Captain Fantastic : Un libertarien survivaliste non conforme

Captain Fantastic de Matt Ross, sorti en 2016 met en image une famille aux allures de tribu, menée par un père interprété par le charmant nordique Viggo Mortensen accompagné de sa progéniture ; troupe de têtes toutes aussi blondes. Le père impose à son petit clan un entraînement survivaliste exigeant, mené par l’adage « un esprit sain dans un corps sain » composé d’exercices physiques intensifs fait d’endurance, de parcours du combattant dans la forêt et d’une formation intellectuelle de haute qualité (pour ne pas dire élitiste) directement prescrite par lui. Cette rude éducation s’accompagne de réflexions et de postures idéologiques un peu ambigües, Chomsky-Proudhonien, Libertariens-néo-hippies, bobos-survivalistes, à l’éthique mi païenne mi-spinozienne, à l’exigence de droite mais aux références explicites parfois de gauche. Faisant ainsi tout le charme du film et du personnage : radical, exigeant, élitiste à l’extrême, en un mot : non-conforme.

On ne plaisante pas avec l’exercice matinal

Soudainement, ce clan spartiate élevé à l’écart, loin de la médiocrité ambiante, va se retrouver confronté au reste de la société – la nôtre – qui nous apparaît alors vulgaire et terriblement confuse, malsaine, hébétée, abrutie, pouvant même s’apparenter au dysgénisme de masse d’Idiocraty.

Les enfants de Viggo Mortensen, semblent bien évidemment en décalage, à part, comme peut l’être n’importe quel Haut Potentiel parmi le bas peuple. Pourtant, bien que totalement inadaptés et perdus en dehors des rites du clan familial, ils nous paraissent extrêmement sains en comparaison.

Le clan familial

Ce qui frappe dans ce film, c’est que sans les quelques références gauchisantes ou exotiques (Noam Chomsky, le bouddhisme, etc.), ni même les habits dégantés néo-hippies ; l’éducation holiste reçue par ses enfants ressemblerait presque à l’idéal – exigeant, trop exigeant? – d’une famille panthéo-païenne tendance Volkisch radicale version survivaliste des années 2010. Incluant l’idéal de l’homme antique complet (on y apprend aussi la musique) capable de développer sa créativité individuelle, son sens critique, aux aspirations pédagogiques de type Montessori (qui a un temps intéressée Mussolini et le fascisme, à la recherche d’un Homme Nouveau).

Des petites têtes blondes (et rousses) studieuses

La position du père est si atypique, qu’on pourrait presque avoir envie d’y voir un personnage incarnant l’idéal d’une éducation de droite non conservatrice ; libértaro-nietzschénne, brisant tout les conformismes qu’ils soient de Droite ou de Gauche. D’ailleurs, l’accueil de la presse, perplexe et étonnée devant un tel OVNI, a entendu de ses oreilles hallucinées Mortensen lui-même déclarer que Captain Fantastic “n’est pas un film de gauche”.

L’écologie, au sens dégradée, abusif et boboïsant du terme y est totalement absente. On ne peut cataloguer le personnage dans la voie du « hippisme » ou du « Larzac », ne serait-ce que par le nombre d’enfants que possède cette famille très peu « décliniste démographique ». L’emprunte carbone hautement multipliée d’une famille nombreuse de petits blonds surdoués n’est pas au centre des préoccupations du personnage joué par Mortensen ; aucune place non plus pour les modes comme celle du végétarisme et pas non plus de refrain anti-chasse et antispéciste. Les enfants chassent d’ailleurs eux-mêmes le gibier sous le regard bienveillant du père, prenant grand soin d’exécuter ce rituel du passage à l’âge adulte qu’est la chasse. On n’est pas non plus anti-armes, puisque les enfants apprennent l’auto-défense et reçoivent un couteau comme cadeau d’anniversaire. Inutile de préciser que niveau métissage, il n’y en a pas la moindre trace dans ce film. On est presque surpris et saisi de voir une famille traditionnelle, père, mère et enfants, jouissant d’une telle harmonie devenue « clichée ».

Plus survivalistes que hippies

On pourrait même trouver que le film joue habilement sur l’ambivalence anti-chrétienne également répartie dans plusieurs scènes du film (par ex : celle du Chrétien évangéliste présenté comme quasi-débile, borné, qui tente de convertir la famille en entrant dans le bus ; la scène de l’enterrement de la mère, bien entendu, cérémonie de l’église considérée trop triste pour la famille).

Mais si l’institution religieuse chrétienne est critiquée, c’est sous l’angle nietzschéen, (comme anti-valeur : pacifisme, conformisme, niaiseries, mortification, culte de la souffrance,…), la famille de Mortensen propose d’embrasser une religion solaire, de la joie, païenne, panthéiste.

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Un spectateur « de base », sans formation philosophique, pourrait naïvement y voir là une simple critique du conservatisme (et, en un sens, il n’aurait pas tort). Certes, la religion solaire, de la joie, a les habits du bouddhisme, mais on croirait, à la fin du film, assister plus encore à une scène rituelle païenne. Notamment par les traits de l’une des jeunes filles en tenue traditionnelle quasi ukrainiennes ou slaves, couronnes de fleurs colorées sur la tête.

Bref, tous les signaux de ce film se veulent libertariens, non conformes, élitistes, vitalistes. On y vante, sans en avoir l’air, un eugénisme décomplexé. Non seulement les enfants sont plus sains et plus beaux, mais ils sont objectivement supérieurs : moralement, éthiquement, intellectuellement et physiquement… On est pris de malaise devant les obèses de la société dite « normale », de l’esprit zombifié et confus des deux enfants dits « normaux », arborant des t-shirts gangsta-rap, passant leur temps devant leurs jeux vidéos et manifestement terriblement confus sur tous les concepts d’ordre philosophiques, politiques et sociaux les plus élémentaires. (Cf : La scène à propos de la constitution américaine – les enfants de Mortensen la connaissent par cœur).

Cette éducation exigeante, loin de l’éducation publique, machine à laver les cerveaux et à niveler par le bas ; cette organisation familiale clanique, survivaliste, gonflée de cette volonté à tendre un maximum vers l’indépendance et l’autonomie de la communauté ; ce fond de conception libertarienne ; cette religion « new age » aux allures païennes ; cet esprit non conformiste mais vertical… sont autant de recommandations et d’invitations à voir et revoir ce merveilleux et surprenant film, qui pourrait déjà devenir culte, une référence esthétique, une attitude libertaire critique des modèles de société dominants et médiocres, comme le fut « Fight Club » en son temps.

Bref, une RAGE canalisée et structurée à la recherche d’un Homme Libre et autonome. Vive Captain Fantastic !

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