont certains deviendront emblématiques mais malgré tout assez inégaux. 1992 voit naître le fade “The Triumph of Steel” nous offrant néanmoins le sublime Master of the Wind. Une balade dont eux seuls ont le secret, niais à souhait mais tellement épique à la fois. Ce concept album débute par un morceau de 28 minutes. Oui oui. Inspiré de l’opéra jusqu’au titre évocateur Achilles, Agony and Ecstasy in Eight Parts, il est pour le coup incroyablement ennuyeux. On se demande bien comment un géant du genre peut réussir l’exploit de faire tantôt un sans faute et la fois d’après un crash complet…. Passons, les plus curieux pourront s’infliger ça s’ils le souhaitent.
Même tarif pour le terne “Louder than Hell” en 1996. Si tout n’est pas bon à prendre ici non plus, Manowar nous fera la grâce de quelques morceaux de qualité The Gods made heavy metal, number 1 donnant ainsi à leurs fans leur dose de “Dying for heavy metal”. De quoi patienter avant la renaissance… Entre compilation The Hell Of Steel et album live Hell on Wheels, Hell On Stage le groupe s’essouffle et peine à retrouver sa fougue d’antan. À leur décharge, les années 90 sont une période ingrate pour le genre metal dans son ensemble. Rares sont les groupes qui ont su tirer leur épingle du jeu durant cette décennie inondée par le rap, la techno et l’eurodance. Malgré cette “traversée du désert” Manowar influencera largement le monde du metal. Il peut s’enorgueillir d’avoir inspiré des groupes comme Bathory qui leur doivent notamment l’exploration d’un nouveau sous-genre : Le viking metal. Brèche dans laquelle s’engouffreront d’ailleurs bon nombre de nouveaux groupes.
Warriors Of The World
Il faudra attendre 2002 pour que la machine à tube se remette en marche. Manowar revient et revient fort ! Avec toute la puissance qu’on lui connait. Call to Arms, Swords in the wind et le monstrueux Warriors of the World sont une déferlante de titres cultes. Un album riche et travaillé, des refrains entraînants et des récits épiques. Même chose pour Gods of War, qui nous livrera son lot de bonnes surprises : Kings of Kings, Sleipnir, Sons of Odin, etc… Malgré de grosses erreurs sur les légendes nordiques (dommage pour un album basé dessus) le fan service est assuré. Manowar est vivant !
Manowar à tout jamais
Il est peu de dire que Manowar aura marqué son époque, et malgré quelques écueils de parcours, le groupe aura su conquérir et fidéliser son public. Les mauvaises langues vous diront que les claviers sont trop kitsch, les thèmes trop répétitifs ou les parties narratives trop barbantes. C’est qu’ils n’ont pas saisi l’essence de ce qu’est Manowar. D’ailleurs les thèmes abordés deviendront si récurrents au fil de leur discographie que certains finiront par troller cette habitude en créant un générateur automatique de paroles de Manowar : “Manowar Lyrics Generator” www.powermetalsong.com.
FEEL YOUR HAMMER
Attack our screaming battle
Kill all the master with fire
Behold master and victorious kings
Ride their fire
The gods behold my blood
Attack my sword with hammer
Feel your hammer
The gods kill power
Feel your hammer
Burn warrior
Kill your heavy master
We fight the warrior
Behold wind
Ride the master against the fierce enemies
Feel your hammer
Feel your hammer
Feel your hammer
Feel your hammer
Obscure
Accélération
Ebook d’une traduction de textes
de Nick Land, offert à nos tipeurs
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Pas mal non ? On croirait du vrai. Si vous vous attendez à un groupe conventionnel et une structure d’albums bien convenue avec son lot de 10 morceaux enchaînés vous risquez d’être déçus. Effectivement, les parties narratives et les interludes au clavier midis risquent d’être rédhibitoires pour certains. Voyez plutôt leurs albums comme un film d’heroic fantasy dont chaque chanson représente une scène clé. Manowar se vit comme un voyage au cœur d’un continent oublié où règnent chevalerie et sorcellerie. Les légendes européennes sont largement explorées célébrant avec brio notre patrimoine mythologique et traditionnel. C’est cette recette si particulière qui fera tout le charme et le succès de Manowar. Si vous avez l’occasion de les voir en live je vous invite à emmener votre étendard. Brandir son drapeau au milieu d’une forêt de bannières du monde entier est un privilège rare qui mérite d’être vécu, surtout dans une fosse à metalheads, sur Kings of Metal ! Les américains laisseront derrière eux une quantité non négligeable de hits du Heavy metal, des records inégalés et une armée de fans, faisant de fait, le groupe le plus puissant de tous les temps.
Other bands play, Manowar kills !
Merci pour cet article. Décidément, à chaque fois que je viens sur ce site, je trouve des posts qui me parlent. Bravo
Manowar, avec ses thèmes issus des mythologies européennes, a influencé énormément de groupes de Métal – même si ceux-ci n’ont pas toujours l’honnêteté de l’admettre. Alors certes, certains albums ne sont pas à la hauteur (comme Gods of War – je suis en désaccord avec l’auteur), les textes parfois répétitifs, mais Manowar demeure un groupe honnête dans sa démarche, qui a développé un lien unique avec ses fans. Les valeurs qu’ils prônent (honneur, courage, virilité…) tranchent aussi avec le politiquement correct ambiant. Merci à l’auteur pour cet article.